En partie grâce à l’argent du pétrole, Chavez put mettre en oeuvre toutes ses révolutions nécessaires : à l’instar de Sankara, il instaura d’abord une réforme agraire : les sols furent rentabilisés pour que, par exemple, les vénézuéliens ne consomment plus le cacao ou le tabac importé. Des centaines de milliers de famille furent aussi installées sur les terres, jusque là latifundios monopolisés par de riches propriétaires acoquinés avec banques et industries étrangères. Avant cela, 40% de la population s’étaient égarées dans le secteur informel du petit commerce, ce qui a ruiné le pays. Michel Collon raconte qu’on ne pouvait faire un pas « sans buter sur l’échoppe d’un buhunero, petit vendeur sans licence » de boissons, cigarettes, gadgets, vêtements, téléphones…
Ainsi Chavez relança la culture du travail productif.
Un Etat à la fois fort et populaire favorisant dès lors une économie mixte avec secteur privé, public et coopératif (plus de 70000 coopératives aujourd’hui) ; récupérant les entreprises abandonnées par les patrons mais maintenues par les ouvriers ; redistribuant les revenus ; garantissant des crédits importants sans taxes ; et indemnisant les multinationales pour mieux nationaliser l’acier, le ciment, la téléphonie ou internet.
La banque centrale vénézuélienne, contrôlée par les élus et non les banques privées, est désormais subordonnée aux intérêts du peuple. Ses réserves -comme elles devraient l’être dans toutes les banques centrales de la planète- constituent une partie du Trésor Public. Les taux pour la monnaie restent fixes et stables.
En bref, un ministère de l’économie populaire, un développement endogène, des flux financiers contrôlés… Nous sommes loin des « privatisations massives » du plus volage des anciens ministres français – accessoirement socialiste ! - de l’économie, des finances et de l’industrie.
De toute façon, privatiser c’est exclure.
C’est instaurer le monopole du privé contre les consommateurs. En outre, les bénéfices issus d’une privatisation prennent généralement le chemin de ceux qui en ont le moins besoin. Quand un ministre privatise, c’est la preuve que c’est la finance qui gouverne.
Mais concluons sur le Venezuela. Ce pays aurait pu s’aligner comme d’autres nations puissantes, dites démocratiques, en investissant ses dollars dans la guerre ou la quête de pétrole. L’impératif semble ailleurs : l’investissement prioritaire demeure l’amélioration du sort de toute la population. Ecoutons Chavez le 24 Août 2011 :
"Le Venezuela a investi 400 milliards de dollars dans le social depuis 10 ans. Il est le pays le moins inégalitaire de toute l’Amérique. Il a réussit en une décennie à réduire de plus de moitié la pauvreté structurelle héritée de 100 ans."
Nous invitons les médias à se rendre au cœur du Venezuela, loin des réceptions de la bourgeoisie compradore des beaux quartiers de Caracas – une bourgeoisie certes accueillante mais en rien représentative de l’épanouissement général.
Comment ne pas constater aujourd’hui les produits locaux vendus partout bon marché, les soins, les transports en commun, internet et le téléphone portable à des sommes modiques et donc accessibles à tous. Et que dire de ces cantines publiques ou comedores pour les plus de 60 ans, ou encore ces écoles de musique gratuites pour tous !
Pour finir, un petit pourcentage qui ne devrait pas déplaire à Emmanuel Todd, le Venezuela est le pays qui étudie le plus au monde : grâce aux bourses généreuses, 36% de la population s’instruit… contre 25% en France (15 millions de personnes) !