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Le mouvement Hamas se prépare aux élections

Avec un mouvement islamique dont la popularité ne cesse d’augmenter à Gaza et en Cisjordanie, Abbas se prépare déjà à une victoire du Hamas [résistance islamique] lors des prochaines élections.

Le Hamas a entamé ses préparatifs pour les élections présidentielles et législatives, a annoncé Khalil Al-Hayya, un des premiers responsables politiques du mouvement.

C’est la première fois que le groupe décide de concourir dans une élection présidentielle et il se pourrait bien qu’un dirigeant du Hamas prenne la tête de l’Autorité Palestinienne.

Dans ses commentaires, diffusés au cours du week-end, Hayya a expliqué que le Hamas se consacrait surtout au gouvernement actuel d’union à Gaza, mais il a également voulu assurer qu’une stratégie avait été définie en cas de la tenue d’élections. Il a insisté sur le fait que son mouvement était déterminé à mettre fin aux divisions et à participer à la construction de nouvelles institutions sur la base de la transparence et du partage du pouvoir.

« Il n’est pas possible que chacun agisse de son côté » a-t-il dit.

L’annonce a été faite lors d’un évènement commémoratif organisé dans la ville de Beit Hanoun à la mémoire des plus de 2 100 Palestiniens assassinés cet été pendant la guerre de 51 jours contre Gaza. Cet évènement a été suivi par des milliers de personnes, dont l’ancien Premier Ministre palestinien Ismail Hanyieh et plusieurs autres dirigeants du Hamas.

Le discours semble refléter une volonté de la direction du Hamas de présenter une nouvelle vision des choses pour le mouvement, Hayya affirmant à plusieurs reprises la nécessité de nouvelles élections et une plus grande réunification politique et militaire palestinienne, face à l’occupation israélienne.

« Chacun réalise que la politique du blocus a échoué, et le siège contre la résistance a cessé et ne reviendra pas » a dit Hayya.

« Le monde et ses forces tyranniques qui nous ont imposé le blocus ont fini par le trouver inutile, en raison de la présence de la résistance. »

Israël a essayé à plusieurs reprises d’assassiner Hayya au cours des dernières années. La dernière tentative s’est produite pendant l’offensive de cet été quand les forces d’occupation ont bombardé sa maison, tuant son fils, sa belle-fille et son petit-fils. Avant cela, plusieurs de ses parents avaient été tués quand les F-16 israéliens ont frappé des endroits où il était censé devoir se cacher. Malgré cela, Hayya est resté résolu et a promis de poursuivre la résistance.

« Nous sommes maintenant plus sûrs et certains… qu’il n’y a aucun endroit pour des occupants sur notre terre » dit-il.

Le Hamas continuera à développer de nouvelles techniques, en dépit du blocus qui ne l’a pas empêché de fabriquer des fusées et d’augmenter ensuite leur puissance, a-t-il expliqué.

L’ex-président palestinien Mahmoud Abbas [élu en 2005 et dont le mandat a expiré depuis plusieurs années - NdT], issu du camp rival du Fatah, a semblé se résoudre à une victoire du Hamas, indiquant ce mercredi à une station de télévision égyptienne qu’il serait disposé à remettre son poste à un candidat du Hamas si ce mouvement remportait la prochaine élection. Le Hamas ne s’était pas opposé à Abbas lors de l’élection présidentielle de 2005, mais il avait présenté des candidats aux élections parlementaires de 2006.

« Nous sommes prêts pour des élections présidentielles dès demain, et si le Hamas gagne, il sera alors au pouvoir » a dit Abbas.

Il se peut que cette déclaration fasse référence au problème actuel se posant à des dizaines de milliers d’employés à Gaza, mais si une telle transition pouvait se faire, ce serait un changement énorme par rapport au drame qui a suivi les élections de 2006.

Le Hamas avait alors emporté une majorité de sièges à Gaza, tandis que le Fatah se trouvait en première position en Cisjordanie. Les tensions qui avaient suivi ont divisé la politique palestinienne, mais l’annonce le 2 juin dernier d’un gouvernement de techniciens a suscité des espoirs pour un rapprochement qui puisse durer.

Selon l’accord convenu entre le Hamas et le Fatah, le gouvernement de dix-sept membres est censé travailler pour l’unité et la paix jusqu’à ce que des élections - programmées pour 2015 - puissent être tenues.

