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La philanthropie de Monsanto : comment défendre les pauvres ?

Sur une période de sept ans, Monsanto, une multinationale avec un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de dollars, s’est donné beaucoup de mal pour se créer une image de défenseur des pauvres. Pour légitimer son image, la compagnie se livre à des opérations d’envergure en distribuant des subventions à certaines ONG connues comme World Vision.

Monsanto a créé en 1964 « Monsanto Fund », branche caritative de la compagnie. Cette fondation déclare : « Notre objectif humanitaire est de combler le fossé entre les besoins des gens et les ressources dont ils disposent. Nous voulons aider les gens à réaliser leurs rêves, et espérons-le, les inciter à en amener d’autres à partager leur point de vue ».

Monsanto possède également « Monsanto Fund Matching Gifts Program ».

Ce programme « donne aux employés titulaires et aux membres actifs du conseil d’administration de Monsanto la possibilité de participer à travers Monsanto Fund à des dons à des organismes à but non lucratif ».

Monsanto indique clairement que la demande de soutien d’une ONG ne sera honorée que si « l’organisme bénéficiaire adhère aux conditions fixées par le Matching Gifts Program. Parmi les organismes qui sont éligibles, il y a : les facultés et les universités, les écoles élémentaires et secondaires privées et publiques, les organismes dont les actions portent sur la défense de la jeunesse, des musées, des bibliothèques, de la santé et des services à la personne, les organisations de défense de l’environnement, des collectivités locales et les groupes à vocation culturelle ». Et World Vision fait partie des bénéficiaires de ces programmes de « cadeaux de contrepartie (matching gifts) ».

Les activités philanthropiques de Monsanto visent non seulement à améliorer son image, mais à lui procurer des contacts indispensables. La compagnie sait mieux que quiconque que les relations, les partenariats et les réseaux sont les clés de la réussite de la compagnie.

Le 1° novembre 2006, au cours de la conférence organisée par IBM à l’université de Westminster à Fulton, Missouri, sur » Sabina Xhosa et les nouvelles chaussures : introduire de nouvelles technologies dans les pays en voie de développement », Hugh Grant, le PDG du groupe a centré son discours sur l’agriculture dans l’Afrique sub-saharienne, prenant pour modèle le Malawi.

L’agriculture est le principal secteur d’activité au Malawi. D’après lui, « 72% de l’apport calorique de la population provient du maïs », le maïs étant l’aliment de base de la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne.

Or, Monsanto cherchait à s’implanter dans les pays d’Afrique sub-saharienne. Grant a déclaré :

« En Afrique, nous ne sommes implantés dans aucun pays sub-saharien, et donc, que suffit-il de faire ? Il suffit qu’un de ces pays dise oui. Qu’un seul pays africain démarre les essais en plein champ. Il nous suffit de lancer les essais en plein champ sur le sol africain, et à Monsanto, nous sommes prêts à travailler avec *toutes sortes de partenaires pour y parvenir ».

Le moment opportun s’est présenté pour Monsanto quand le Malawi a été frappé par une terrible sècheresse en 2004.

Tout prédateur recherche une proie vulnérable. Après la sécheresse, le Malawi était exactement le genre de proie recherchée par les compagnies prédatrices.

D’après Grant, Monsanto a organisé « un débat avec des ONG, le gouvernement du Malawi et certains organismes humanitaires, et plus particulièrement une ONG appelée « Vision du monde (World Vision).

Nous nous sommes réunis et sommes tombés d’accord que cette situation n’allait pas cesser de se reproduire si nous ne changions pas de politique. Et c’est ce que nous avons fait ».

Le 20 décembre 2005, Monsanto annonçait son intention de faire don de 700 tonnes de « semences de maïs hybride de premier choix » aux agriculteurs du Malawi. Ces semences de « premier choix » étaient « offertes » aux agriculteurs par l’intermédiaire de certaines de ces ONG et des organismes d’aide humanitaire et des agences gouvernementales qui travaillaient dans les réseaux de transport et de distribution ».

Alan Eastham, l’ambassadeur de Grande Bretagne au Malawi avait fait l’éloge de Monsanto pour ce don. Il avait déclaré :

« Le don de semences hybrides aux agriculteurs aura sans doute des répercussions importantes sur la qualité de la production de l’année prochaine et est dans la plus pure tradition du comportement socialement responsable des entreprises privées aux Etats-Unis… ».

