Egalité et Réconciliation
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La défense impossible de l’euro

Les partisans de la monnaie respirent un peu avec la remontée de la bourse. La crise pourrait bien faire une pause, qu’ils essaient de mettre à profit pour faire avancer leur agenda fédéraliste. Mais leur défense ne résiste pas longtemps à l’analyse.

Jean-Claude Trichet face à ses contradictions

La personne qui fait les titres du Monde est-elle facétieuse, ou ne se rend-elle pas compte qu’elle démonte tout l’argumentaire du patron de la BCE en titrant « l’euro pas menacé par la crise, mais il faut changer les traités » ? La deuxième partie du titre contredit immédiatement la première. En effet, si l’euro n’était pas menacé par la crise, il n’y aurait pas besoin de modifier les traités européens… Bref, tels les dirigeants de l’URSS, Jean-Claude Trichet continue à nier la réalité.

Evidemment, il en profite pour essayer de faire avancer ses idées, à savoir qu’un pays pourrait se voir imposer la volonté de la majorité de l’Europe, sur recommandation des technocrates de la Commission, potentiellement contre l’avis de la majorité. De deux choses l’une, soit il n’arrivera pas à faire passer une telle proposition, soit, si jamais il y arrivait, un peuple finirait par se libérer de cet ordre monétariste et néolibéral et casser cette monstruosité institutionnelle.

Les impasses de Jean Quatremer

Le célèbre journaliste et bloggeur de Libération, Jean Quatremer a récemment fait un papier affirmant que « une fois entré dans l’euro, on ne peut plus en repartir ». Pour donner de l’autorité à son propos, il convoque un économiste de la banque suisse UBS… Déjà, il est proprement risible qu’il pense convaincre les masses avec l’avis pas du tout orienté d’un banquier helvète. Les citoyens ont toutes les chances de penser qu’il vaut mieux faire le contraire de ce qu’affirment les banquiers…

Ensuite, cet économiste avance le cas de l’Argentine pour affirmer que la Grèce ne peut pas quitter la monnaie unique, que le coût serait trop important. Mais justement, le cas Argentin démontre au contraire l’intérêt qu’il y a à quitter une union monétaire contre nature. Comme je l’évoquais récemment, l’Argentine s’est fortement redressé avec une croissance de 8% encore cette année, en dévaluant, faisant défaut et en mettant en place une politique protectionniste…

Les erreurs d’euro 2.0

Un commentateur régulier du blog, avec qui je partage un certain nombre de constats et convictions, pense en revanche qu’il faut sauver l’euro et que cela est possible. C’est la thèse qu’il développe sur le blog euro 2.0. Il s’appuie sur l’opinion de deux prix Nobel d’économie qui proposent plus d’intégration pour sauver la monnaie unique, compare la zone euro aux Etats-Unis et au Canada et propose de régler les problèmes de décalage de compétitivité en augmentant les salaires en Allemagne.

Tout d’abord, je peux répliquer que de nombreux économistes (y compris des prix Nobel) critiquent la monnaie unique et proposent d’y mettre fin. Ensuite, la zone euro n’a rien à voir avec les Etats-Unis, comme je l’ai montré récemment (et c’est un point que de nombreux partisans de l’euro admettent). Enfin, les solutions proposées (des « jeux d’enfant ») me semblent hautement improbables pour ne pas dire farfelues. Et celles qui semblent envisageables ne règleraient rien.

La réalité, c’est qu’une monnaie unique ne convient pas à des pays différents. Ce n’est pas pour rien que les pays ont des monnaies distinctes depuis des siècles. L’expérience européenne était hasardeuse. Elle s’écrase aujourd’hui sur le mur de la réalité, et les peuples avec malheureusement.