 

Une période électorale ?

Pour l’instant, il n’y a pas beaucoup de discussions dans les organisations palestiniennes au sujet d’élections. Mais si celles-ci avaient lieu aujourd’hui, il semble bien que le Hamas pourrait avoir le dessus.

Dans un sondage réalisé le mois dernier, le Hamas est apparu comme dominant le scrutin dans les élections présidentielles et parlementaires - ce qui serait la première fois depuis que les Palestiniens ont voté en faveur du Hamas en 2006.

Selon Adnan Abu Amer, un analyste politique basé à Gaza, le Hamas prévoit d’appliquer à nouveau sa stratégie des élections parlementaire de 2006 et de l’étendre aux élections présidentielles.

« Le Hamas craint que les élections prochaines ne soient le moyen soft de le pousser hors de l’arène politique » nous a-t-il expliqué.

« Mais le Hamas est déterminé à ne pas se laisser faire et il a tiré les enseignements de son expérience de gouvernement. Il est prêt à tirer les leçons du passé, à corriger ce qui doit l’être et à évoluer » dit-il encore.

D’ailleurs, le mouvement sait que le moment est idéal pour prendre le dessus, a-t-il ajouté.

Selon l’enquête basée sur les interviews d’un millier de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie, il y a eu une évolution en popularité sans précédent au profit du Hamas. C’est en très grande partie lié à la capacité de résistance du Hamas durant l’attaque israélienne de cinquante-et-un jours contre Gaza cet été.

L’enquête montre que le dirigeant du Hamas, Ismaïl Hanyieh, l’emporterait avec 60 % des voix dans une confrontation électorale avec Mahmoud Abbas, lequel n’emporterait que 32 %.

Plus de 50 % des personnes interrogées ont indiqué que la résistance armée aidera les Palestiniens à réaliser leur ambition d’avoir leur propre état - une indication que la majorité de Palestiniens voudrait voir adopter la stratégie de la lutte armée du mouvement islamique pour chasser l’occupant.

Quelques documents internes du Hamas montraient plus tôt dans l’année que la popularité de Hamas faisait face à une baisse régulière.

Cette évolution était visible avant la guerre 2014, avec une enquête menée par l’Institut de Washington pour la Politique au Proche-Orient, prouvant que 70 % des Gazaouis voulaient que le Hamas maintienne un cessez-le-feu avec Israël, et 57 % préférant le Fatah au Hamas.

Mais l’appui au Hamas semble avoir rebondi et s’être rapidement développé, surtout en Cisjordanie où le ressentiment ne cesse de grimper concernant les actions de l’Autorité Palestinienne, qui n’a absolument rien obtenu dans les entretiens de paix ni empêché la construction massive de colonies, et qui a réprimé les manifestations de soutien à Gaza cet été.

Même si popularité du Hamas à Gaza sur le long terme finit par se réduire, selon Abu Amer, le Hamas est encore très bien placé pour l’emporter, et ce pour plusieurs raisons. « En faisant de simples calculs, la population de la Cisjordanie est plus large que celle de Gaza et cela peut équilibrer n’importe quelle perte potentielle à Gaza où la population est plus réduite » dit Abu Amer.

Selon le Bureau central de statistique palestinien, en 2010 il y avait 2,5 millions de Palestiniens en Cisjordanie et 1,7 millions à Gaza. Comme un plus grand pourcentage de la population peut voter en Cisjordanie - presque le double de ceux pouvant voter à Gaza - cela augmente les chances en faveur de Hamas, nous dit Abu Amer.

Les observateurs et les analystes tendent à s’accorder sur le fait que l’AP de Ramallah pourrait regagner du terrain si elle parvenait à imposer l’ouverture des postes-frontière autour de Gaza et à accélérer le processus de reconstruction et de reprise économique à Gaza. Mais d’autre part, si le Hamas tient effectivement prisonnier un soldat israélien et parvient à négocier un échange dans un sens favorable aux Palestiniens - comme dans le cas de la libération du prisonnier Gilad Shalit en 2011 - alors la vague de la popularité attendue pour le Hamas pourrait bien miner les derniers espoirs d’Abbas et du Fatah.

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