Le 14 août 2025, quelqu’un a scié, de manière assez parfaite selon la photo, donc avec une tronçonneuse, donc avec du bruit, donc de manière pas discrète, l’arbre – un olivier – qui « rendait » hommage à Ilan Halimi, lâchement assassiné par une bande de bras cassés de banlieue en 2006 : le gang des barbares.

Il ne s’agit que d’un arbre, mais visiblement, sa portée symbolique est telle, pour la presse mainstream, qu’on a l’impression qu’Ilan a été assassiné une seconde fois. Nous sommes le 15 août, et les journaux se réveillent avec la France antisémite, rien que ça. Le Figaro s’est évanoui :

L’homme de la rue n’est pas plus antisémite que vous ou moi, la plupart des Français n’ont pas d’avis sur les juifs, ou Israël. De manière plus générale, même si c’est une caricature ou un fantasme, ils pensent que les juifs sont plutôt communautaires, plutôt friqués, et plutôt pro-Israël. Voilà à quoi se résume l’antisémitisme français, dans un pays où les juifs se disent inquiets, mais heureux. Inquiets, les juifs le sont partout, apparemment, cela ne semble pas avoir de rapport avec l’environnement, plus avec la mentalité. Peut-être un effet de la religion, allez savoir, une inquiétude qui vient de la peur de Dieu, enfin, de Yahvé, un dieu plutôt féroce, et vengeur, on le voit actuellement à Gaza.

Aussitôt scié, l’arbre Halimi a donné lieu à une sortie du Premier ministre, suivie de celle du Président. Les plus paranoïaques ou les plus complotistes verront dans cet événement une manip oligarchique pour effacer l’effet de la reconnaissance de la Palestine, ce qui ne mange pas de pain, vu l’état de Gaza, par ce même couple exécutif. Macron, dans ce domaine, l’antisémitisme, joue le chaud et le froid d’un jour à l’autre. Un jour c’est pas bien d’affamer les Palestiniens, le lendemain c’est mal de couper un arbre. On pourrait appeler ça de l’écologie israéliste...

Pour dire à quel point ces deux clowns sont aux ordres, leurs déclarations frisent le ridicule, et on sait en outre qu’il se foutent complètement de l’arbre d’Halimi. C’est d’une évidence biblique. Tout ceci est évidemment du cirque politique, la lutte contre l’antisémitisme est le marronnier du pouvoir exécutif, qui crie fort mais qui ne fait rien car il n’y a rien à faire : les gens pensent ce qu’ils veulent. De plus, avec le génocide des Palestiniens en cours, la cote d’Israël et des juifs génocidaires est au plus bas. On a bien dit des juifs génocidaires, les autres semblent plus humanistes, ou universalistes, pour reprendre l’expression de Yonathan Arfi.

Deux choses, pour finir : une sérieuse, et une pas sérieuse. La sérieuse, c’est qu’on a bossé sur le sujet, et que l’affaire est extrêmement trouble, elle a eu lieu sous Sarkozy, et on le remet en renvoi.

La pas sérieuse, c’est que, on ne sait pas si vous avez remarqué, mais dans toutes les villes et maintenant les banlieues, des zonards découpent des arbres pour en faire du petit bois : pas les grands mais les petits, disparaissent les uns après les autres. Simplement, ils sont découpés à la hachette, pas à la tronçonneuse, car les lieux sont parfois fliqués à la caméra ou au drone. C’est la paupérisation du pays qui mène à ça. Le meurtre d’Ilan Halimi aussi. Mais lui, il a des ramifications politiques...