Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

Dans cet entretien accordé au Temps d’Algérie, Bahar Kimyongür évoque la « manipulation » dans l’affaire de l’utilisation d’armes chimiques, le parti pris d’une partie de la presse mondiale dans le conflit en Syrie et les soutiens à Al Qaïda dans ce pays. Il évoque également ses démêlées avec Erdogan, le Premier ministre turc, les tentatives d’extradition dont il a fait l’objet, et parle d’une troisième voie dans l’attaque chimique d’Al Ghouta.

Le Temps d’Algérie : Présentez-vous à nos lecteurs.

Bahar Kimyongür : Je suis un Belgo-Turco-Syrien : Belge de naissance, Turc de papier et Syrien de cœur. Je suis, par ailleurs, un observateur indépendant du conflit syrien, un militant pour la paix et un anti-impérialiste convaincu. Bien que né en Belgique, j’ai grandi à la fois dans l’amour pour la Syrie souveraine, progressiste et multiconfessionnelle et dans la méfiance envers les moukhabarate (services secrets,ndlr) du régime de Damas.

Mes parents sont originaires d’Antioche, le chef-lieu du Liwa Iskandarone (Sandjak d’Alexandrette), une province historiquement syrienne offerte par la France coloniale à la Turquie kémaliste en 1938. Antioche est le fameux Hatay par où transitent les djihadistes qui se rendent en Syrie pour combattre le gouvernement syrien. Depuis la nuit des temps, Antioche est « la porte de la Syrie ». Aujourd’hui, les mercenaires takfiris l’appellent « la porte du djihad ».

Pourquoi, selon vous, certains gouvernements et une partie de la presse mondiale refusent la « présomption d’innocence » au gouvernement syrien dans l’attaque chimique d’El Ghouta ?

Parce que ces gouvernements n’ont pas le moindre sens de la justice. Ils campent à la fois sur le rôle de juge, de procureur, de partie civile et de bourreau dans le conflit syrien. La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent : l’empire yankee et l’ex-puissance mandataire française décadents, le colosse néo-ottoman au pied d’airain, l’entité sioniste soucieuse d’élargir son « lebensraum », les royaumes wahhabites du Golfe obsédés par leur hostilité envers l’Iran et les chiites et les coupeurs de tête d’Al Qaïda.

La Russie a présenté des preuves, dont des images satellite montrant que des missiles ont été tirés à partir d’un quartier occupé par les rebelles, accusant « l’opposition » d’être l’auteur de cette attaque. D’autre part, la Turquie a arrêté des djihadistes en possession du gaz sarin. Pourquoi ces faits sont-ils ignorés par certains gouvernements et une partie de la presse mondiale ? Les images satellite de la Russie, censées prouver que les missiles chargés de gaz Sarin ont été tirés depuis le quartier insurgé de Douma, ont été transmises au Conseil de sécurité des Nations unies. Elles demeurent inaccessibles. De toute façon, même la preuve la plus concluante de l’emploi d’armes chimiques par les rebelles ne pourrait convaincre les médias aux ordres.

Leur but est de servir des intérêts stratégiques et non des principes moraux. Quant aux agents chimiques découverts par la police turque dans un appartement occupé par des militants du Front al Nosra à Adana, il s’agirait de produits entrant dans la composition d’armes chimiques mais pas du gaz Sarin.

Il y a néanmoins d’autres éléments incriminant les rebelles : l’enquête de terrain réalisée par un collègue de la journaliste américaine Dale Gavlak, le témoignage de deux otages belges qui ont entendu des chefs rebelles s’attribuer la paternité de l’attaque chimique, les aveux du commandant rebelle Nadim Baloush, certaines images vidéos non authentifiées de rebelles munis de masques à gaz et tirant vraisemblablement des armes chimiques, le précédent de l’attaque au gaz survenue en mars dernier contre une position loyaliste à Khan Al Assel près d’Alep, des vidéos de terroristes gazant des lapins à titre expérimental et menaçant ensuite d’exterminer les alaouites.

