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"Lamentable" : l’hommage de Gad Elmaleh à Claude Nougaro déchiqueté par la critique

« Je n’arrête pas de m’inspirer de mon quotidien, que ce soit de ma vie de tournée ou de ma vie de couple » (Gad Elmaleh en 2013)

Il faudrait pour Gad Elmaleh inventer le concept de délinquance ou de crime culturel (culturel et pas culturelle, le masculin l’emporte encore sur le féminin). Voler des vannes, c’est une chose, mais tuer Nougaro une seconde fois, c’est impardonnable !

« Dans un article publié dimanche 21 février dans La Dépêche du Midi, plusieurs anciens proches de Claude Nougaro ont remis en cause le manque d’expérience de Gad Elmaleh pour le chant. [...] D’après les professionnels interrogés par nos confrères de La Dépêche, Gad Elmaleh ne serait pas, vocalement, à la hauteur du talent et du répertoire du Petit Taureau toulousain, bien qu’il ait toujours rêvé d’être chanteur. » (Gala)

Faire de l’argent avec le talent des autres devrait être interdit, mais ce serait, d’un point de vue du droit, trop complexe à appliquer. Et puis c’est le boulot théorique des producteurs, Les Inconnus en savent quelque chose. Donc ce n’est pas interdit, et encore moins interdisable. Sauf si l’on ne rémunère pas le talent des autres. Pour ce qui concerne la musique, Elmaleh n’a pillé personne. Mais il a massacré Nougaro avec son absence absolue de voix :

 

« Tout ça n’est pas très légitime, affirme Philippe Léogé, auteur d’un album jazz dédié à Claude Nougaro l’année dernière. Bien sûr, les musiciens qui ont collaboré à l’album sont excellents. Mais au niveau du chant… » Et d’ajouter, catégorique : « C’est lamentable, juste du business. »

La SACEM grouille de cas où des auteurs ont été spoliés par des « vedettes ». Des vedettes de la chourave, avant d’être des vedettes de la chanson ou de la télé. Souvent, ceux qui ont moins de scrupules que les autres deviennent plus riches ou plus connus, mais il faut ensuite qu’ils payent (ils sont parfois « chantagés ») pour se construire une image positive, un système qui consiste à courir plus vite que la Justice mais qui finit toujours par craquer. Autrefois, quand il n’y avait pas les réseaux sociaux et la communication fulgurante, on découvrait après sa mort qu’un artiste était un peu véreux. Aujourd’hui, plus personne n’échappe au karma, à la punition.

On remarquera, comparativement au cas Dieudonné qui a perdu le soutien des médias pour un sketch controversé, combien il faut d’affaires délictueuses pour souiller très légèrement la réputation d’un délinquant culturel dans le domaine de l’humour. Malgré la totalité des emprunts prouvés par CopyComic, pour les mêmes médias mainstream qui ont blacklisté Dieudonné, Elmaleh n’est toujours pas blacklistable. Comprenne qui pourrave...

 

Michel Drucker le 24 janvier 2014 : « Je ne veux pas parler de Dieudonné, je ne veux pas lui faire de la pub supplémentaire, on en a trop fait, tout ce que je peux vous dire, ce qui me désole, mais son équipier Élie Semoun vous dirait la même chose, quel talent ! Moi je les ai présentés à leurs débuts, Élie et Dieudonné, au pavillon Baltard, l’émission s’appelait “Stars”, ils ont débuté avec nous. Et quel dommage, c’est un acteur inouï, c’est un homme de scène formidable, c’est un humoriste... Qu’est-ce qui lui a pris, qui sont les irresponsables qui ont lavé le cerveau, lui qui est si intelligent ? J’espère qu’un jour il reviendra sur Terre et que ce Dieudonné-là s’oubliera et que le Dieudonné qu’on a aimé reviendra, mais il a dit des choses graves, gravissimes, des choses... Je ne comprends pas, je n’arrive pas à comprendre. Je crois qu’il est manipulé, qu’il y a une manip, et qu’il est impressionné par d’autres intellectuels beaucoup plus forts que lui, qui sont des négationnistes et qui sont des dangers publics. »

 

À chaque fois qu’Elmaleh « emprunte », que ce soit à Seinfeld ou à Nougaro, il invoque l’admiration.

Ce disque de reprises, censé symboliser l’admiration de Gad Elmaleh pour Claude Nougaro, semble avoir suscité l’indifférence dans les bacs, au point que La Dépêche évoque « un bide historique ». Si l’album n’a pas rencontré le succès escompté, Gad Elmaleh aurait pu se consoler en retrouvant (enfin) son public, alors que l’humoriste rôde son tout nouveau spectacle D’ailleurs, un show « plus personnel » où il revient sur sa relation de quatre ans avec la princesse Charlotte Casiraghi.

On appréciera dans l’article de Gala, qui reprend celui de La Dépêche, le pitch du nouveau spectacle du voleur de vannes : un show « plus personnel »... Mais comme on est chrétiens, on est honnêtes : on est prêts à regarder ce spectacle et, s’il est drôle et 100 % original, alors on applaudira et on pardonnera. Sinon...

 

Bonus 1 : plagiat, contrefaçon et justice

 

Le Parisien : Est-ce qu’un sketch ou une blague peuvent être protégés ?

Me Valérie Perrichon : Une idée ne peut pas l’être, mais sa mise en forme, le cheminement intellectuel, le mini-scénario qui mène au rire peuvent l’être. Les textes des humoristes sont des œuvres protégées.

Par le droit d’auteur ?

Oui et indépendamment de sa qualité et de son intérêt intellectuel. Pourvu qu’elle soit originale, c’est-à-dire qu’elle porte l’empreinte de la personnalité de son auteur, l’œuvre est protégée dès sa création. Pas besoin de dépôt comme pour une marque. Mais pour prouver la date de création, il existe plusieurs solutions, comme le dépôt dans une société gérant les droits d’auteur comme la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) ou la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique).

Qu’est-ce que le plagiat ?

Cette notion n’est pas juridique. En droit, on parle de contrefaçon, c’est-à-dire la reproduction ou l’utilisation d’une œuvre sans l’accord de son auteur.

Comment apprécier la contrefaçon ?

En fonction des ressemblances d’ensemble entre les œuvres, sans se livrer à un décompte des similitudes et des différences. Un détail important peut prouver la contrefaçon.

Que risque l’auteur d’un plagiat ?

Ça peut lui coûter jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 300 000 € d’amende et la victime de contrefaçon peut obtenir des dommages et intérêts en fonction du préjudice. Plus l’auteur du plagiat a eu de succès avec l’œuvre copiée, plus il est susceptible de payer.

Y a-t-il des cas en France d’humoristes condamnés ?

Pas à ma connaissance, mais ils sont rarement poursuivis. En musique, les auteurs n’hésitent pas à attaquer, dans l’humour si.

 

Bonus 2 : Saïd Moskir contre Gad Elmaleh

Après la sortie de la chanson Danse de la joie de Gad Elmaleh en 2015, Said Mosker avait entamé une procédure judiciaire en 2016 contre l’humoriste franco-marocain pour plagiat. L’expert mandaté par le tribunal français a déclaré le 4 avril qu’il s’agissait bel et bien d’un plagiat de la chanson MAMA déposée par le chanteur Said Mosker à la SACEM en 2004. (h24info.ma)

 

Comme prévu, sur E&R :

 






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