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Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

L’aboutissement logique de la modernité libérale est, pour Jean-Claude Michéa, l’extension indéfinie des droits.

Selon lui, la modernité libérale fabriquerait un homme politiquement correct et procédurier. L’appel aux avocats pour trancher les conflits lui sert de substitut au bon sens et à la morale commune d’antan. De manière contradictoire, la maxime soixante-huitarde selon laquelle « il est interdit d’interdire » a muté en un « besoin forcené d’interdire ».

L’État s’y soumet, en censurant, contrôlant et interdisant les opinions « incorrectes ». Mais l’extension des droits, faute de limite morale, est sans fin. Le Droit se soumet à la force des revendications, et l’on assiste, selon le mot de Michéa, à mai 68 portant plainte contre mai 68. (1)

Sans référents symboliques communs ni limites transcendantes (ou relevant du simple bon sens), les libertés rivales entrent fatalement en collision. Conséquemment, les conditions de la guerre de tous contre tous seraient à nouveau réunies. En fin de compte, le libéralisme réellement existant représenterait, la mort de la société.

De plus, son idéal d’équilibre serait lui-même porteur d’injustice. Ainsi, « tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres » (Orwell) est pour Michéa la meilleure définition de la discrimination positive. (2) Celle-ci, idéal de substitution, masquerait en outre « la réconciliation pratique de la gauche avec l’économie de Marché. » (3)

L’égalité économique serait ainsi écartée au profit de la lutte contre les discriminations de toutes sortes, forcément infinies puisque la société est diverse. Au bout du compte, l’extension se poursuit jusqu’à l’atomisation sociale. Peu importent les inégalités économiques, vive la diversité, l’horizontalité s’est substituée à la verticalité. Un pauvre appartient est un simple élément du paysage de la diversité. A ce titre, rien n’empêche de voir émerger des revendications loufoques.

Depuis le milieu des années 1970, nous apprend Michéa, une Bald Pride est organisée chaque année par ceux qui considèrent l’alopécie comme une grave forme de discrimination. (4) Orwell a théorisé cette contradiction sous le nom de double-pensée, concept que reprend Michéa, à savoir deux propositions incompatibles formulées concomitamment.

Dans les cas de lutte contre toutes les discriminations, rappelons au préalable que discriminer signifie distinguer. Refuser la distinction serait donc, en somme, comme refuser la diversité d’une société, puisqu’à moins d’aspirer à une homogénéisation totale, chacun serait perpétuellement potentiellement discriminé par rapport à autrui, d’une manière ou d’une autre. Cette demande de reconnaissance de diversité serait donc en même temps le refus, la mort de cette diversité.

Du point de vue éthique, les conséquences seraient désastreuses. Rien ne s’oppose, note Michéa, à ce que la prostitution soit considérée comme un métier normal. Pour le justifier, il suffirait d’invoquer la liberté de disposer de son corps comme chacun(e) l’entend. Mais, ajoute-t-il ironiquement, si l’école est destinée à orienter le futur travailleur vers le Marché et que la prostitution est un métier comme un autre, le diplôme adéquat doit être prévu, tout comme ses conditions d’examen et de validation théorique et pratique.

Dans le même ordre d’idées, il mentionne l’anecdote, malgré tout paradigmatique, des ouvrières licenciées pour cause de fermeture d’usine mais qui se sont vues proposer un reclassement en tant qu’hôtesses de charme dans un Eros Center. Tout comme a fait jurisprudence, en 2003, l’affaire où l’on jugea bon de se demander si des rapports cannibales entre personnes consentantes pouvaient être autorisés. (5)

En refusant de moraliser, le libéralisme est ainsi condamné à une perpétuelle fuite en avant. L’altérité même se noie dans la réduction de l’Autre à un pur objet à usage unique de consommation touristique. Le potentiel humain à découvrir et avec qui tisser des liens est évacué. (6)

Le nécessaire Marché total

Pour éviter toute perte de contrôle, cette fuite en avant des droits a besoin, poursuit Michéa, de s’appuyer sur le Marché, lieu où les intérêts s’équilibrent et s’harmonisent prétendument, par un « ordre spontané ». Pour continuer à faire tourner celui-ci, la propagande publicitaire, « sans laquelle le dressage capitaliste des humains resterait un vain mot » (7) est déterminante, car promotrice masquée des modèles à respecter et admirer. La domination sur les esprits est, de la sorte, plus insidieuse.