Il y a, par ailleurs, de sérieux doutes sur la fiabilité de certaines vidéos de l’attaque chimique diffusées par les rebelles. L’expert en armes chimiques de l’Institut de médecine légale de Cranfield Stephen Johnson fait partie des sceptiques. Les gouvernements occidentaux, leurs alliés wahhabites et leurs médias font mine d’ignorer ces indices pour la simple raison qu’ils ne sont pas rentables.

Que pensez-vous de l’hypothèse selon laquelle l’utilisation d’armes chimiques profiterait aux djihadistes sévissant en Syrie et qui, par cet acte criminel, cherchent à obtenir une intervention militaire étrangère pour les sauver de l’avancée sur le terrain de l’armée syrienne ?

C’est, semble-t-il, l’hypothèse la plus probable, la plus logique aussi. Des opposants connus, comme Haytham Manna de la Coordination nationale pour le changement démocratique, et le leader du parti kurde de l’Union démocratique (YPD) Saleh Muslim, doutent également d’une implication du gouvernement syrien dans l’attaque chimique d’Al Ghouta.

Vous avez évoqué, pour les armes chimiques, « l’hypothèse d’une troisième force ». Pourriez-vous nous l’expliquer ?

Accuser le régime d’avoir déversé des gaz mortels sous le balcon du palais présidentiel paraît aussi invraisemblable que d’affirmer que les rebelles sont capables de tuer leurs propres familles. Un responsable sécuritaire de Damas, que j’ai contacté, doute lui aussi que les rebelles d’El Ghouta aient planifié un suicide collectif pour susciter une intervention militaire internationale. Il penche pour l’hypothèse d’une troisième force experte dans les opérations « false flags » liée à un service étranger. Rappelons que la Syrie est devenue une passoire, un terrain propice pour toutes sortes d’opérations barbouzardes. Des agents étrangers peuvent facilement prendre la forme de l’un ou l’autre des belligérants et organiser une provocation.

Le chef du renseignement saoudien et parrain du terrorisme international Bandar Ben Sultan est un champion en la matière. Les agences israéliennes comme le Mossad ou Aman sont elles aussi coutumières de ce type d’opérations. L’attentat contre Rafiq Hariri, en 2005, est un exemple éclatant du savoir-faire israélien en matière de false flag. Plus, l’accusé désigné comme tel par le vrai coupable aura des difficultés à prouver son innocence, plus l’action sera réussie. L’attaque chimique d’El Ghouta ressemble à une provocation qui, en définitive, ne profite ni à l’un ni à l’autre camp.

Des organisations djihadistes, sévissant en Syrie, s’entretuent. Treize parmi ces organisations ont déclaré ne pas reconnaître le gouvernement provisoire mis en place par « l’opposition ». Certains croient que cette situation est due à une guerre des services de renseignements et une guerre d’influence d’autres pays. Qu’en pensez-vous ?

Le confit syrien ressemble de plus en plus à une guerre de tous contre tous. Il arrive que les diverses milices s’entretuent pour le partage du butin mais leurs divergences sont souvent de nature idéologique. Par exemple, au Nord, les autonomistes kurdes du YPG s’opposent aux groupes armés syriens pour trois raisons : en tant que laïcs, ils rejettent le projet politique des djihadistes syriens et en tant que nationalistes, ils accusent ces mêmes djihadistes à la fois de nier l’identité kurde au profit de la suprématie arabe et de collaborer avec le régime d’Ankara farouchement opposé à l’établissement d’un Kurdistan syrien à ses frontières. A Azaz et Raqqa, les groupes rebelles ont été attaqués et chassés par l’Etat islamique d’Irak et du Levant (EIIL), un gang ultraviolent lié à Al Qaïda.

L’EIIL accuse ses concurrents d’apostasie. Pourtant, les groupes visés par Al Qaïda sont généralement tout aussi anti-chiites et partisans d’un Etat sectaire appliquant la charia.L’autre fracture se situe entre, d’une part, les quelques brigades islamiques qui affirment encore leur loyauté envers le commandement de l’Armée syrienne libre et, d’autre part, les puissantes formations islamiques rivales.

