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"Le Monde" satisfait : grâce aux sanctions les Syriens ne peuvent plus se chauffer

"L’économie syrienne est frappée de plein fouet par près de huit mois de répression de la révolte contre le président Bachar al-Assad et par les sanctions économiques occidentales visant à faire pression sur le régime". Ainsi commence l’article de l’AFP mis en ligne par Le Monde.fr jeudi 10 novembre.

Pour une famine d’inspiration démocratique

On se doute en effet que les événements n’ont pas renforcé l’économie syrienne, même si elle peut disposer de « marchés » de rechange après la fermeture de l’Europe à ses exportations. Mais l’article donne carrément dans un catastrophisme complaisant, et même assez infect, en citant comme « reporter de terrain » l’inévitable Rami Abdel Rahmane, M. OSDH, qui annonce avec gourmandise que dans certains quartiers d’Idleb, Homs, Banyas, Lattaquié, Deraa « les gens manquent d’argent, ils vivent dans la pauvreté.

D’une manière générale, annonce telle une bonne nouvelle pour la démocratie R.A. Rahmane, il n’y a pas d’activité commerciale normale. Les familles subsistent grâce à la solidarité de leurs proches » et "les foyers manquent de mazout pour se chauffer" . Sur ce dernier point Rahmane, jamais en panne d’une légende urbaine propagandiste, assure que la faute revient au régime car le fioul disponible est utilisé par les blindés syriens pour leurs opérations de répression.

Assuré grâce à l’OSDH que les Syriens ont froid, en attendant d’avoir faim, Le Monde passe la parole à M. Paul Salem, directeur d’un Centre Carnegie pour le Proche-Orient qui apporte lui aussi son lot de « bonnes nouvelles » : « Le commerce extérieur a baissé de plus de 50%, les investissements étrangers ont cessé, la fuite des capitaux s’est accélérée » « notamment vers Dubaï » et, cerise sur le gâteau, « la livre syrienne a perdu 10% de sa valeur face au dollar ». Et tant pis si la Syrie a choisi l’euro contre le dollar.

Le Monde n’oublie pas de rappeler à qui on doit ces « avancées » : "L’Union européenne et les Etats-Unis" et "leurs sévères sanctions". Et pour terminer sur une note d’espoir, le quotidien gaucho-atlantiste annonce que l’U.E. prépare d’autres sanctions, notamment "un gel des crédits de la Banque européenne d’investissement à la Syrie". Que du bonheur !

Trève de plaisanterie, l’histoire des sanctions économico-politiques montre qu’elles n’ont jamais abattu de régime, mais qu’elles ont en revanche affecté la vie des populations des pays concernés. En parlant de vie, Le Monde se souvient peut-être que l’embargo décidé par Washington contre l’Irak de Saddam Hussein entre 1991 et 2003 a entraîné la mort, selon les chiffres avancés par l’UNICEF, de 200 000 personnes – surtout des enfants – par an, mais n’a évidemment pas contraint Saddam au départ.

Mais l’essentiel, au fond, n’est-il pas pour les médiacrates occidentaux que soient punies les nations insoumises, populations comprises ? Imposer la démocratie par la paupérisation, c’est l’ultime argument – avec la guerre, tout de même – de l’ "Axe du Bien". En Occident post-tout, cynisme et moralisme font bon ménage.