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L’engagement d’Obama au Moyen-Orient

Double engagement répété par Obama dans sa visite en Israël. L’alliance toujours plus forte des États-Unis avec l’État israélien, confirmée par le fait que « nos militaires et nos services de renseignement coopèrent plus étroitement que jamais » : ceci est indubitable. La création d’ « un État palestinien indépendant et souverain » : ceci est faux.

L’ « État palestinien » auquel on pense à Washington ressemble beaucoup à une « réserve indienne » : il y a quatre mois, aux Nations unies, les États-Unis ont même voté avec Israël contre la reconnaissance de la Palestine en tant qu’ « État observateur non membre ». Mais se déclarer favorables à un État palestinien accrédite l’idée que les États-Unis sont engagés, comme jamais, pour la paix et la démocratie au Moyen-Orient.

Obama a en outre joué le médiateur de paix entre la Turquie et Israël : Netanyahu a téléphoné à Erdogan pour s’excuser des « erreurs opérationnelles » commises dans l’attaque contre la Flotille de la liberté qui transportait les pacifistes à Gaza. Excuses immédiatement acceptées : sur les tombes des pacifistes tués par les Israéliens il sera maintenant inscrit « tué le 31 mai 2010 par une erreur opérationnelle ».

Après ses rencontres en Israël, Obama a fait escale à Amman, en réaffirmant « l’engagement des Etats-Unis pour la sécurité de la Jordanie », mise en danger par la « violence qui filtre à travers la frontière avec la Syrie ». Il reste à voir, cependant, dans quelle direction. Comme informe le Guardian, des instructeurs étasuniens, aidés par des collègues français et britanniques, entraînent en Jordanie les « rebelles » qui sont infiltrés en Syrie. Le cercle se resserre ainsi autour de la Syrie, avec une opération sous direction États-Unis/OTAN menée à travers la Turquie et Israël (à présent réconciliés) et la Jordanie. Et, pour l’estocade finale, le casus belli est prêt : le lancement d’un missile à tête chimique, qui a provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes dans la zone d’Alep.

À Jérusalem, Obama a exprimé sa solidarité avec « la préoccupation croissante d’Israël pour les armes chimiques de la Syrie voisine », en avertissant que, si l’enquête trouvait les preuves que ce sont les militaires syriens qui ont utilisé l’arme chimique, cela « changera les règles du jeu ». En d’autres termes, c’est une menace d’intervention « préventive » États-Unis/OTAN en Syrie, au motif de bloquer l’arsenal chimique avant qu’il ne soit utilisé. Si de telles « preuves » émergeaient, cela voudrait dire que le gouvernement syrien a décidé d’utiliser un missile à tête chimique contre ses propres soldats et civils loyaux au gouvernement (la quasi-totalité des victimes), pour fournir aux États-Unis et à l’OTAN, sur un plateau d’argent, la justification pour attaquer et envahir la Syrie.

En attendant, en même temps que des dollars et des armes, Washington a déjà fourni aux « rebelles » le futur premier ministre : Ghassan Hitto, citoyen étasunien d’origine syrienne. Un executive [1] texan dans la technologie d’information, choisi formellement par les « rebelles ».

Qu’est-ce qu’Obama devrait faire d’autre pour la paix et la démocratie au Moyen-Orient ?

Manlio Dinucci

Source : édition du mardi 26 mars 2013 de Il Manifesto

Traduction : Marie-Ange Patrizio

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Notes

[1] « Executive », en anglais dans le texte, est le mot qui revient absolument invariablement dans les présentations anglophones du nouveau premier ministre syrien déniché au Texas par l’administration étasunienne (et « alliés ») : mot générique qui en dit long non seulement sur le flou entourant ce que M. Hitto a fait jusque-là mais aussi sur l’arrogance et le mépris de cette même administration (et « alliés ») qui ne ressent aucune nécessité à donner le moindre vernis de crédibilité à ses larbins. L’analyse précise du langage de l’empire, en deçà et au-delà de ses effets d’annonce, donne des clés essentielles pour une analyse non moins précise de la situation géopolitique. (NdT pour la version française.)

 
 






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4 Commentaires

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  • #370468
    Le 27 mars 2013 à 18:30 par lauburu
    L’engagement d’Obama au Moyen-Orient

    Depuis 1948 la sale comédie continue . Ceux qui ont refusé de la jouer ont été assassiné comme Kennedy ou déhonoré comme Nixon . Avis aux amateurs . Comme les goys sont naifs ! Chaque fois qu’Obama fait semblant de se brouiller avec Israel c’est un Halléluia général - et ça finit en eau de boudin forcément .

     

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  • #370634
    Le 27 mars 2013 à 23:05 par Saker
    L’engagement d’Obama au Moyen-Orient

    Django 2 avec Barack OBAMA dans le rôle du nègre de maison, Ron PAUL dans le rôle du gentille humaniste blanc, Nethanyou dans le rôle du négrier, et Farrakhan le nègre/10000.