Les seconds accusent les premiers de servir un agenda occidental. Pour autant, certaines formations djihadistes liées à des services de renseignement étrangers différents se coordonnent. Liwa al Tawhid, omniprésent à Alep, est lié aux services secrets turcs tandis que Liwa al Islam actif dans le gouvernorat de Damas est encadré par les moukhabarate saoudiennes. Pour le moment, il n’y a pas de rivalité apparente entre ces deux groupes. Mais, comme en Afghanistan, les alliances entre seigneurs de guerre se font et se défont selon les opportunités du moment. Amis un jour, ennemis pour toujours...

Vous avez annoncé qu’Erdogan vous persécute avec un dossier vide. Pouvez-vous nous en parler ?

Erdogan a fait de la chasse aux dissidents un sport national. Mes déboires judiciaires ont toutefois commencé avant l’arrivée de l’AKP au pouvoir. C’était, il y a 13 ans, suite à une manifestation pacifique au Parlement européen. J’ai chahuté un ministre turc venu chanter à Bruxelles les mérites de la démocratie turque devant un public acquis. Mon action n’a pas plu aux autorités turques.

Depuis, je suis accusé de terrorisme. A défaut de pouvoir me bâillonner, le régime d’Ankara a exercé des pressions considérables pour me faire condamner par la justice belge. Dans un premier temps, les autorités belges se sont comportées en janissaires du sultan Erdogan. Mais grâce à la résistance et à la solidarité de la société civile belge, le pouvoir a finalement abandonné les poursuites à mon encontre.

Il y aurait eu une tentative de votre extradition vers la Turquie ?

J’ai subi deux tentatives d’extradition, une fois en 2006 et une seconde fois cette année. Suite à mon action pacifique du 25 novembre 2000, le régime d’Ankara s’était empressé d’avertir Interpol pour me faire arrêter et extrader vers la Turquie. En tant que citoyen belge, j’étais à l’abri du mandat d’arrêt international car la Belgique n’extrade pas ses nationaux. Toutefois, en avril 2006, j’ai été arrêté aux Pays-Bas en vertu de ce mandat.

A l’époque, j’ignorais tout du signalement Interpol. Finalement, un tribunal néerlandais a jugé la demande turque irrecevable et m’a libéré après 68 jours de détention. J’ai pu rentrer chez moi, en Belgique, où m’attendait un tribunal d’inquisition qui a fini par m’acquitter en 2010, après quatre jugements et trois cassations, un record en Belgique. Malgré cette fin heureuse, je reste menacé par le même mandat d’arrêt international car une fois que l’on tombe dans le fichier d’Interpol, on n’en sort plus.

En juin dernier, j’ai été arrêté dans la cathédrale-mosquée de Cordoue en Espagne toujours selon le même motif : celui du chahut du ministre au Parlement européen, une action pacifique aujourd’hui vieille de treize ans. Comme il n’existe aucun tribunal permettant de se désinscrire du fichier d’Interpol, je reste à la merci de l’Inquisition néo-ottomane.

Autour du sujet, avec Kontre Kulture :

 






Alerter

19 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

  • #549764

    Depuis plusieurs années, je peux prouver devant un Tribunal indépendant qu’INTERPOL est une entité sioniste qui utilise le prétexte de la loi pour NUIRE aux défenseurs du peuple Palestinien.

    Français, méfiez-vous de cette entité sioniste.

    Après la Révolution, il est hors de doute qu’elle sera dissoute par le peuple et que ses dirigeants seront traduits devant des tribunaux révolutionnaires.

     

    Répondre à ce message

  • #549978

    "La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent"

    Avec 11 porte-avions russe à l’intérieur ?
    Ils sont fatigués de la vie, eux.

     

    Répondre à ce message

  • #550038

    Pour ceux qui connaissent un peu le CV de Bahar Kimyongür, un nousayrite membre de groupuscule extrémiste d’extrême gauche, condamné en Belgique pour terrorisme ... En bref, il est difficile de comprendre qu’on puisse relayer les propos très partiaux de gens (comme aussi Bassam Tahhan) qui ne représentent qu’eux-même ou au mieux, qui ne représentent seulement les intérêts de la minorité nousayrite au pouvoir en Syrie ...

