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Kosovo ou Irak, les responsables des crimes sont intouchables

Voici un communiqué qui vient de parvenir du Proche-Orient : les autorités municipales de Bagdad exigent des Etats-Unis une indemnisation à hauteur d’un milliard de dollars et des excuses pour les dommages causés à la ville lors de l’invasion de la capitale par l’armée américaine au printemps 2003. Ce n’est pas une plaisanterie. Ce message existe bel et bien. Il a y un commentaire du porte-parole des autorités municipales Hakim Abdoul Zahra qui a expliqué que les puissantes ondes de choc causées par les explosions ont endommagé le système de canalisations, d’approvisionnement en eau, et ont détruit les magnifiques parcs et les trottoirs.

Qu’en sera-t-il de cette démarche des Irakiens ? Pour l’instant il semble qu’elle n’aura pas de suite si l’on se réfère à ce qui est arrivé au sein de l’ONU la veille, dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais on y parlait d’une autre guerre, la guerre en ex-Yougoslavie.

Le veto était inévitable

On imagine aisément la gêne des Américains en imposant leur veto à la proposition de la Serbie de créer une commission internationale d’enquête sur "l’affaire des bouchers du Kosovo." Il s’agit des accusations portées contre les autorités actuelles du Kosovo, non reconnu, en matière de trafic d’organes humains.

D’autre part, la diplomatie américaine n’en est pas à son coup d’essai. Combien de fois le veto américain a protégé Israël de la colère justifiée des arabes, quelles que soit les actions d’Israël ? Bien que parfois il ait été malaisé de le faire. D’ailleurs, maintenant le pouvoir dans certains pays arabes est parfaitement susceptible de se retrouver entre les mains de régimes foncièrement différents qui risquent de se mettre à évoquer ce soutien d’Israël et de compter le nombre des vetos.

Quant au veto contre les propositions serbes, il traduit pour les Etats-Unis une simple querelle avec les Européens, et même pas avec tous les pays d’Europe. Ce ne sont pas des arabes, donc ce n’est pas grave. Or, l’avantage de cette décision est de permettre de repousser la question qui est soulevée de plus en plus souvent au sujet de la responsabilité des chefs d’Etat, anciens ou actuels, pour leurs actions.

Tout le monde sait tout

Lorsqu’en décembre 2010 l’envoyé spécial de l’ONU au Kosovo Dick Marty a rendu public le rapport sur l’activité dans les années 1990 du premier ministre kosovar actuel Hashim Thaçi, il a été surpris que son rapport suscite une réaction aussi violente. Pourquoi autant de bruit ? Alors que tout le monde sait déjà depuis longtemps qui est Thaçi et ce qu’est l’Armée de libération du Kosovo qui était sous son commandement. Tout le monde savait qu’à l’issue de la guerre serbo-américaine de 1999, une bande d’assassins et de kidnappeurs, ainsi que de trafiquants d’organes, notamment de reins, a pris le pouvoir au Kosovo.

Et aujourd’hui, ils ont changé de type d’activité. Récemment, lors d’une conférence de presse à RIA Novosti, le directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime Pino Arlacchi a déclaré que le Kosovo était un centre de criminalité en Europe et une plaque tournante du trafic d’héroïne en provenance d’Afghanistan. Et une nouvelle fois tout le monde sait tout.

Mais on ne peuvent rien y faire. Pourquoi, par exemple, la Serbie a-telle tenté de frapper à la porte du Conseil de sécurité des Nations Unies avec son idée d’enquête internationale ? Pour être bref, elle a cherché à obtenir de l’argent et d’autres ressources. Il est possible se procurer tout cela à l’ONU. D’autant plus que depuis plusieurs années sur le territoire du Kosovo travaille la mission de police et de justice de l’UE (EULEX), qui a certainement réuni beaucoup de preuves tangibles. En début d’année, la mission a commencé à recueillir des informations, y compris dans le cadre du rapport de Dick Marty. Toutefois, la mission en question n’est constituée que de quelques individus, il s’agit d’un groupe de personnes dont le statut est aussi ambigu que celui du Kosovo. Ce dernier a proclamé son indépendance en février 2008, mais le territoire demeure non reconnu et n’est pas membre de l’ONU. Et c’est la raison pour laquelle en 2008 l’ONU a retiré du Kosovo sa mission UNMIK qui a transmis ses fonctions précisément à EULEX.

