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L’état d’urgence décrété en Equateur

L’état d’urgence a été décrété en Equateur, jeudi 30 septembre, après que des manifestations de policiers et de militaires à Quito et à Guayaquil ont dégénéré, faisant craindre un coup de force de l’armée contre le gouvernement du président Rafael Correa. L’aéroport est bloqué et le bâtiment du Congrès, dans la capitale, a été occupé, en fin d’après-midi, par des policiers mécontents d’une loi qui réduit leurs primes d’ancienneté, selon une source officielle.

Le président Correa, qui affirme avoir été légèrement blessé par les manifestants, accuse l’opposition de chercher à favoriser un coup d’Etat. Il affirme être "quasiment séquestré" dans la chambre d’un hôpital militaire, où il reçoit des soins, selon le quotidien El Comercio. "Ceci est une tentative de coup d’Etat menée par l’opposition et certains secteurs des forces armées et de la police", proches de l’ancien président Lucio Gutierrez, renversé en 2005, a déclaré M. Correa à une télévision locale. "Des policiers tentent d’entrer dans ma chambre par le toit (...) Au cas où il m’arrive quelque chose, je veux dire que mon amour pour la patrie est sans limites et que j’aimerai toujours ma famille, où que je sois", a-t-il ajouté, alors que l’hôpital était encerclé par des policiers rebelles.

"SI VOUS VOULEZ TUER LE PRÉSIDENT, IL EST LÀ, TUEZ-LE !"

Selon le quotidien équatorien Hoy, qui suit les événements en direct, des centaines de personnes qui s’étaient massées autour du palais du Congrès pour manifester leur soutien à Rafael Correa à l’appel de plusieurs membres du gouvernement ont ensuite pris la direction de l’hôpital où il s’était réfugié. Des témoins cités par l’agence Reuters ont fait état de pillages et d’incendies de pneus tout au long de la journée à Quito et à Guayaquil.

Rafael Correa, qui était venu lui-même à la rencontre des manifestants, les a vivement harangués. "Messieurs, si vous voulez tuer le président, le voici, tuez-le !" a-t-il lancé, selon le journal La Hora.

Dans la capitale, des policiers ont pris une caserne lors d’une manifestation qui a débouché sur des échauffourées et l’usage de gaz lacrymogène. En raison des troubles, les employés de nombreuses entreprises ont été renvoyés chez eux et les écoles ont fermé plus tôt dans plusieurs villes. Près de 300 soldats se sont déployés sur la piste d’atterrissage de l’aéroport international, semant la confusion et forçant la direction aéroportuaire à le fermer.

L’ÉTAT-MAJOR SOUTIEN LE PRÉSIDENT

Les militaires, qui protestaient contre une loi décidée par Rafael Correa qui réduit certaines primes d’ancienneté pour les forces de l’ordre, ont été rapidement désavoués par le chef d’état-major des forces armées, qui a démenti toute tentative de prise du pouvoir. "Nous sommes dans un Etat de droit, nous sommes subordonnés à la plus haute autorité incarnée par monsieur le président de la République. Nous prendrons les mesures qui s’imposent, celles qui seront déterminées par le gouvernement", a déclaré le général Ernesto Gonzalez, se désolidarisant de ses troupes. Quelques heures après le début de la crise, il a de nouveau ordonné aux rebelles de se rendre.

Jugeant "inacceptable et intolérable" le mouvement de contestation des forces de police, le ministre des affaires étrangères, Ricardo Patino, a démenti que l’Equateur vivait une situation de soulèvement populaire. "Ce n’est pas une mobilisation de la population, ce n’est pas un soulèvement populaire. C’est une insurrection de policiers qui sont mal informés", a-t-il déclaré à la chaîne de télévisison Telesur.

Ces troubles interviennent alors que la situation politique en Equateur est plus qu’instable. Rafael Correa, élu en 2006, est confronté à un effritement de sa majorité parlementaire. De ce fait, il a envisagé de dissoudre le Congrès, comme l’y autorise la Constitution promulguée en 2008. Une telle décision, qui nécessite l’aval de la Cour constitutionnelle, entraîne de facto des élections présidentielle et législatives anticipées. Le président équatorien a reçu jeudi soir de nombreux soutiens de la communauté internationale, venus notamment de l’Organisation des Etats américains (OEA), des présidents latino-américains et européens.