     

    Répondre à ce message

    • #550184

      Vous devriez faire partie de la minorité de la majorité sunnite et à ce niveau vous êtes assez bien représenté par Fabius, Obama, Erdogan, etc. Ceci est pour la plaisanterie, pour le côté sérieux des choses, il ne s’agit pas de soutenir qui que ce soit, encore moins une minorité contre une autre minorité ou une autre majorité. Les guéguerres entre les minorités religieuses ou ethniques n’intéressent que l’empire et ses sbires pour la mise au pas des pays qu’ils convoitent et qu’ils le résistent. Le problème n’est, donc, pas dans le choix d’une minorité ou d’une majorité à soutenir, mais dans le choix de deux options qui se présentent, l’une mène un pays à sa destruction, voire à sa disparition et l’autre mène à son maintien et à son renforcement. C’est ce qui va dans le sens de la dernière option, qui se voit le plus souvent publier ICI, sur E&R.

       
    • #550396
      Le Octobre 2013 à 23:03 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      On s’en tape qu’il soit "nusayrite". Les "nusayrite" (manière péjorative pour certains sunnites de désigner les alévis/alaouites) ont toujours été un peuple extrêmement tolérant, accordant de grandes libertés d’interprétation des croyances, respectant les femmes et les minorités, rejettant l’extrémisme religieux, et militant contre l’impérialisme occidental au XXème siècle. Donc, ça n’a rien de péjoratif et c’est plutôt valorisant qu’il le soit.

       
    • #550539

      @ Aurélien362

      Je lis régulièrement tes commentaires sur ER qui ne sont que de la désinformation idéologique anti-religieuse à l’égard du peuple turc que tu prétends aimer et connaître. Ce que j’en rie bien fort car on se demande si on parle bien du même peuple.

      Tu fais exprès de mélanger les alévis turcs avec les nousayrites syriens, qui sont très différents non seulement ethniquement mais aussi religieuesement puisque ces derniers sont bien plus hétérodoxes et vont jusqu’à dire, un peu comme les chrétiens, que Ali (RA) est l’incarnation de Dieu et mélange aussi d’autres croyances. Les nousayrites toujours fidèles à leur méthode de dissimulation ont usurpé le terme alawi qui signifie qui aime Ali pour paraître plus sympatiques mais surtout plus doux.

      Bahar Kimyongür est un nusayrite, le préciser à toute son importance, puisqu’il ne fait que défendre les intérêts de sa minorité illégitime qui s’est accaparée le pouvoir syrien depuis des longues décennies avec l’aval des impérialistes de tout bord (la famille Assad Bachar se fait élire à 99%) et au dépens du vrai peuple syrien ...

      Pire encore, il était en cavale après avoir été condamné par la justice belge pour appartenace à groupuscule marxiste terroriste, le DHKP-C, et complicité dans le meurtre de l’homme d’affaires turc "özdemir Sabanci".

      E&R perd de sa crédibilité à relayer de tels personnages.

       
    • #550859
      Le Octobre 2013 à 14:30 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      Oui, Ali, il se trouve que je suis spécialiste de la Turquie, et que je pratique et fréquente ce pays depuis longtemps - je ne suis pas sûr que tu aies le même domaine de compétence. Ne t’en déplaise, alévis et alaouites sont extrêmement proches et se considèrent comme tels ; tu peux demander à n’importe quel d’entre eux, il te le dira ; il existe des différences entre les deux, liées à l’histoire, mais ce sont deux doctrines très similaires. Du reste, la majorité des sunnites turcs sont aussi au courant de cette proximité - et n’ont aucune haine, ni envers les alévis, ni envers les alaouites.

      Quant aux accusations du gouvernement turc que tu relaies complaisamment, elles ont été balayées par la justice belge. B. Kimyöngür n’a jamais été soupçonné de complicité d’assassinat, et à moins que tu aies une source pour l’indiquer, tu parles dans le vide.