Le néolibéralisme fonctionne davantage à la séduction qu’à la répression. La main invisible matriarcale, pour reprendre Michéa, a remplacé la main visible patriarcale. Et dans sa fuite en avant, le libéralisme se doit d’opérer une marchandisation complète, étendue à tous les domaines. Particulièrement attaché au football, Michéa a étudié les conséquences de la logique marchande sur ce sport, devenu une industrie. Le football serait devenu conforme lui aussi à la recherche libérale du moindre mal.

L’argent, devenu le principal enjeu, aurait de ce fait vidé ce sport de sa substance. Il ne serait plus question désormais, tactiquement, « (…) de construire pour gagner, mais de détruire pour ne pas perdre. » (8) Le tournant décisif, l’arrêt Bosman de 1995, augmenta le nombre des transferts. Surtout, le devenir du football représenterait la transformation engendrée par la marchandisation de la société : « soumission des clubs au pouvoir de l’oligarchie financière […], médiatisation grotesque de l’événement sportif, lui-même trop souvent « commenté » par des experts incompétents, généralisation de la corruption et du dopage, […] multiplication des efforts pour substituer au joyeux public traditionnel des stades, connaisseur et gouailleur, la figure bariolée et nettement plus manipulable du supporter. » (9)

L’argent prime sur l’attachement, au nom du professionnalisme. (10) Enfin, dans La double pensée, Michéa évoquait encore cette direction industrielle libérale du football, en citant Aimé Jacquet, ancien sélectionneur de l’équipe de France, qui déclarait que « le beau jeu est une utopie ».

Le football ne serait qu’un des innombrables exemples de la même veine démontrant que la culture populaire, désormais, serait devenue une culture de masse, une standardisation des créations selon les lois de l’industrie destinées à pérenniser le système marchand. Une extension inévitable, pour Michéa, où l’homme, suite à la destruction du symbolisme par l’anthropologie capitaliste, est réduit au stade de « machine dévorante », ingurgitant ce qu’il appela ailleurs des « niaiseries œdipiennes ». (11)

Le mécanisme psychologique à l’œuvre en serait la jouissance grégaire de biens inutiles mais perçus comme la condition d’accès à la jouissance, de préférence sans effort. Cette mutation, que Lasch a analysée dans son essai Culture de masse ou culture populaire ?, préfacé par Michéa, a été initiée aux Etats-Unis dès les années 1930. Baptisée le sloanisme (du nom d’Alfred Sloan, président de General Motors), elle a marqué le début de la révolution culturelle libérale. Une révolution consumériste qui, si nous reprenons les propos d’Orwell, vise au retour « vers l’animalité ». (12)

De l’accélération anthropologique à l’ingénierie sociale

Le « dispositif historique compliqué » du libéralisme lui confère une « ambigüité constitutive ». (13) L’École républicaine, par exemple, destinait à l’intégration au nouvel ordre marchand. Pourtant, des savoirs, vertus et attitudes contraires aux implications de cet ordre étaient encore enseignés, notamment par la culture classique.

Pour Michéa des survivances de l’ancienne époque, notamment civiques, ont perduré, d’où le maintien de certaines valeurs contraires aux intérêts économiques, dont l’institution scolaire est un exemple. Mais malgré cela, l’Économie y devient toujours plus imposante, notamment grâce à un précédent ayant offert le contexte politico-culturel favorable pour que l’École mute. Cet infléchissement fut le passage par le mai 68 étudiant, cette transition libérale-libertaire.

Le moment libéral-libertaire

Historiquement pourtant, cet avènement du néolibéralisme n’était pas gagné d’avance. D’après Michéa, le modèle libéral a montré ses limites dans les années 1970, où il est entré en crise. Pourtant, il n’en est pas moins resté la seule voie envisageable pour les dirigeants. A ce moment, les côtés politico-culturels et économiques du libéralisme se seraient réellement imbriqués pour former le néolibéralisme.

Dans cette symbiose, mai 68 a joué un rôle déterminant. Michéa insiste toutefois sur la nécessité d’éviter la confusion et l’essentialisme sur cette période. D’une part, expose-t-il, il y eut le mai 68 des travailleurs. Celui-ci fut, à l’en croire, la plus grande grève ouvrière du pays. Son but était d’élaborer des propositions alternatives au monde du Spectacle-Mode-Communication, dans une optique populiste. Ses idées s’avéraient donc irrécupérables par le libéralisme-libertaire – d’où les moqueries suscitées à l’encontre du baba-cool aspirant campagnard et éleveur de chèvres. Nous pourrions le résumer sous le slogan « A bas la marchandise ».

