Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La Finlande se prépare à un éclatement de la zone euro

« Nous devons accepter la possibilité d’un éclatement de la zone euro », a déclaré au Daily Telegraph Erkki Tuomioja, le ministre des Affaires Etrangères finlandais.

« Personne en Finlande ne le souhaite vraiment, pas même les Vrais Finlandais, sans parler du gouvernement. Mais nous devons nous y préparer ». Il précise que les officiels finlandais disposent d’un plan opérationnel pour « toute éventualité ». « Mais laissez-moi ajouter qu’un éclatement de l’euro ne veut pas dire la fin de l’Union Européenne. Il pourrait même permettre à l’Union de fonctionner encore mieux », a ajouté Tuomioja.

« Il n’y a pas de règles pour la sortie de l’euro mais ce n’est plus qu’une question de temps. Le sud ou le Nord vont en partir parce que ce corset monétaire génère de la misère pour des millions de gens et détruit l’avenir de l’Europe. C’est un désastre total. Nous allons nous trouver à court d’argent si nous continuons ainsi. Mais personne en Europe ne veut être le premier à sortir de l’euro et en subir toutes les critiques ».

La question d’une dislocation de la zone euro pourrait refaire surface en octobre lorsque les inspecteurs de la troïka composée du FMI, de la BCE et de l’UE retourneront en Grèce pour inspecter les progrès qu’elle aura accomplis dans la poursuite des réformes. Athènes a demandé un allongement de deux ans du délai qui lui a été accordé pour mener ces réformes à bien, mais l’Europe rechigne à le lui accorder.

« C’est aux Grecs qu’il appartient de savoir s’ils veulent rester dans la zone euro. Nous ne pouvons pas les forcer à partir », observe Tuomioja. La Finlande est le seul pays à avoir réclamé des garanties pour sa contribution au plan de sauvetage de l’Espagne et de la Grèce.

Il y a deux semaines, le président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, a indiqué que des solutions étaient à l’étude pour résoudre l’épineux problème du rang de priorité des fonds de secours et permettre au MES et à la BCE de pouvoir acquérir des obligations souveraines. En effet, lors de chaque intervention des fonds de secours, les prêts accordés dans le cadre de cette aide au pays en difficulté augmentent le risque de défaut de ce pays sur les créances des prêteurs privés, en raison de leur caractère prioritaire.

Si le pays n’a pas suffisamment d’argent pour rembourser tous ses créanciers, il sera contraint de commencer par payer ceux qui présentent ce caractère prioritaire. C’est ainsi que les pays qui ont bénéficié d’un plan de sauvetage perdent la confiance des investisseurs privés.

Or, Tuomioja a précisé que la Finlande s’opposerait à tout changement du MES qui pourrait remettre en question sa qualité de prêteur à remboursement prioritaire, ce qui pourrait anéantir les espoirs d’un retour de la confiance des investisseurs à l’égard de l’Italie ou de l’Espagne.

« Les prêts du MES sont prioritaires. C’est une ligne rouge pour nous. Nous nous inquiétons beaucoup d’un changement possible des règles du MES ». Tuomioja a également exprimé de la méfiance pour les projets d’embrigadement à leur insu des Etats membres de l’euro dans une forme d’union fiscale manigancée par ceux qu’il a appelés « la bande des 4 », et dont Mario Draghi ferait partie. « Je ne leur fais pas confiance », a-t-il précisé.