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La Turquie justifie sa décision d’acquérir des systèmes chinois de défense aérienne

Le choix d’Ankara d’acquérir une douzaine de batteries de défense aérienne de type Hongqui (ou HQ-9 SAM) auprès de l’industriel chinois China Precision Machinery Import-Export Corporation (CPMIEC), à l’issue d’un appel d’offres lancé en 2009, n’a pas manqué de susciter de l’incompréhension voire de l’irritation aux Etats-Uns et au sein de l’Otan, dont la Turquie est pourtant membre. Et cela pour au moins deux raisons.

La première est que CPMIEC est sous le coup de sanctions pour avoir fourni de l’armement à l’Iran, à la Syrie et à la Corée du Nord, trois pays mis sous embargo.

La seconde est que l’achat du HQ-9, largement inspiré du S-300 russe, qui avait été aussi soumis dans le cadre de l’appel d’offres turc, est incompatible avec les systèmes et les radars de l’Alliance atlantique. Pour qu’il le soit, il faudrait que l’industriel chinois puisse éventuellement avoir accès à des données confidentielles de l’Otan, ce qui compromettrait les procédures en vigueur entre les Etats membres.

Le ministère turc des Affaires étrangères a ainsi tenté de calmer le jeu, ce 2 octobre. "La Turquie n’avait pas pour l’heure prise de décision finale. La procédure (d’acquisition) n’a pas encore été finalisée", ainsi avancé Levent Gümrükçüoglu, un porte-parole.

Seulement, dans le même temps, le ministre turc de la Défense, Ismet Yilmaz, a justifié le choix d’Ankara en faveur du système HQ-9, aux dépens du Patriot PAC-3 (Raytheon-Lockheed-Martin), du SAMP/T (Eurosam) et S-300 PMU-2 (Almaz-Antey).

"Les Chinois nous ont donné le meilleur prix", a-t-il ainsi indiqué au journal Vatan. Le fait, alors que le montant de l’appel d’offres avait été estimé à 4 milliards de dollars, la proposition chinoise serait d’un milliard moins chère… En outre, CPMIEC a mis dans la balance la possibilité de co-produire le système en question avec des entreprises turcs. Et comme Ankara cherche à développer son industrie de l’armement, cet argument a fait mouche.

"Nous avions réclamé une production conjointe et un transfert de technologie. Si les autres pays (en lice) ne peuvent nous assurer cela, nous nous tournerons vers les pays qui peuvent le faire", a fait valoir Ismet Yilmaz. Avis donc aux prochains contrats… Il risque y avoir d’autres surprises… Quant à la question de la compatibilité avec les systèmes de l’Otan, le ministre turc l’a balayée d’un revers de main. "Il n’y a aucun problème sur cette question", a-t-il assuré. Vraiment ?

Sur l’OTAN, chez Kontre Kulture :

 






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16 Commentaires

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  • Quenelle stratosphérique effectuée avec brio par la Turquie

     

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    • Bof, il n’y a là-dedans aucune "quenelle", c’est juste de bonne guerre. La Turquie fait du commerce. Elle achète pour moins cher, et elle diversifie ses fournisseurs. Par ailleurs, il s’agit également d’une riposte d’Erdogan qui reproche à Obama de ne pas être allé jusqu’au bout et de n’avoir pas attaqué la Syrie, et ce n’est pas franchement glorieux pour lui.

       
  • Est-ce que "incompatible avec les systèmes et les radars de l’Alliance atlantique" signifie que l’engin ne peut être détecté par ces systèmes ? (ce qui à priori semble une caractéristiques désirable pour un état qui veut préserver son indépendance)

     

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    • Mon cher, les avions de l’OTAN sont équipés d’un système programmable à volonté selon un code qui influe sur la trajectoire d’un missile ami qui réceptionne ce code. Ceci veut dire que les avions de l’OTAN ne pourront pas dévier les missiles chinois des Turcs = les turcs pourront descendre à volonté les avions de l’OTAN. En clair la Turquie conserve un pied hors de l’OTAN (ils sont prudents), preuve qu’ils jouent pour leur propre compte et non le "bien" commun !

       
    • ça signifie que les radars qui détectent les missiles, engins et compagnie ne peuvent pas être reliés aux batteries de missiles. Par conséquent, la Turquie devra acheter ou produire des radars compatibles.
      Cela dit, il convient de signaler que la Turquie n’est absolument pas le "caniche" de l’OTAN comme on le serine sur ce site mais que son jeu géopolitique est équilibré et plein d’avenir.

