Dimanche 25 mai 2025,
Le vendredi 24 janvier 2025, un peu avant 20 heures, comme chaque vendredi, Elias est sorti du stade Jules-Noël dans le 14e arrondissement de Paris.
Comme chaque vendredi après son entraînement de foot, Elias marche avec ses amis avenue Maurice-d’Ocagne pour aller chercher un Vélib’.
Comme chaque vendredi, Elias doit me téléphoner. Je ne suis pas loin de lui, je travaille à l’hôpital Saint-Joseph et nous habitons près du parc Montsouris.
Comme chaque vendredi, nous allons discuter de sa journée et décider si Elias dîne avec nous à la maison, s’il va manger un burger avec ses potes ou s’il va rejoindre sa petite amie. Elias va bientôt avoir 15 ans, il est en troisième au lycée Montaigne. Elias est un adolescent gentil, vraiment gentil, joyeux, beau et fort. Aimé et aimant.
Le vendredi 24 janvier 2025, un peu avant 20 heures, ce n’est pas Elias qui m’a appelée, mais son meilleur ami pour me dire qu’Elias était à terre et qu’il avait été poignardé avec une machette.
Je suis arrivée en courant en moins de dix minutes. Tout le monde était là, les pompiers, les membres du Samu, les policiers. J’ai pu m’allonger contre mon enfant. L’embrasser, lui parler, le rassurer, lui dire que son papa arrivait. Elias respirait difficilement.
Son état s’est rapidement aggravé, en raison d’une plaie thoracique transfixiante responsable d’une hémorragie interne. Malgré la prise en charge du Samu, des équipes de chirurgie, d’anesthésie et de réanimation de l’hôpital Necker, Elias est mort le samedi 25 janvier 2025.
La grande sœur d’Elias est née le 23 janvier 2004. Son grand frère est né le 26 janvier 2001. Elias a été poignardé le 24 janvier et est mort le 25 janvier. Les chiffres de la vie se sont moqués de moi.
Mais qui s’est moqué d’Elias ?
Ces deux adolescents de 16 et 17 ans, qui, en toute impunité, depuis 2021, réitèrent des vols avec violence ? Ces deux adolescents qui, malgré une interdiction juridique d’entrer en contact, se retrouvent régulièrement autour du stade Jules-Noël pour commettre des délits.
Leurs parents et l’instabilité des cellules familiales ?
Cette maire qui n’a pas jugé bon de sécuriser les abords du stade qu’elle savait mal fréquentés ?
Les médias qui n’ont pas eu l’honnêteté d’écrire les mots machette et hachette, préférant minimiser l’acte en parlant de couteau ? En écrivant qu’Elias a refusé de donner son téléphone portable ? Mais qui refuserait de donner son téléphone face à deux individus armés d’une hachette et d’une machette sortie de son étui ?
[...]
Je m’occupe de la sépulture de mon fils et de notre famille. Je veille sur mon fils. Je tente de survivre à l’absence de mon fils Elias, à ses « coucou maman », à ses « bisous maman », à cette carte et à ce petit cadeau que je n’aurai pas pour la Fête des mères.
Je patiente.
Et je saurai qui s’est moqué de nous.
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