       
    • #551434

      @ Aurélien362

      Ce n’est pas moi qui "parle dans le vide" puisque je suis turc et tes "Ad Hominem" et autres sophismes ne changent rien à la réalité du terrain que je connais sans doute beaucoup mieux que toi et que tu essaies constamment de déformer parce que ça ne va pas dans ton sens d’un peuple turc acquis au sécularisme. Pour me répéter, les arabes nousayrites et les turcs alévis n’ont rien à voir, le seul point commun étant de faire partie de l’une des nombreuses branches du chiisme. Leurs appartenances ethniques, mais surtout les contenus de leurs dogmes et de leurs pratiques sont strictement différents.

      Quand aux marionnettes de gauche (CHP) soutenues par Soros, comme de droite (AKP) au pouvoir actuel, je m’en fiche pas mal : ça ne change rien au fait que Bahar Kimyongür fait partie de la bande de terroristes du DHKP-C (l’organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des USA, de l’UE, du Canada, de la Turquie et du Royaume-Uni) à Fehriye Erdal qui a assassiné "özdemir Sabanci".

      Alain Soral devrait avoir plus de contrôle sur les informations qui circulent sur son site E&R. Car cela ressemble à faire découvrir la France aux turcs par les écrits de "Rouillan" : ce ne serait pas sérieux.

       
    • #551756
      Le Octobre 2013 à 07:34 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      On peut être d’origine turque (je doute que tu vives là-bas), et ne rien connaître à ce pays (c’est ce que je constate tous les jours en fréquentant les köylü de France qui, en grande majorité, sont restés dans la Turquie des années 1960 et sont coupés des évolutions récentes du pays). Je ne parle pas ici de sécularisme, mais de la tolérance des Turcs envers aussi bien les alaouites que les alévis.
      Tu auras beau répêter que les deux branches sont "radicalement différente", tu ne t’appuies sur rien de concret sur ça. Moi, j’ai derrière moi l’immense majorité des alaouites comme des alévis, qui reconnaissent cette proximité, ainsi d’ailleurs que tous les spécialistes, français, turcs ou britanniques, du Moyen-Orient. Il faudra donc creuser encore un peu.
      Du reste, il n’y a rien de mal à être alaouite, en général, c’est signe d’ouverture et de tolérance.

      Quant à Bahar Kimyöngür, ce n’est pas un membre actif du DHKPC. Ce que la justice lui a reproché, c’est d’avoir traduit un communiqué de ce groupe. Je suis désolé, mais traduire le communiqué de X ou Y groupe ne fait pas de soi un terroriste. Même sur E&R, on a déjà traduit en français des communiqués du Hamas, va-t-on accuser ce site d’être terroriste ?
      Et je le redis, il n’a jamais été soupçonné de complicité dans aucun assassinat.

       
  • #552133

    @ Aurelien362

    J’ai vécu des années en Turquie. Les turcs de France que tu essaies de rabaisser en utilisant le terme "köylü" qui veut dire "paysan", sont très entreprenants et réussissent relativement mieux économiquement que n’importe quelle autre communauté, se débrouillent même mieux que les français. D’autre part, ils ont aussi bien plus de liens avec la Turquie et sont très informés à ton grand désarroi par les innombrables (des centaines) de chaines satellites variées. Les turcs se dispensent aisément de faux amis comme toi.

    Etre spécialiste et propagandiste (comme chez Y.Calvi) n’est pas un gage de compétence, d’objectivité et encore moins d’honnêteté, c’est généralement mauvais signe. Alors ne me faites pas rire en prétendant que vous avez l’immense majorité des turcs alévis derrière vous.

    Les nousayrites de Syrie (partisans d’Ibn Nusayr) aux pratiques occultes ont usurpé par dissimulation le terme alawi. Je rappelle que la vieille dynastie marocaine est sunnite alaouite. Il va donc falloir revoir ses "fiches", Mr le spécialiste. Les turcs alévis les appellent péjorativement "arap alevileri" (les alaouites arabes).

    C’est toi qui a une image rétrograde de la Turquie, celle de la dictature ultra-laïque franc-maçonne des années "communistes" 30 40, "symbole" de progrès, d’humanisme et de tolérence. Je n’ai pas de sympathie particulière pour l’AKP d’Erdogan, mais on ne peut que constater que les alévis sont plus libres dans leur pratique depuis deux décennies.