De l’autre côté, la régression œdipienne du mai 68 étudiant se traduisait au contraire par « Vive la marchandise », et contribua à faire de la jeunesse, simple moment de la vie, un marché. (14) Où l’on assista donc, pour Michéa, à une libéralisation des mœurs, mais nullement à leur libération effective. (15) Ce qui explique entre autres facteurs, d’après lui, les fréquentes références du système marchand à l’imaginaire de mai 68 pour vendre ses produits. Et faire passer l’idée qu’en consommant, on était forcément un révolutionnaire luttant contre l’ordre bourgeois.

En 1983-84, la Gauche au pouvoir dut proposer à la jeunesse un idéal de substitution mais compatible avec la mondialisation libre-échangiste. L’idéologie anti-raciste – non le fait de ne pas être raciste, mais de se proclamer anti-raciste (16) – permit ce glissement. A partir de là, toute critique de l’économie fut évacuée. Tout sujet gênant fut, dans le même ordre d’idées, accusé de faire le jeu du Front national.

Le libéralisme-libertaire de mai 68 permit la promotion d’un modèle social atomiste, celui de l’individualisme libéral. Les survivances anciennes furent balayées comme bourgeoises et l’homme nouveau invité à vivre sans temps morts et jouir sans entraves. La famille traditionnelle, avec son modèle patriarcal, devenait le foyer du libertarisme. Indistinctement, toutes les figures symboliques immémoriales furent déclarées comme également archaïques. La Consommation, quant à elle, accéda au rang de métaphysique du désir et du bonheur.

Les produits du Marché constituaient la condition de l’épanouissement. Les injonctions libérales-libertaires représentaient alors, pour Michéa, les « commandements les plus sacrés des Tables de la loi moderne ». (17) A condition, bien entendu, de pouvoir se permettre d’être le parasite qui échappe au processus de production. Celui-ci, aliénant et ne rétribuant que chichement les salariés, ne leur donne pas les moyens d’ériger le consumérisme en mode de vie.

De plus, tenus par leur emploi, ils ne pouvaient pas se permettre de rester oisifs. Sans oublier que cette atomisation libérale est contraire aux formes de socialité traditionnelles encore présentes à ce moment sur le lieu de travail. Mais comme le précise par ailleurs Michéa, la société de consommation n’implique pas que tous aient les moyens de consommer.

École & ingénierie sociale

Dès lors, le système néolibéral n’a nullement besoin d’aiguiser la capacité critique des élèves. Au contraire, il doit créer une école en adéquation avec ses dogmes, ce qui expliquerait la crise de l’institution. D’après Michéa, l’Ecole n’a pour but que de former à « la guerre économique mondiale du 21ème siècle ». (18) L’ignorance, nous expose-t-il, serait devenue nécessaire à l’expansion de notre société. Précisons que ce qu’il entend ici par ignorance n’est pas tant le savoir que le déclin de l’intelligence critique : « L’expérience nous apprend qu’un individu peut tout savoir et ne rien comprendre. » (19)

L’enseignement ne s’est donc pas démocratisé mais adapté aux vœux de l’ingénierie sociale. Brezinski, en 1995, a proposé le tittytainement, sorte de panem et circenses post-moderne. Après calcul – dans les cercles fermés – que deux dixièmes de la population mondiale suffisent à assurer la production, il proposa d’encadrer la population surnuméraire en la dérivant vers un abêtissement généralisé. Les principes libéraux se sont donc étendus à l’École, par l’influence des lobbies industriels et financiers européens, relayés par l’OCDE et la Commission européenne. (20)

La double transformation nécessaire fut, dès lors, effectuée : l’enseignant dispensateur de savoirs s’est mué en animateur – d’où son besoin de théâtralité toujours grandissant – et l’École s’est changé en lieu de vie, une garderie citoyenne mais néanmoins ouverte aux marchandises et nombreuses associations municipales et « citoyennes ».

