Egalité et Réconciliation
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Guillon n’est pas drôle mais Val l’est encore moins

Le départ de Stéphane Guillon annoncé à la fois par l’intéressé et par Jean-Luc Hees n’émeut pas le blogueur David Desgouilles. Qui trouve nettement plus amusant le fait que ce débarquement soit le fait de Philippe Val, ex-humoriste.

J’ai pris connaissance de l’entretien accordé par Jean-Luc Hees au Monde.fr, entretien au cours duquel il annonce le débarquement de Stéphane Guillon de la tranche matinale de France Inter. J’avais ici-même défendu, au plus fort du « Moment Zemmour », le fait que Guillon devait être protégé par la même liberté d’expression notamment vis-à-vis du monde politique, et cela même si je le considérais comme un faux-clown et un vrai éditorialiste dont je n’appréciais pas le message dans la majorité des chroniques.

Mais Guillon avait décidé d’en finir et il a commencé alors à s’en prendre, non plus aux fameux « puissants », mais à ceux qui dirigent la station. Alors que les indiscrétions sur le fait que le Président de la République pouvait s’émouvoir de ses papiers l’avaient, de fait, « sanctuarisé », il a décidé d’en finir en attaquant voire en insultant systématiquement ses patrons, tel un Anelka moyen, sauf que Guillon est beaucoup mieux doté en machiavélisme. Et, encore une fois, il a obtenu gain de cause, sa récompense : il va pouvoir claironner partout qu’il est une victime, un martyr. Pour le coup, il fera rire même si cela relève plutôt, dans le cas d’espèce, du comique involontaire.

Mais ce qui fait aussi doucement rigoler, c’est la manière dont Hees soutient Val face aux attaques des « petits tyrans ». Car si « Guillon l’humoriste » constitue une imposture, « Val, le directeur d’antenne outragé », c’est quoi ? Philippe Val me fait penser à Marc Dorcel, le pape du porno, qui souhaiterait faire des leçons de morale à Zahia D. Avec un prof comme ça, comment voulez vous que les élèves se tiennent ? Bonjour la crédibilité. Lorsque Porte a fait son sketch, qu’il reconnaît lui-même comme loupé, où il faisait dire des grossièretés à Villepin, qui n’a pas vu alors, sur la toile, ce fameux dessin où Val et son compère Font faisaient subir quelque outrage au ministre Léotard, dessin qui faisait la promotion de leur spectacle ? Pas étonnant, pour demeurer dans la métaphore scolaire, que le dessin circule dans la classe et que tout le monde rie au nez de l’enseignant Val lorsqu’il commence à parler de dignité, de morale et tout le toutim (1).

Mais il a pu changer depuis Charlie Hebdo et ses spectacles avec Font, pourra t-on rétorquer. Possible. Pas sûr que ce soit en bien, d’ailleurs. Il n’y a rien de pire que ces anciens fumeurs, encore plus intolérants envers ceux qui le demeurent que ceux qui n’ont jamais touché à la cigarette ; rien de plus insupportable que ces alcooliques repentis qui veulent interdire le pinard à tout le monde ; rien de plus dangereux que ces anciens gauchistes, maoïstes ou trotskistes, devenus apôtres du néolibéralisme le plus échevelé.

Le départ de Guillon ne nous chagrine pas. En revanche ce qui nous peine, c’est que celui qui a été nommé directeur de France Inter, parce qu’il y avait quelqu’un qui lui avait dit, dirige aujourd’hui cette station de service public et y impose sa patte bobo. On reste à gauche sur le plan sociétal. Mais pour pouvoir demeurer europhile et « Mainstream », on adopte la vulgate néolibérale (2). Finalement, pour écouter ce caté à la mode, on préfère Jean-Marc Sylvestre ou même Jean-Michel Aphatie. Bien moins énervant que venant de l’ancien dirlo de Charlie.

(1) De même, lorsque les journalistes de France Inter évoqueront désormais quelque conflit d’intérêt dans le monde politique, on ne pourra s’empêcher de penser au rédacteur en chef de la matinale, Monsieur Dély, qui fit, rappelons-le, un éditorial au vitriol contre Eric Zemmour qui officie sur la station d’en face, en guise de dernier papier pour son employeur précédent.

(2) Exit, donc, Porte -sans jeu de mot. Quoique-, qui avoue un peu trop fort son admiration pour Mélenchon, et qui fait les frais avec Guillon, plus médiocre, du nettoyage de la matinale.