En d’autres termes, la situation est simplement absurde, comme l’est l’histoire de l’apparition du Kosovo. Toutefois, le veto américain au Conseil de sécurité était, répétons-le, inévitable.

Qui va-t-on condamner ?

Pourquoi ne pas arrêter tout le gouvernement du Kosovo et le traduire en justice, ou du moins enquêter sur son activité ? Le fait est que cette enquête conduirait à impliquer ceux qui ont aidé la mafia kosovare à arriver au pouvoir. Or, c’est le gouvernement américain de l’époque et certains politiciens européens.

Les vainqueurs d’une guerre sont très rarement condamnés. Bien qu’en Yougoslavie on semble l’avoir fait. A ce sujet il existe une conclusion juridique et le verdict du "tribunal public."

Il convient pourtant d’attirer l’attention sur les initiateurs de ce procès. Ce n’est pas tout à fait et pas tellement des communistes (russes ou autres), mais également ce qu’on appelle les mouvements "patriotiques" et radicaux. Les personnes qui avaient à l’époque une certaine influence (qui s’était accrue en raison de l’agression contre la Yougoslavie), mais il est difficile de dire ce qu’il en est aujourd’hui. Le fait est qu’en grande partie ils ont certainement raison.

Quel est donc le nom qui figure en tête de la liste des coupables ? C’est Bill, le mari de la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Et qu’en est-il des autres noms ? Toutes ces personnes sont en vie. Et qu’adviendrait-il si les mafieux du Kosovo commençaient à tout raconter au sujet de leurs amis ?

Tout procès contre les chefs d’Etat et les hauts fonctionnaires, anciens ou actuels, n’est pas sans ambiguïté. A tel point qu’on envierait la logique des anciens qui estimaient que les rois ne pouvaient pas être traduits en justice. Il existe des pays où il est clair que l’opposition tente de poursuivre en justice le premier ministre pour le démettre de ses fonctions. Par exemple, c’est le cas de Silvio Berlusconi. Il existe des Etats où on adore traduire en justice l’ancien chef de l’Etat pour régler les problèmes actuelles, notamment de nature financière. Si l’ancien président tunisien Ben Ali était encore en Tunisie, il n’aurait pas échappé au tribunal. Or, essayez de le faire avec l’ancien président Bill Clinton. Bien que Slobodan Milosevic n’y ait pas échappé, même s’il ne trempait pas dans le trafic d’organes.

Ce chaos juridique international est une évidence. Mais les problèmes qui continueront à apparaître si ce chaos demeurait seront d’autant plus évidents. Il est notamment question de la personnalité de Hashim Thaçi. Il en va de même en ce qui concerne la responsabilité pour la destruction des canalisations de Bagdad.

 






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1 Commentaire

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  • #3713
    Le 23 février 2011 à 16:45 par anonyme
    Kosovo ou Irak, les responsables des crimes sont intouchables

    Je me souviens à l’époque que le seul homme politique français qui avait vu juste était un fois de plus JM Le Pen. Le seul qui avait défendu les Serbes face à l’entreprise de diabolisation des médias occidentaux. Dommage qu’à l’époque Poutine n’était pas encore aux commandes de la Russie, ça aurait probablement changé le cours des évenements, les USA n’aurait sans doute pas osé bombarder Belgrade et on n’aurait pas cet état maffieux au beau milieu de l’Europe.

     

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