Si l’École se soumet à cette orientation, il en est de même pour les autres secteurs. Il est question d’enseigner aux élèves un « illogisme politiquement utilisable ». (21) Les vrais savoirs et comportements civiques de base représentent, quant à eux, une menace pour le système, qui a davantage intérêt à produire un « consommateur incivil ». (22) La panacée restant toutefois, si l’on suit Michéa, la transformation de l’élève en crétin militant, l’anti-système piloté par le système, le faux marginal en réalité dans la norme. (23) La culture jeune est par exemple présentée comme une attitude rebelle, mais il s’agit en fait d’une rébellion rentable.

Avec, en exemple paradigmatique, la « Caillera ». Michéa critique l’analyse essentialiste et strictement positiviste de la sociologie officielle, qui voit les délinquants comme des rebelles à l’ordre établi, des révoltés face à l’exclusion. La Caillera, pour lui, n’est pas intégrée à la société, car la société suppose le don et l’échange symbolique. En revanche, elle est intégrée au système capitaliste. Souhaitant juste devenir les « golden-boys des bas-fonds », les « Cailleras » ne feraient que recycler l’imaginaire capitaliste dont ils ont intériorisé les codes et les axiomes.

Mais il ne s’agit pas, ajoute-t-il, d’une cause exclusivement sociale, car la délinquance aurait explosé au début des années 1970, en pleines Trente Glorieuses. Il s’agirait au contraire de la manifestation en actes de cet homme nouveau créé par l’axiomatique libérale, ne poursuivant que la recherche de son intérêt bien compris.

Ceci, même aux dépens de toute décence et du sens humain des limites à ce qui se fait et ne se fait pas, en l’absence de montages normatifs arbitraires. L’impulsion libérale-libertaire, relayée par une École aux ordres de l’ingénierie sociale, a donc en fin de compte mis en place les conditions favorable à l’accélération de la mutation anthropologique induite par la mécanique libérale. (24)

(1) Michéa (J.-C.), in Lasch (C.), Culture de masse ou culture populaire ?, préface, pp.18-19.

(2) La double pensée, p.109.

(3) Ibid., p.241.

(4) Ibid., p.43n.

(5) L’empire du moindre mal, respectivement scolie [D] du premier chapitre « L’unité du libéralisme », pp.60-61 pour les deux premières anecdotes, et p.98n pour la seconde.

(6) Ibid., p.83.

(7) Ibid., p.189.

(8) Michéa (J.-C.), Les intellectuels, le peuple et le ballon rond, p.28.

(9) Ibid., pp.25-26.

(10) Orwell éducateur, pp.115-116. Nous y apprenons sous la plume de Michéa que « le gardien de but de l’Olympique lyonnais, Grégory Coupet, ayant commis la faute d’évoquer son rapport au Club en termes d’« attachement », il était logique que Jean-Michel Aulas, PDG de l’entreprise « Olympique lyonnais » le corrige aussitôt : « J’ai trouvé ses remarques étonnantes, parce que, quand on est professionnel, on ne parle pas d’amour mais d’argent, et ça n’a rien de choquant » (France Football, 11 juillet 2003) ; comme quoi, à Madelin, Madelin et demi. »

(11) L’enseignement de l’ignorance, p.37.

(12) Orwell (G.), Essais, articles, lettres, volume IV, 19, « Les lieux de loisirs », p.104.

(13) L’enseignement de l’ignorance, p.32.

(14) Ibid., [E] « A propos de mai 68 », p.95n2.

(15) Dans Orwell éducateur, Michéa pointe ainsi « la différence entre une libération authentique (qui accroît, par définition, notre puissance de vivre humainement) et une simple libéralisation des mœurs, qui, selon la formule de Lasch, n’autorise les individus à s’émanciper de la Tradition que pour les soumettre aussitôt à la tyrannie de la Mode. », scolies II, [E], p.48. C’est Michéa qui souligne.

(16) « Quant aux fondements psychologiques réels de l’ « antiracisme » perpétuellement affiché par les stars du showbiz ou les professionnels des médias, Rousseau, dans l’Emile, avait déjà tout dit : « Défiez-vous – écrivait-il – de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leur livre des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins. » Quiconque a fréquenté de près ces gens-là ne peut avoir aucun doute là-dessus. », L’empire du moindre mal, p.83n. C’est Michéa qui souligne.

(17) Ibid., p.36.

(18) Ibid., p.39.

(19) Ibid., p.15n.

(20) Impasse Adam Smith, pp.28-29.

(21) L’enseignement de l’ignorance, p.47n1.