Un représentant de Vision du Monde-Malawi, l’une des sept ONG présentes, a déclaré : « Ce don répond aux besoins à la fois à court terme et à long terme de la population du Malawi, et correspond parfaitement à notre programme dans ce pays ».

Les liens entre le gouvernement américain et Monsanto sont clairs, non seulement après la déclaration de l’ambassadeur US au Malawi, mais également à la suite d’un compte-rendu très élogieux rédigé par Charles Corey, journaliste au « Washington File ». Le Washington File est une émanation du Bureau of International Information Programs, qui dépend du département d’état aux US.

Et donc, le « don » de semences de Monsanto aux agriculteurs du Malawi par le biais de ses partenaires comme Vision du Monde visait à mettre le pied à l’étrier à la compagnie en Afrique sub-saharienne. Quels sont ses intérêts ?

Monsanto promet le « développement d’un monde meilleur » – « Nous voulons construire un monde meilleur pour les générations à venir ».

Améliorer la production est la principale préoccupation du groupe. Pour y parvenir, Monsanto fournit aux agriculteurs les « produits et les outils ».

Son produit phare, c’est le Roundup. Monsanto produit également des semences OGM. Les OGM sont résistants à l’herbicide Roundup, ce qui permet aux agriculteurs de le répandre sans affecter les récoltes. Les gènes contenus dans les semences OGM sont brevetés. Cela signifie que les agriculteurs qui achètent des semences doivent signer un contrat de licence pour la saison suivante.

Et ils sont tenus d’acheter de nouvelles semences à chaque nouvelle saison. Ce qui interdit aux producteurs de conserver les semences des récoltes précédentes. Et ces mesures ont des conséquences dramatiques pour les agriculteurs pauvres. Récupérer les semences d’une récolte à l’autre est un des moyens qui permettent aux agriculteurs de survivre. Le leur interdire, c’est les exposer à d’énormes difficultés financières. Car il leur faut débourser toujours plus à chaque saison pour acheter des semences. Même si Monsanto prétend aider les agriculteurs à « améliorer leurs vies » grâce aux OGM, cela représente, en réalité, un poids financier considérable pour les agriculteurs pauvres.

Teresa Anderson (The Gaia Foundation, UK) explique :

« il y a des risques énormes à la fois sociaux et économiques avec les OGM. Ils augmentent la dépendance à des technologies extérieures, mettent les agriculteurs en marge de la R&D et aggravent, de ce fait, les difficultés économiques et sociales. »

Les incidences sur le brevetage des gènes contenus dans les semences OGM dépassent la simple interdiction de conserver des semences. Si les cultures voisines d’un champ d’OGM sont pollinisées par l’effet du vent, d’insectes, d’oiseaux ou par des mélanges accidentels de semences, la récolte voisine sera alors également porteuse du gène breveté. Monsanto pourrait alors prétendre que l’exploitation agricole voisine a violé la loi sur la propriété intellectuelle.

L’agriculteur qui a été contaminé accidentellement par les cultures OGM d’un autre serait passible de poursuites s’il conservait les semences et les replantait.

Monsanto traque les agriculteurs, les coopératives agricoles, les semenciers, ou quiconque il soupçonne d’avoir violé les droits de propriété intellectuelle.

Depuis la mise sur le marché des semences OGM, en 1996, Monsanto a réalisé des milliers d’enquêtes et poursuivi en justice des centaines d’agriculteurs et de semenciers. Tout ceci revient à dire que l’atroce vérité, c’est que Monsanto contrôle une grande partie des stocks alimentaires mondiaux. Et contrôler la production alimentaire conduit à contrôler les populations.

Origine de Monsanto

Hugh Grant dit : « En tant que compagnie biotechnologique engagée dans la défense des droits de l’homme, nous avons l’occasion unique de protéger et de faire progresser les droits humains (…) ». Cette affirmation est-elle exacte ?

Créée en 1901 par John Francis Queeny, la compagnie Monsanto produit de la saccharine. (…).

