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"Interdit de vendre aux juifs" : la persistance de clauses antisémites dans une ville québecoise

Interdit de vendre ou de louer aux « personnes de race juive ». Une condition permanente de vente imposée dans les années 50 et 60 hante toujours des centaines de maisons d’un quartier de Saint-Jean-sur-Richelieu, où l’interdiction survit sur papier.

 

La mémoire de l’agriculteur antisémite à l’origine de cette idée est d’ailleurs célébrée par un nom de rue et un nom de parc dans la municipalité.

Selon une organisation de la communauté juive canadienne, il ne s’agirait pas d’un cas isolé, maints regroupements de résidents et municipalités ayant tenté d’éloigner les juifs au fil des décennies.

Le moyen trouvé par le pomiculteur Alphonse Waegener, alors qu’il divisait sa terre agricole en lots à construire il y a une soixantaine d’années : inscrire en toutes lettres une interdiction de « louer ou de disposer » du terrain « en faveur de personnes de race juive » dans les documents notariés.

En tout, quelque 350 maisons seraient concernées par ces « servitudes », le terme juridique utilisé pour une obligation liée à un terrain (un droit de passage, par exemple).

« Ces servitudes sont toujours actives et produisent encore des effets juridiques », estime la Cour supérieure dans une décision récente où elle se penchait sur la demande d’un propriétaire qui voulait la faire annuler. Elles « suivent encore ces immeubles » et « ont été tolérées jusqu’à ce jour ». Puisqu’elle est discriminatoire, elle est toutefois complètement illégale, et la juge Claude Dallaire a ordonné qu’elle soit rayée dans le cas du propriétaire en question.

 

« Ça nous a surpris »

C’est en fouillant dans l’historique des ventes du terrain de Carl Nadeau que son notaire, Me Carl Goulet, a réalisé que cette vieille servitude avait survécu au passage du temps.

« C’est gros », a dit M. Goulet en entrevue téléphonique, en expliquant l’ampleur du phénomène dans ce quartier de Saint-Jean-sur-Richelieu. « M. Waegener était propriétaire de tous ces terrains. »

Dans la rue qui porte le nom de M. Waegener, de nombreux propriétaires étaient au courant de cette disposition toujours existante.

« Notre notaire nous l’a dit quand on a acheté la maison il y a trois ans. C’est encore dans les papiers », a affirmé Nadine Mercier, rencontrée chez elle.

« C’est sûr que ça nous a surpris, notre notaire nous a dit qu’on ne respectait plus ça, mais c’est quand même surprenant que ça ait perduré toutes ces années. » (Nadine Mercier)

À quelques maisons de là, chez Jean Patenaude, on le savait aussi. « Je me souviens qu’il y avait ça, cette clause-là, a-t-il dit. Je ne sais pas ce que ce monsieur avait contre les personnes de confession juive… »

Me Goulet et son client Carl Nadeau ont fait paraître un avis légal dans le journal local, l’été dernier, pour avertir tout le quartier qu’ils tenteraient de faire annuler des servitudes inscrites dans des centaines de contrats de vente : ils se concentraient surtout sur des servitudes plus techniques concernant des limites de construction, mais celle interdisant de vendre ou de louer à des Juifs en faisaient aussi partie.

Cette dernière choque « la conscience à un point tel » qu’elle doit être annulée, a écrit la juge Dallaire en décembre. « Les valeurs qu’elle cherchait à protéger sont bel et bien déclassées. » Elle survit tout de même pour les autres terrains.

 

Clauses « assez répandues »

Le fils d’Alphonse Waegener, Louis Waegener, a 99 ans et réside toujours à Saint-Jean-sur-Richelieu. « Mon père s’adonnait avec tout le monde, mais vous voyez, les juifs, ils deviennent maîtres un peu dans tout. C’est ça qu’il n’aimait pas, a-t-il expliqué à La Presse au téléphone. Il avait des amis juifs. Il ne voulait pas qu’il y ait de trouble avec les Canadiens. »

Il avait acheté la terre pour la diviser. Louis Waegener l’a aussi exploitée un certain temps pour y faire pousser des fleurs destinées aux fleuristes.

Son père est mort à la fin des années 80, mais sa mémoire survit encore dans le nom de la rue Waegener et d’un parc du même nom situé au bout de celle-ci, au bord de l’eau.

La Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu n’a pas commenté le dossier.

« Le fait est que ce genre de clauses était assez répandu en Amérique du Nord à cette époque. L’idée était d’exclure de quartiers des juifs ou des noirs », a dit David Ouellette, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), importante organisation de la communauté. « Un groupe de propriétaires de maison dans une localité donnée s’entendait pour ajouter ce genre de clause discriminatoire. Il doit en rester » ailleurs, a-t-il dit.

La Chambre des notaires a indiqué que, « sans vérifications approfondies », elle n’avait pas connaissance d’autres problèmes du même titre dans la province.

Quant à la mémoire du nom d’Alphonse Waegener, CIJA s’en remet à l’hôtel de ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. « Les communautés juives, y compris la communauté juive québécoise, s’inquiètent plutôt de la recrudescence de l’antisémitisme aujourd’hui », a dit M. Ouellette.

 

Le Canada a encore du chemin à faire, mais est sur la bonne voie, sur E&R :

 






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33 Commentaires

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  • Oulah, j’espère qu’ils n’ont pas de tours jumelles dans ce village... Il va leur arriver des bricoles.