(22) Ibid., p.48.

(23) Michéa (J.-C.) in Lasch (C.), La révolte des élites – et la trahison de la démocratie, preface, p.12.

(24) Ibid., [C] « La Caillera et son intégration », pp.79-86.

 






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8 Commentaires

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  • #46295
    Le 17 septembre 2011 à 07:06 par chamois
    Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

    A propos de la prostitution : : Si certains veulent apprendre ce métier, le pratiquer, qu’ils le veulent librement, je ne vois vraiment pas où est le problème.
    Et qui va édicter la morale qui trouvera indécent de vouloir pratiquer un métier du sexe ? Qui aura légitimité à l’interdire, à règlementer la vie des autres ? Des spécialistes de la morale ou du droit ?

    L’éthique est un ensemble de valeurs personnelles que l’on s’applique personnellement, alors que la morale est un ensemble de valeurs qui doivent s’appliquer à tous, y compris à ceux qui ne sont pas d’accord ; et la méthode d’application passe par le droit (qui peut être patriarcal, ou matriarcal, dans une tribu, et qui devient institutionnel dans un état).
    Pour en revenir à la prostitution, une prohibition ne peut qu’être morale ; et de la même manière, une obligation de cette pratique serait également le fait d’une morale. En terme d’éthique, chacun est libre de la pratiquer, ou pas, selon ses convictions intimes.

     

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    • #46583
      Le Septembre 2011 à 23:30 par V
      Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

      Ca c’est du langage de judéo-maçon satanique. C’est efficace pour faire des murailles et des ghettos, mais pas pour construire des sociétés évoluées. Il doit y avoir une morale, bouquetin. Sinon " tu ne tueras pas " tu places ça ou ? Dans l’éthique ou la morale ? Et ça vient d’où ? des loges ou des écrits saints ? Bon , alors faut arrêter de nous saouler avec l’éthique qui remplacerait la morale. Et pourquoi reprennent-ils les cours de morale à l’école ton avis ? Parce que sinon, dans moins de 5 ans, tout le monde se tire dessus et s’entredéchire. La paix se construit aussi avec la morale, mais si tu préfères les gourdins et l’éthique ...Quant à la prostitution, c’est une atteinte à la dignité humaine. Le respect de la dignité humaine et donc la pudeur sont des prérequis pour une société en harmonie. La prostitution contribue à briser les liens qui se créent naturellement entre les humains et elle abaisse le niveau de considération de la femme ou de l’homme. Et comme la liberté s’arrête ou commence celle des autres, par conséquent, la prostitution n’a pas sa place en société car elle a une incidence néfaste sur le reste des individus. donc les convictions, c’est bien d’en avoir, mais chacun n’est pas libre de les mettre en pratique, du moins sous les yeux de tous. En plus, je suis certain que si t’avais trois grosses en string, les miches à moitié à l’air devant ta porte d’entrée, tu serais le premier à râler.

       
    • #46600
      Le Septembre 2011 à 01:14 par Panisse
      Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

      C’est ce qu’on appelle la pensée libérale et on voit où ca nous mène...
      Quand l’Église est en ordre et que son autorité est respectée, (pareil en Iran avec l’autorité représentée par le guide) ce genre de chose est inconcevable.
      Autorité spirituelle respectée et pouvoir temporel légitime sont les bases d’une gouvernance saine.

       
    • #46654
      Le Septembre 2011 à 12:45 par Titus
      Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

      Pour voir où est le problème, il faut pousser le raisonnement jusqu’au bout de sa logique. Si la prostitution est un métier comme un autre, alors de l’Éducation Nationale, qui a vocation à former à tous les métiers, devrait également former aux métiers de la prostitution, en proposant une filière "pute" avec BAC Pro ou BTS, cours, TD et travaux pratiques.

      Autre exemple, si la prostitution est un service à la personne, alors une chômeuse dans cette branche d’activité pourrait se voir proposer/imposer un emploi de ce type.