Parmi ses bons clients il y a une jeune entreprise de Georgie : Coca-Cola. Par la suite, Monsanto diversifiera son activité, produisant des plastiques, des résines, des additifs, du vinyle, des détergents pour machine à laver la vaisselle, des engrais, des herbicides, des pesticides (etc.).

Entre 1929 et 1971, Monsanto produit des PCBs (polychlorobiphényls) qui servaient à l’isolation électrique et à la stabilité thermique des transformateurs et autre matériel électrique.

Dans les années 60, Monsanto fabrique l’Agent Orange , un produit chimique hautement toxique. L’Agent Orange, c’est le nom de code d’un puissant désherbant et exfoliant. C’est un « produit chimique qui dépouille les arbres et les plantes de leurs feuilles et qui est parfois utilisé dans les guerres pour empêcher les forces ennemies de se mettre à couvert ».

L’armée US a utilisé ce produit toxique au cours de la guerre du Vietnam. On estime à plus de 80 millions de litres la quantité d’Agent Orange déversée dans tout le Sud Vietnam pour défolier la végétation. Ce produit chimique provoque des maladies graves de la peau ainsi que divers cancers du poumon, de la prostate et du larynx. Les enfants qui habitaient dans les régions où l’agent orange a été utilisé ont été affectés par toutes sortes de maladies et déformations graves (…).

D’après le ministère des affaires étrangères vietnamien, 4,8 millions de Vietnamiens ont été exposés à l’Agent Orange ; il y a eu 400.000 morts ou victimes de handicaps et 500.000 enfants sont nés avec des déformations.

(…)

Au cours des années 1970, Monsanto investira davantage dans la biotechnologie. Puis, dans les années 80, la firme décide de devenir un des leaders mondiaux des biotechnologies agricoles (…).

En 1982, Monsanto est le premier à modifier génétiquement une cellule de plante. Et les années suivantes, il développe les semences génétiquement modifiées de coton, de soja, de maïs et de canola.

A la fin des années 90, après la restructuration de la compagnie, celle-ci porte le titre de « compagnie des sciences de la vie ». (…) En 2002, Monsanto se proclame officiellement « compagnie agricole », ayant pour vocation de « construire un monde meilleur pour les générations futures « .

La vérité

L’association « Gaming The Market » a établi une liste non exhaustive de griefs contre Monsanto.

(Parmi lesquels, NDT :)

1917 : procès du gouvernement US contre Monsanto à propos des dangers de la saccharine ;

1965-1972 : décharge illégale de déchets toxiques au Royaume Uni ;

Années 60 : L’Agent Orange utilisé comme arme chimique ;

1979 : un train de marchandise transportant 70.000 litres de chlorophénol déraille à Sturgeon, Missouri, provoquant le déversement de toute la cargaison – le procès nommé « Kemner vs Monsanto », est considéré comme l’un des plus longs dans les annales judiciaires américaines ;

A Anniston, Alabama des déchets contenant du mercure et des PCBs ont été déversés pendant 40 ans dans les cours d’eau ;

Le développement de semences stériles dites « Terminator », qui sont la cause de la pénurie alimentaire, la pauvreté et la mort ;

Le Posilac, hormone de croissance recombinante humaine (rHGH) ;

Les mesures de coercition pour obtenir le monopole du marché mondial ;

Publicité mensongère sur la « biodégradabilité » du Roundup ;

Violation des droits des enfants dans les champs de coton en Inde ;

Suicide des agriculteurs en Inde ;

Campagne contre les éleveurs de vaches laitières qui refusent d’utiliser l’hormone de croissance, etc.

Le 11 mars 2008, a été diffusé sur Arte un documentaire réalisé par la journaliste et réalisatrice française Marie-Monique Robin, Le Monde selon Monsanto. Robin a rassemblé du matériel pour son documentaire sur une période de 3 ans, allant recueillir les témoignages de gens de divers horizons. Elle a voyagé partout, en Amérique Latine, en Asie, dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, afin d’interviewer elle-même les agriculteurs et les personnes à des postes influents. Ce documentaire porte un sacré coup à la crédibilité de Monsanto.