    Quand à Bahar Kimyongür, il peut continuer ses activités terroristes pour une internationale marxiste-léniniste en France ou en Belgique si ça vous enchante, mais en Turquie sa place est en prison.

     

    Répondre à ce message

    • #552338
      Le Octobre 2013 à 19:13 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      Je n’essaie pas de rabaisser les Turcs, pas plus que je ne me prétends leur ami. Je suis un scientifique, j’observe, j’analyse, je dissèque. Contrairement à toi qui te laisses entraîner par ton idéologie et tes passions (anti-kémalistes, anti-alaouites, anti-communistes, ce que tu veux...), je parle en toute objectivité de ce que je connais.

      Si l’information, pour toi, vient des "chaînes satellites", et non de l’étude des sources diplomatiques et historiques, des chercheurs spécialisés (turcs, français ou autre), des travaux universitaires, des études de terrain... alors je comprends mieux ton ignorance. Ignorance qui te fait grossièrement confondre la dynastie alaouite marocaine avec les Alaouites.
      Les alaouites marocains sont ainsi dénommés car ils descedent de Moulay Ali Chérif, fondateur de la dynastie. Rien à voir avec la religion, donc, c’est une simple dénomination dynastique, comme "saoudien". Je ne peux que t’encourager à faire un peu de turcologie et te renseigner également sur les religions du Moyen-Orient.

      Enfin, ne t’en déplaise, Bahar Kimyöngür n’a commis aucune activité terroriste. A moins bien sûr que tu considères la traduction d’un communiqué comme du terrorisme, ce qui, remarque, correspondrait bien à tes vues tranchées, intransigeantes mais déconnectées de la réalité.

       
    • #552679

      @ Aurelien362

      Je ne vais pas tourner en rond à me répéter en parlant à un sophiste ignorant qui fait semblant de ne pas comprendre et qui est systématiquement dans les Ad Hominems, l’inversion et le mensonge éhontée, qui de plus nie qu’il vient de rabaisser dans son commentaire précédent les turcs de France en utilisant le terme "köylü" dans un but péjoratif pour les faire passer pour des ignorants.

      N’importe qui peut juger lequel de nous est l’Ignorant juste en voyant ton erreur sur l’origine de la dynastie sunnite alaouite chérifienne marocaine. La vraie réalité est que le titre "alaouite" (’alawi) dérive du fait que cette dynastie sunnite descend directement de ’Ali (RA) gendre du Messager Muhammad (SAWS) et le titre "chérifienne" dérive du fait que la dynastie descend de Hasan (RA) petit-fils du Messager de l’Islam. Tandis que j’avais noté précédemment que les disciples aux dogmes très hétérodoxes d’Ibn Nusayr avaient usurpé le terme ’Alawi par dissimulation. C’est de l’histoire récente.

      Si pour toi, la réalité du terrain c’est se baser sur les articles de chercheurs universitaires, ou comme dirait Alain Soral sur des sociologues de 3ème zone payés par l’Etat pour nous pondre une doxa officielle, alors je me demande à quoi tu sers à E&R qui est un think-tank dissident. Ne t’en déplaise, les turcs de France que tu traitent de "köylü" sont bien plus conscients et objectifs de ce qui se passe particulièrement dans leur pays et dans le monde en général, et sont beaucoup moins influençables qu’un français moyen. Et oui les centaines de chaines satellites turques sont non seulement plus nombreuses, mais surtout beaucoup plus variées et diversifiées dans leur contenus idéologiques, sans parler de l’Internet, que disons la vieille France avec TF1, Canal, France Télévison pour le formatage des français.

      Bahar Kimyongür était de toute évidence un membre actif au sein de l’organisation terroriste INTERDITE qu’est le DHKP-C. Alors s’il te plaît, cela n’a rien à voir avec l’exemple de traduire un communiqué du Hamas dans un site informatif comme E&R.

