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Les auteurs du GIEC sommés de se tenir "à distance" des médias

Méfiez-vous des journalistes. Début juillet, les 831 scientifiques et économistes sélectionnés pour rédiger le prochain rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) ont tous reçu une lettre de la présidence de l’institution onusienne, les invitant à la plus grande prudence dans leurs rapports avec la presse.

Le courrier, révélé samedi 10 juillet sur son blog par Andrew Revkin, professeur à la Pace University de New York, est sans ambages. "Mon conseil sincère serait que vous vous teniez à distance des médias, y écrit le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri. Toute question posée sur votre groupe de travail devrait être redirigée vers ses coprésidents et toute question sur le GIEC devrait être redirigée vers son secrétariat."

A l’évidence, les nouveaux auteurs du rapport 2014 sur le réchauffement n’auront pas uniquement à synthétiser l’état de l’art en sciences du climat. Ils devront aussi composer avec la curiosité de la presse, piquée par une série d’affaires qui, surtout outre-Manche, ont alimenté la chronique depuis la fin 2009.

Pendant des mois, la presse britannique a enchaîné les gros titres accusant le GIEC (ou certains de ses auteurs) de complot, d’incurie ou de catastrophisme. Ces accusations ont depuis été balayées par plusieurs enquêtes, mais il en a résulté une plus grande défiance du public à l’égard des climatologues. Et une grande défiance des climatologues à l’encontre des médias.

En avril, l’organisme onusien faisait circuler parmi ses auteurs un document leur prodiguant des conseils dans leur rapport avec les journalistes, dressant de ceux-ci un portrait-robot peu flatteur : "sous-payés", "débordés", "blasés" et "inquisiteurs".

Le courrier de M. Pachauri a suscité l’émoi de certains de ses destinataires. Le panel onusien veut-il contraindre ses contributeurs au silence ? L’économiste indien a répondu dans une mise au point, soulignant que les auteurs du GIEC n’en sont pas salariés. Et que, partant, ils peuvent s’exprimer comme membres de leur université ou de leur laboratoire, mais qu’"à ce stade, ils ne devraient pas s’exprimer au nom du GIEC".