Les effets destructeurs des cultures d’OGM se retrouvent partout dans le monde, mais les dégâts immenses qui ont eu lieu en Inde ont été largement documentés par Vandana Shiva, physicienne et environnementaliste. C’est une militante écologiste qui a écrit de nombreux ouvrages sur les conséquences terribles des cultures OGM contrairement à la sagesse de l’agriculture traditionnelle et biologique familiale. Parlant des conséquences de l’utilisation de graines hybrides, sur les exploitations agricoles et la vie humaine elle dit :

« J’étais dernièrement à Bhatinda, au Punjab, à cause d’une épidémie de suicides d’agriculteurs. Le Punjab était autrefois la région agricole la plus prospère de l’Inde. Aujourd’hui tous les agriculteurs sont endettés et désespérés. D’immenses étendues de terre sont devenues des déserts gorgés d’eau. Et, comme l’a fait remarquer un vieil agriculteur, même les arbres ont cessé de produire des fruits parce que l’utilisation intensive de pesticides a tué ceux qui les pollinisaient – les abeilles et les papillons…

Et le Punjab n’est pas le seul à connaître cette catastrophe écologique et sociale.

Je me trouvais l’an dernier à Warangal, Andhra Pradesh, où il y a également eu une vague de suicides parmi les agriculteurs. Les agriculteurs qui cultivaient traditionnellement les légumes secs, le millet, et le riz, se sont laissé persuader par les compagnies semencières d’acheter des graines de coton hybride appelées « or blanc » , qui étaient censées les rendre millionnaires. Au lieu de cela, ils sont devenus pauvres ».

En Inde et en Chine, il a été démontré que les promesses de Monsanto que le coton Bt (coton génétiquement modifié) produirait bien plus et s’avèrerait moins coûteux en herbicides et en engrais étaient mensongères.

Ce ne sont pas les scrupules qui étouffent Monsanto (et ses associés comme Vision du Monde). Monsanto fait ses affaires exclusivement avec l’idée d’augmenter ses propres marges aux dépens des agriculteurs de monde entier. Si on le laisse faire, il détruira sans aucun doute non seulement les moyens de subsistance de millions d’agriculteurs, mais aussi leur propre vie.

Conclusion

Les semences génétiquement modifiées de Monsanto ont transformé la compagnie et transforment radicalement l’agriculture mondiale. La compagnie a produit des graines de soja, de maïs, de canola et de coton. Il existe d’autres produits également et d’autres encore sont en projet, parmi lesquels la betterave à sucre et l’alfala.

La compagnie envisage également d’étendre ses activités à la production de lait en commercialisant une hormone artificielle destinée aux vaches pour augmenter la production de lait.

Le 25 avril 2009, Monsanto a annoncé en Inde un programme spécial de bourses pour la recherche sur la reproduction du riz et du froment. Ce programme permettrait d’offrir une subvention de 10 millions de dollars pour pousser les jeunes doctorats à effectuer des recherches sur la culture du riz et du froment.

Edward Runge, le directeur du Beachell-Borlaug International Scholars Program de Monsanto, a déclaré que la compagnie cherchait à séduire des étudiants indiens et chinois, pays dont l’économie progresse le plus rapidement et pays les plus peuplés.

Le riz et le froment sont également les aliments de base de ces pays.

 






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3 Commentaires

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  • #4203
    Le 1er mars 2011 à 13:05 par Roland Hammel
    La philanthropie de Monsanto : comment défendre les pauvres ?

    Vous passez sous silence le fait que Monsanto est très bien implantée au Burkina Faso.

    ce pays est le premier producteur d’Afrique de coton.
    depuis 2008 le coton BT a été implanté en plein champs dans les cultures des producteurs.
    dans la campagne 2010- 2011, il resprsente 80% de la production. dans plusieurs privinces même, on ne pouvait plus ce procurer d’autres semences de coton que celle du BT.
    le Roundup est aussi implanté dans plusieurs pays, avec une publicité agressive.
    la prochaine étape sera le Maïs, le Soja RR, et bien sur le niébé.... ;haricot qui est un aliment de base dans toute l’afrique sahélienne, et sur lequel Monsanto fait de couteuse recherches.

    salut

    Roland Hammel
    Bobo-Dioulasso
    Burkina Faso

     

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  • #135106
    Le 14 avril 2012 à 14:25 par achile
    La philanthropie de Monsanto : comment défendre les pauvres ?

    Monsanto = Méga-assassin doit etre poursuivi en justice pour préjudices contre l’humanité .

     

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