    Merde Hollywood n’ autorise pas que le méchant soit un juif.

     

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  • #370776
    Le 28 mars 2013 à 03:36 par solmed
    L’engagement d’Obama au Moyen-Orient

    Autant j’apprécie beaucoup certains de ses articles, autant je le trouve complètement à côté de la plaque dans cette affaire. L’armée américaine et l’Otan ont dit non des dizaines de fois, pas d’intervention en Syrie à moins de vouloir une guerre nucléaire. Les stratèges américains le savent. L’évolution de la situation, l’action politique tout comme le verbe employé restent le langage de la guerre des nerfs, la guerre psychologique. Ce qu’a subi la Syrie en deux ans est unique dans l’histoire de l’humanité, une coalition supérieure même à celle qu’a eu à subir l’Allemagne entre 39 et 45, et pourtant elle n’a pas rompu. Aux pires des périodes, alors que la situation n’était pas très favorable à la Syrie, l’Otan a malgré tout écarté toute intervention. Des "cassus belli", il en a éxisté par "kilos" à commencer par l’avion turc abattu ce qui dans les faits aurait pu constituer un justificatif imparable à la solidarité Otanesque telle qu’inscrite dans les accords. Pourtant, il n’en a rien été parce que le but premier de cette guerre mondiale contre la Syrie n’est pas de la détruire ce qui entrainerait la destruction de la Turquie et d’Israël mais surtout de régler définitivement la question palestinienne en changeant le régime de Damas (1ère option) ou en l’affaiblissant pour l’isoler et rompre son lien avec le Hezbollah pour limiter l’influence de l’Iran, ce qui aurait eu pour effet d’affaiblir totalement l’axe de la résistance. Toute cette stratégie était destinée à écorner la profondeur stratégique de la Russie au Moyen Orient et à briser le dynamisme économique chinois en tentant de ralentir ses sources d’approvisionnement énergétique. Le prochain théâtre d’affrontement sera l’Afrique (c’est déjà commencé par ailleurs).
    Le jeu est extrêmement complexe mais reste dominé par la tentation d’avoir un maximum d’atouts en main avant le vrai rendez-vous américano-russe du printemps pour le nouveau partage du monde, un remake de Yalta. Chaque camp se positionne en fonction de ce qu’il pense être de son intérêt. Les déclarations d’intention, les menaces, la désinformation..etc tout cela fait partie du jeu de dupes qui se déroule comme dans une partie de poker menteur...

     

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    • #371937
      Le Mars 2013 à 10:37 par mille Sabords !
      L’engagement d’Obama au Moyen-Orient

      Analyse interessante que je partage sur plusieurs points.
      Cependant, pour quoi dans ce cas-s’il s’agit d’une "guerre psychologique visant à redistribuer les cartes"- les USA et Israel continuent de détruire physiquement le pays en fournissant toujours plus d’armes ET DE terroristes ( dans un pays deja en grande partie demoli, vidé de ses habitants et de son industrie, de son commerce), et en les soutenant aujourd’hui OUVERTEMENT ?

      Je crois qu’il y a une partie du commandement US (les politiques neo-cons.) qui est pour la destruction totale de la Syrie (comme "on" a voulu la destruction totale de l’Allemagne et remplacer son peuple), prélude à l’isolement total de l’iran, poussé par Israel, mais qui n’ose pas "aller trop loin" de peur effectivement d’une 3eme guerre mondiale qu’ils savent inévitable ( pourtant une guerre mondiale arrangera les affaires du NOM en soumettant dans la terreur une grande partie de l’humanité-par la stratégie du choc si bien expliquée par N. Klein), et une autre partie du commandement US (les militaires) est résolument contre, parce qu’elle n’est pas dans le délire "du plan NOM", et est aux premières loges en cas de conflit international ; l’OTAN n’est pas à mettre du coté des anti-guerre : il n’est pas fait que de militaires (qui sont plutot "nationalistes" et prudents), mais d’une majorité de politiques internationaux ( plutot mondialistes) qui s’opposent à mon avis aux militaires sur ce sujet. D’ou la marche bizarre et illisible depuis 2ans...

      De toutes façons les choses ont tourné bien autrement que le plan prévu ( changer le regime de Damas qui resiste incroyablement bien depuis 2ans au point qu’il est semble defendu par la majorité des syriens aujourd’hui) et qu’il ne reste plus que l’option destruction totale du pays pour en finir... ca me semble être l’explication logique de certains evenements recents qui tendent a montrer une accélération des forfaits (haut religieux sunnite tué) et de l’armement ouvertement demandé-malgré les lois internationales- par la France-pays traitre aux véritables droits des humains- les fuites sur la véritable situation sont de+ en+ visibles, mais Paris s’arque-boute sur son son delire d’armement par les sionistes aux commandes...
      On est donc loin du simple jeu de "poker menteur" : une dimension sur-humaine est là, et si Damas tombe, c’est tout une histoire biblique qui s’ecrit.