     

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  • #2366046
    Le 17 janvier 2020 à 07:19 par Rondelles, croix gammé-e-s & bruit de bottes
    "Interdit de vendre aux juifs" : la persistance de clauses antisémites dans (...)

    Aïe aïe aïe les z’heures les plus sombres de l’ histoire canadienne
    Heureusement Justin Troud’uc est là,pour donner des gages

     

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  • J’ai vécu 18 ans au Canada. Je viens seulement de comprendre que "ouelette" est un patronyme juif. Cela ne me surprend pas, puisqu’il est emprunté à "ouelet", le diminutif de "ouelle", une rivière de la rive sud du Saint Laurent, entre Québec et Rimouski. "Oulette" dérive de la prononciation du "t" final, chose normale en français moyen, de "oulet", qui signifie "petite ouelle". La communauté juive francophone du Québec serait donc beaucoup plus importante qu’il n’y paraît. Une partie des "dion" serait de religion juive ...

     

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  • Ce bon monsieur voulait sûrement vendre à des gens qui travaillent la terre ou qui s’installent durablement et non pas à des spéculateurs apatrides cherchant la bonne affaire à travers la planète.

     

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  • #2366156

    L’Algérie aussi est sur la bonne voie.

    La priorité du nouveau président est de faire passer une loi contre le "discours de la haine" sur le web.

    Et ils sont bien encadrés. Ca se voit dans le nouveau genre de communication qu’ils utilisent. Ils présentent toujours leurs magouilles pour le bien du peuple. Exemple : les blogs ne se sentent pas en sécurité. Dorénavant, grâce à l’octroi généreux d’un agrément, ils seront en sécurité. Sous-entendu, que le premier qui moufte, on lui retire son agrément et on lui bloque son IP...

     

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  • Occasion pour rappeler aux français encore bulbés et encore courageux que c’est bien du côté de la "belle province" (le Québec) qu’existe le vrai "village gaulois" résistant. Ce sont les québecois qui se battent pour défendre la langue française pendant que les français d’ici adoptent le globish en se gargarisant quotidiennement avec des termes anglais incrustés dans le langage courant sans en comprendre d’ailleurs le sens originel anglais. Ce sont les Qébécois qui montent au créneau pour défendre leur timbre-poste territorial face au bulldozer américain, véritable machine à fabriquer du crétin en chaîne. Ce sont les Québécois qui se battent pour conserver un maximum de rédactionnel en bon français pendant que toutes les affiches de pub en France accrochent des titres en anglais avec renvoi d’astérisque (!) en bas d’affiche pour la traduction française !!!! L’indice parfait d’une colonisation acceptée par le plus grand nombre comme autant de collabos.
    Car en terre de France, le collabo ordinaire se porte bien...

     

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    • À t’entendre le Quebec serait un Eldorado peuplé de mâles couillus... le courage n’est pas une valeur nationale au Québec, une majorité de moutons composent son territoire ! Toutes les mauvaises valeurs du mondialisme totalitaire sont admises et enseignées à tous les niveaux dans cette société permissive. Arrêtez de vous gargariser avec le mythe du "cousin vaillant et courageux" et remettez ce peuple de consommateurs soumis à sa place. Merci.

       
    • @ Alphonse XIV

      Donc pour vous il n’y a pas de juste milieu possible ? C’est du très couillu ou du très soumis ? Du haut de votre trône, vous devriez savoir que la réalité n’est jamais aussi manichéenne.

       
  • Lorsqu’en France toute opinion devra passer par le filtre d’une communauté éclairé, et bien ce sera le tour du Québec d’y passer.

     

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    • Lorsque l’Église avec Vatican II fit passer toutes les opinions de ses religieux en Italie et jusqu’au Québec par le filtre d’une avant-garde républicaine éclairée (le B’nai B’rith) bien ... le Québec déserta d’instinct et sans trop savoir pourquoi cette religion dans une proportion de 80% à moins de 20% en trois ans (1964-67) pour passer non même pas au laïcisme mais au new age hindouisant alors en vogue un peu partout dans le monde anglo-saxon. Bien lorsque toute la francophonie, avec la France macronienne en tant que première de cordée, devra soumettre toutes ses opinions au filtre d’une communauté d’avant-garde républicaine éclairée (le CRIF) bien, le Québécois désertera d’instinct la francophonie, sans trop se poser de questions, mû par un intinct de survie, dans une proportion qui passera de 80% à moins de 20%, pour adopter la langue anglo-américaine du Midwest où d’ailleurs on émigré très tôt trois descendants de colons français originaux sur quatre pendant l’expansion vers l’Ouest des USA. En abandonnant le catholicisme le Québec sembla passer du traditionalisme extrême à l’extrême-gauche toute, et cette fois-ci en abandonnant le français, le Québec passera de son gauchisme attardé actuel qui ne lui vaut que des défaites à une extrême-droite qui n’aura pas peur de se référer à la race blanche.

       
  • Si Mr Ouellette présentait sa candidature aux élections présidentielles françaises, il serait élu jusqu’à la fin de ses jours.

     

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  • Apparus au Japon, les hôtels capsules proposent de dormir dans une boîte de 1,45 mètre de haut. Le concept se démocratise en Europe.

     

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