       
    • #46658
      Le Septembre 2011 à 13:28 par yu
      Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

      pour ce qui est du pole emploi et de la prostitution ,vu l’état actuel des choses ça pourrait se prolonger par = au bout de trois refus de propositions de prostitution =nous vous coupons vos allocs...(le proxénétisme n’est pas loins,le costume change). et puis pour ce qui est de l’éthique et de la morale ,et du droit (pour la permission en fait..) , et de la prohibition ou "obligation (à qui ?) de cette "pratique" , il faudrait peut étre ne pas inverser (ou mélanger) le droit et la morale .... car pour ne pas se perdre en considérations de est ce bien ou non ? ect... comme tu le dis ,cela reléve de l’éthique . cherchons plutot d’ou viens ce momment ou l’éthique "privée" d’une personne ,donne le déclic à la volontée(de cette personne) de" s’engager dans la prostitution". en tout cas à ma connaissance (d’aprés ce que j’observe autour de moi..) ,je ne connais pas de cas de jeunes enfants "souhaitants" plus tard devenir putes ou gigolos... donc à quel momment intervient l’éthique "privée" d’un étre humain (s’il s’agit donc d’éthique) à propos de la prostitution ? je ne juge pas ,je participe au poussage de logique ....est ce moraliste ?

       
  • #46366
    Le 17 septembre 2011 à 22:23 par damien
    Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

    Le deuxième morceau est plus dans notre réelle et plus direct
    — 

    Les meilleures phrases :

    L’idéologie anti-raciste – non le fait de ne pas être raciste, mais de se proclamer anti-raciste (16) – permit ce glissement.
    ...
    Après calcul – dans les cercles fermés – que deux dixièmes de la population mondiale suffisent à assurer la production, il proposa d’encadrer la population surnuméraire en la dérivant vers un abêtissement généralisé.
    ...
    La Caillera, pour lui, n’est pas intégrée à la société, car la société suppose le don et l’échange symbolique. En revanche, elle est intégrée au système capitaliste. Souhaitant juste devenir les « golden-boys des bas-fonds », les « Cailleras » ne feraient que recycler l’imaginaire capitaliste dont ils ont intériorisé les codes et les axiomes.

    Ca me rappelle l’interview d’une caillera en prison :
    - Tu avais trouvé un travail ?
    - Euh, ... oui ... dans la peinture mais j’avais trop mal au dos.
    J’ai laissé ça aux autres, y a plus facile.

     

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  • #46423
    Le 18 septembre 2011 à 10:21 par yu
    Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

    la ligne libérale est parfaite pour un monde de robots, tu balance le programme et ça execute, les modifications de programmes se font au traver de "l’éthique" ect.... comme pour l’informatique il y a plusieurs "languages" qui sont inventés suivant les besoins du momment , ces languages sont regroupés sous la banniére de la novlangue. ce qui caractérise bien sur cette "idéologie" est son cynisme absolue ,ce cynisme est désormais synonime de bon sens ,de recul de smaturitée.... le zombi libérale use de cynisme car dans sa société il est de bon ton de railler les "anciennes valeurs" . il est trés juste de faire remarquer que cette éffort de déracinement perpetuel engendré par l’enseignement actuel est dans la logique de la production en série ,un usinage de produit à durée déterminés (car les racines sont absolument négligées) =des cyniques nihilistes et des faux rebelles aux revendications de type "publicistes" ....donc l’enseignement actuel est comme le joueur de flute menant les rats à la noyade,mais bon ,l’on ne peut mettre de coté le role des "médias" qui avec la puissance technologique et l’omniprésence déployé pour relayer la messe de big brother, met d’entrée de jeu l’école sur la touche. car les médias sont la séduction face à la ringardise (voulue et entretenue) de l’enseignement (dans l’ensemble ..) "institutionel". il semblerait que le systéme liberal-libertaire ait inventé un nouveau dieu qui s’auto régule = le marché. mais cette auto régulation quand on la constate dans le réel du quotidien montre plutot des signes de recroquevillements ,de crispation ,de renfermement,d’isolement.

     

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  • #95701
    Le 4 février 2012 à 23:29 par youssef
    Le libéralisme réellement existant d’après Michéa

    C’est pas mal du tout et très instructif ! cohn-bendit devrait le lire !
    tout ce qui est polémique, tout ce qui est à la mode , tout militantisme est suspect ; et au fond l’avant-garde du capitalisme en marche...tout ce qui rencontre une résonance médiatique est issu du capitalisme ou y entre...il y a la société d’un côté et le capitalisme de l’autre !
    le capitalisme est le miroir inversé d’une société équilibrée et sacrée : tout y est inversé, les êtres comme les mots, tout y est disproportionné, soumis à l’impératif de la rentabilité- on consent à nourrir les hommes afin qu’ils servent les machines...

     

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