       
    • #553671
      Le Octobre 2013 à 19:33 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      Non, justement, "de toute évidence", Bahar Kimyöngür n’était pas un "membre actif" du DHKP-C ; il s’est contenté de traduire un de leurs communiqués, ce qui n’est pas un crime. Tu prétends qu’il serait membre actif, mais tu n’as apporté aucune preuve, aucun fait. Donc ta parole n’est pas crédible, puisqu’elle n’est ni argumentée, ni étayée.

      Tu fais la même erreur sur les alaouites : ce nom leur est donné depuis au moins un siècle, sous le mandat français, le terme "nusayri" ayant pris une connotation aussi péjorative que "nègre". Rien à voir, donc, avec la famille royale marocaine.
      J’ajoute qu’on s’en fout que Kimyöngür soit alaouite ou pas, ça n’est pas une organisation criminelle que je sache, mais une foi religieuse, très ouverte et tolérante. Donc, aucun souci avec ça.

      Je ne prétends pas que les sources universitaires soient toutes objectives et fiables, d’où l’importance de les recouper, de croiser les points de vue, de faire attention aux erreurs et à l’étude des faits. Mais ça reste toujours beaucoup scientifique et sérieux que les "chaines télévisées variées". Se laisser intoxiquer par la télé pour justifier sa haine religieuse n’est pas très glorieux.

       
    • #554060

      @ Aurelien362

      Toujours rien de nouveau et constat de ton ignorance.
      Aucun argument scientifique recevable de ta part mise à part encore des inversions et des ad hominems sur ma personne (haineux bla bla). Tu n’es pas loin du point Godwin.

      D’abord, il est scandaleux et honteux de présenter comme un exemple de tolérence, une famille priviligiant sa minorité, qui s’est accaparée tous les pouvoirs et richesses, et ce depuis de nombreuses décennies. Bachar a été élu "démocratiquement" à 97% des voix, sans campagne, sans programme, sans carrière politique. Il ne veut même pas céder le pouvoir à son peuple, et n’hésitent pas à utiliser tous les moyens même les plus abjectes pour s’y maintenir...

      L’usurpation du terme ’alawi par les nousayrites s’est réalisée à cause des impérialistes français qui ont favorisé cette minorité dans l’unique but du diviser pour mieux régner avec la fondation d’un état artificiel dit "alaouite" de 1920 à 1946.

      Pour illustrer, je vais citer un passage en anglais du livre de Gisela Prochazka-Eisl "The Nusayri-Alawi community of Cilicia" page 21 :




      In western sources the terme Nusayri has been used since the Crusades (in Latin Nossorite)21

      21 Cf. Dussaud 1900:21-27 and Halm in El, viii, 147.



      Depuis les Croisades, soit environ 1000 ans, le terme Nusayri (nousayrite) est ainsi utilisé en Occident pour désigner cette secte aux croyances synchrétiques et occultes. Et contrairement à ce que tu as écrit, le terme nousayrite en soi n’a rien de péjoratif puisqu’il fait référence à Ibn Nusayr, le supposé fondateur de cette secte.

      On peut voir là aussi qu’il n’y aucun rapport avec l’histoire des turcs alévis dont les pratiques font partis du folklore issu des anciens turcomans nomades anatoliens.

      Le fait d’appartenir comme Bahar Kimyongür à une organisation terroriste INTERDITE comme le DHKP-C , est déjà en soi un crime. Etre "membre actif" ne veut pas dire forcément "poser des bombes" et faire des assassinats. Le fait de travailler de quelque manière que ce soit pour faire progresser cette organisation terroriste interdite, est aussi un crime.

       
    • #554719
      Le Octobre 2013 à 19:16 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      Etre "membre actif" ne veut pas dire forcément "poser des bombes" et faire des assassinats.



      Si, justement. Un "membre actif", c’est quelqu’un qui participe aux actions du groupe. Du reste, non seulement Bahar Kimyöngür n’a jamais commis d’acte terroriste, mais à ce que j’en sais, il n’est même pas membre de l’organisation. Tout au plus a-t-il traduit un de leurs communiqués, ce qui n’est pas un crime.