       
    • C’est vrai, gau, que la Turquie ne se contente pas d’agir pour l’OTAN, mais aussi pour des intérêts politiques propres. Cependant, son jeu diplomatique est catastrophique et pas équilibré du tout. Erdogan espère briser l’axe chiite pour obtenir un accès au monde arabe sunnite et mettre en place une forme de "néo-ottomanisme". Il est prêt à détruire la Syrie et à soutenir les djihadistes qui l’attaquent pour ça. Le problème,c ’est que cette politique est à long terme très dangereuse pour la Turquie, non seulement parce qu’elle déstabilise ses frontières sud, mais aussi parce qu’elle risque de raviver un clivage (artificiel aux origines, on n’en parlait pas dans les années 1960) entre sunnites et chiites (et affiliés, alaouites et alévis), clivage qui pourrait se répandre en Turquie et créer de graves troubles internes.

      En clair, pour ses ambitions personnelles dans le monde arabe, Erdogan est prêt à sacrifier la sécurité de son pays...

       
    • Je suis d’accord avec vous sur le long terme parce que on en est arrivé là en Syrie. Mais n’oubliez pas que Erdogan pensait en finir rapidement avec Assad. Ainsi il s’est enfoncé dans sa politique qui a aujourd’hui mené à un échec. A part la Syrie et les différentes communautés et sur un plan plus international, le jeu est plus équilibré. En effet, la Turquie a acheté à l’Iran (et continue de le faire il me semble) ses hydrocarbures, est le deuxième partenaire commercial de la Russie et s’entend très bien avec Poutine et enfin est la Turquie est devenue "dialog partner" de l’OCS. La Turquie que vous nommez "néo-ottomane" à juste titre, sortira du bateau OTAN si celui-ci coule. D’ailleurs, la Turquie n’est plus intéressée pas l’UE, preuve de la politique assez indépendante et non soumise de ce pays.

       
  • #545794

    Le plus important c’est :



    Quant à la question de la compatibilité avec les systèmes de l’Otan, le ministre turc l’a balayée d’un revers de main. "Il n’y a aucun problème sur cette question", a-t-il assuré.



    Ca ressemble à une lame de fond. On verra bientôt son ampleur.

     

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  • Evidemment comme les chinetoques ont du "pomper" sur le modèle US, ils peuvent le proposer moins cher, et ils ne se sont pas donnés mal à la tete pour le concevoir ...

     

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    • le systeme chinois est plutot basé sur celui russe .Un million de juifs russes dont certains travaillaient sur les programmes de defense sont partis de Russie en 1998 en en emmenant les secrets. Ce qui a permis notamment d’attaquer la Lybie impunément. Maintenant les Russes ont remonté la pente , ont cree le S300 plus performant que le Patriot et inconnu des Israeliens , ce qui leur permet de protéger la Syrie. Ici la Turquie cherche peut être à en savoir plus long sur le S300 donc a faire de l espionnage pour l’OTAN. ou alors à se protéger d’Israel ???

       
  • 1 milliard moins chère le choix est vite fait et les systèmes chinois n’ont rien à envier aux autres,les contrats militaires pour eux et les gadgets pour l’Europe qui veux tout et pas chère même les slips.

     

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  • D’ autant plus que les zuniens n’ ont pas forcément la backdoor de désactivation du missile dans le cas où il n’ est pas tiré vers des cibles approuvées par l’ oncle sam (ce qui se passe toujours.....Se souvenir du caca nerveux de maggie thatcher lorsqu’ un exocet français avait détruit une frégate rosbiffe alors que nous avions négligemment omis de leur fournir les martingales de désactivation.)

     

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  • Erdogan va se faire taper sur les doigts... par l’OTAN, question de le ramener sur le droit chemin.

     

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  • Erdogan a réalisé avoir été un golem au service de l’Empire qui a tout fait pour l’amener à un conflit armé ouvert et total entre la Turquie et la Syrie. C’est probablement la diplomatie russe qui a du lui faire comprendre qu’il n’avait rien à gagner en tombant dans ce piège. Ensuite la Turquie a d’importants intérêts dans cette zone turcophone qui s’étend jusqu’aux marges de la Chine. Se mettre à dos la Russie et la Chine s’est pour la Turquie se couper des populations turcophones d’Asie centrale. Pas bon pour le business !

     

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  • #546561

    Pourquoi la modération ne laisse pas passer mes commentaires ?

     

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