Le ministère israélien des Affaires étrangères propose de renverser le président palestinien Mahmoud Abbas en cas de succès de la demande d’élévation du statut de la Palestine à l’ONU à la fin du mois, selon un document d’orientation politique obtenu mercredi par l’AFP.
Renverser le régime d’Abou Mazen (Mahmoud Abbas, NDLR) serait la seule option dans ce cas, affirme ce projet de document qui doit être entériné par le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman avant d’être soumis au gouvernement.
Toute autre option (...) signifierait lever le drapeau blanc et reconnaître l’échec des dirigeants israéliens à relever ce défi, juge la note diplomatique en considérant que l’obtention d’un statut d’Etat par les Palestiniens à l’ONU reviendrait à franchir une ligne rouge.
S’il ne parvient pas à entraver diplomatiquement l’initiative unilatérale palestinienne, poursuit la note, Israël doit faire payer un prix élevé à Abou Mazen, en incluant l’option de renverser son régime et démanteler l’Autorité palestinienne.
Ce n’est pas la première fois que M. Lieberman, chef d’un parti ultranationaliste et allié électoral du Premier ministre Benjamin Netanyahu, agite des menaces très dures contre le président de l’Autorité palestinienne.
Il avait déjà prévenu le 24 octobre, lors d’une rencontre avec la chef de la diplomatie de l’Union européenne Catherine Ashton, que si les Palestiniens persistaient dans ce projet, (il) ferait en sorte que l’Autorité palestinienne s’effondre, selon les médias israéliens.
Le document diplomatique estime aussi qu’au cas où les Palestiniens renonceraient à leur démarche à l’ONU, Israël devrait conclure un accord avec l’Autorité palestinienne sur un Etat palestinien dans des frontières provisoires, une offre déjà jugée irrecevable par les Palestiniens.
Un haut responsable israélien a indiqué à l’AFP que l’Etat hébreu envisageait également d’annuler tout ou partie des accords de paix d’Oslo de 1993.
La démarche des Palestiniens à l’ONU marque une rupture tellement fondamentale avec les accords d’Oslo qu’elle les annule. Et s’ils sont annulés, nous n’avons plus d’engagement envers ces accords non plus, a indiqué ce responsable sous couvert de l’anonymat.
Les accords d’Oslo disent spécifiquement que tout désaccord devra être réglé par le biais de négociations directes, et pas en sollicitant une troisième partie, a-t-il ajouté.
Le président Abbas a annoncé lundi soir que la demande de rehaussement du statut palestinien serait présentée le 29 novembre à l’Assemblée générale de l’ONU, où elle semble assurée de la majorité simple requise.
Les responsables palestiniens ont affirmé être prêts à faire face aux retombées de la démarche à l’ONU.
Le négociateur Mohammad Chtayyeh a indiqué lundi s’attendre à ce que les mesures de rétorsion, notamment financières, dont menace Israël n’aillent pas au-delà de la question de la construction de colonies nouvelles.
La plupart des mesures annoncées seront des menaces en l’air parce qu’Israël a intérêt à maintenir l’Autorité palestinienne en l’état et les Israéliens ne sont pas en position de la pousser à l’effondrement total, a-t-il estimé, rappelant que la Ligue arabe avait promis à l’Autorité un filet de sécurité pour faire face à d’éventuelles sanctions financières.
Un autre négociateur palestinien, Saëb Erakat, a précisé lundi que la direction palestinienne tentait d’activer la décision relative au filet de sécurité de 100 millions de dollars (79 millions d’euros) au cas où Israël bloquerait nos fonds et où les Etats-Unis fermeraient le bureau de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et cesseraient leur aide.