      Il n’y a aucune attaque personnelle, je dis juste que lorsqu’on considère quelqu’un comme condamnable et peu fiable uniquement parce qu’il fait partie d’un groupe religieux, alors on a des préjugés haineux envers ce groupe. Les alaouites, dans leurs ensembles, ont des règles religieuses très souples, ils ne tiennent pas les femmes sous soumissions, coexistent pacifiquement avec les chrétiens et les musulmans sunnites, et n’ont jamais persécuté de minorité.
      Quant au régime syrien, s’il est certes dictatorial, ce n’est pas un régime "alaouite" ; le président l’est, mais sa femme, comme beaucoup de cadres et politiques, sont des sunnites. Les chrétiennes, les autres chiites et les druzes le soutiennent aussi. L’ensemble du pays, de manière générale, profite (ou souffre) de la politique menée. Il n’y a pas de loi favorisant X ou Y communauté, chacun peut pratiquer son culte librement, à condition que ce ne soit pas extrémiste.

       
    • #555270

      @ Aurelien362

      Tu dresses une image d’Epinal du régime de Bachar. Alors que tout le monde sait que c’est un régime dictatorial militaire très corrompu qui fonctionne sur le "clientélisme" au sein de la ligne rigide de l’unique parti baath, dirigé par une poigne de fer par la proche famille des Assad, et qui ne profite en dernière instance qu’à la minorité chiite nousayrite, en s’appuyant sur la complicité des chrétiens et druzes au détriment des 80 % de musulmans sunnites. Les gangs loyalistes nousayrites, les milices "shabiha" qui sont des groupes armés en tenue civile mènent une féroce répression. Donc je ne vois pas en quoi les nousayrites seraient plus ouverts et tolérants envers les autres confessions et envers les femmes selon les standarts laïcards quand on sait aussi par exemple que l’oncle de Bachar avait au moins 4 femmes. Son frère Maher est un boucher militaire. Il n’y a rien de "haineux" à disséquer et décrire les faits réels. De même, il faudrait être de mauvaise foi pour traiter Alain Soral d’antisémite quand il dénonce la mainmise d’un certain lobby connu sur la France.



      mais à ce que j’en sais, il n’est même pas membre de l’organisation



      Je t’avais pris au début pour un spécialiste mais il apparaît que tu es encore plus ignorant que je ne le pensais. Ce n’est un secret pour personne que Bahar Kimyongür est un membre actif au sein du DHKP-C. Il a traduit des communiqués d’un groupe terroriste qui incite à la haine et à la violence. De même que le chef terroriste du PKK Abdullah öcalan non plus n’a pas assassiné en personne et posé des bombes, ça n’empêche pas qu’il soit le responsable principal de toute cette violence qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes.

      En bref, tout ça pour arriver en conclusion au même point que j’avais écrit dans mon premier commentaire : Bahar Kimyongür n’est évidemment pas objectif et qu’il défend les intérêts de sa minorité nousayrite sur la mainmise du pouvoir et des richesses en Syrie.

       
    • #559208
      Le Octobre 2013 à 22:21 par aurelien362
      La Syrie aiguise l’appétit de tous les ogres qui l’entourent

      Ali, par la caricature, tu discrédites ton propos. En premier lieu sur Bahar Kimyöngur, je remarque que tu es incapable de donner le moindre argument, d’apporter la moindre preuve, de ce que tu avances. Tu te contentes de dire "tout le monde sait"... ce qui est typique du faux-argument. La vérité est que B.K. n’a commis aucun autre "crime" que traduire des communiqués, ce qui n’a rien d’illégal. Contrairement à ce que tu affirmes, il n’a commis aucun meurtre, n’a été complice d’aucun assassinat, à moins que tu aies des preuves du contraire.

      Il ne s’agit pas d’idéaliser le régime syrien, mais juste de remarquer que sous ce régime, toutes les religions sont pratiquées librement et sans persécution. Quant aux 70% de sunnites, une bonne partie d’entre eux - en particulier les classes moyennes, ainsi que les laïcs et les nationalistes - soutiennent plus ou moins le régime. N’oublie pas que els soldats de base de l’armée syrienne sont en grande partie des sunnites.