Egalité et Réconciliation
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Jérôme, mort au travail

La famille d’un facteur se bat pour la reconnaissance de son décès en accident de service.

Jérôme Mandina, facteur dans le 10e arrondissement de Marseille, était un homme en pleine forme et en bonne santé, 37,5 ans de bons et loyaux services à La Poste, un amoureux de son métier de facteur, jamais malade toujours fidèle à son poste. A 57 ans et à trois ans de la retraite, Jérôme Mandina est « mort au travail ». Le 3 mars dernier, il a fait un malaise pendant sa tournée, le visage fracassé par sa chute, les pompiers le laisseront partir, après qu’il ait recouvré ses esprits, avec son épouse qui est infirmière et ses deux enfants, aux urgences de l’hôpital Sainte-Marguerite, le lieu le plus proche de l’incident. « Une heure après notre arrivée aux urgences, mon mari était mort. On m’a dit qu’il avait fait un infarctus massif », témoigne Béatrice Mandina, encore sous le coup de l’émotion. La professionnelle qu’elle est connaît les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires : le tabagisme, le diabète, l’obésité, l’hypercholestérolémie, la sédentarité « et le stress », tient-elle à rajouter, car « mon mari ne souffrait d’aucun des cinq premiers maux ».

Jérôme Mandina avait confié à sa femme qu’il s’était un peu énervé suite à une dispute au travail, le matin même, « et 2 heures après, poursuit Béatrice, il décédait ». « On devait célébrer nos 33 ans de mariage en Tunisie, le 18 juin. Pendant toutes ces années, je ne l’ai jamais entendu se plaindre, sauf depuis 2 ans. Il évoquait la surcharge de travail, le rallongement de sa tournée, la suppression des quartiers. Il disait qu’il n’en pouvait plus à ce rythme-là et qu’il allait s’arrêter. » A tel point que même s’il lui manquait des années de cotisations pour avoir droit à la retraite, Jérôme Mandina était prêt à sacrifier son pouvoir d’achat afin de pouvoir partir. « C’était une semaine avant son décès, il me disait qu’il ne se sentait pas de trier, en plus de sa tournée, les plis électoraux, qu’il allait essayer de se faire remplacer et, ce matin-là, le ton est monté, la dispute a éclaté, mon mari mourait 2 heures après. »

La commission de réforme, réunie le 10 juin dernier, autour de deux représentants de La Poste, deux médecins agréés par ses soins et deux représentants CGT et SUD, a reconnu le décès comme « accident de service ». Cette commission a imputé « au service le malaise » du facteur « ainsi que les conséquences qui en ont découlé en milieu hospitalier », rappelle dans un courrier la direction départementale du courrier. Toutefois, La Poste n’a pas accordé à Jérôme « le bénéfice du régime des accidents ». Béatrice Mandina a tenu à être présente ce jour-là, dossier médical à l’appui, pour témoigner de ce qui s’était passé trois mois en arrière. Satisfaite de la décision de cette instance, elle a été bouleversée et sonnée d’apprendre par courrier, qu’à ce titre, aucune indemnité ne lui serait versée. « Mes enfants ont perdu leur père, moi mon mari, de quel droit La Poste conteste-t-elle la décision de médecins ? Qu’elle me prouve que ça n’était pas un accident de travail. Qu’attend-elle pour réagir, d’autres décès ? » Colère et souffrance s’entremêlent chez cette femme et sa fille Virginie (26 ans) déterminées à défendre leur mari et père en recourant contre cette décision devant le tribunal.