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Mort de Vangelis : Evángelos Odysséas Papathanassíou n’était donc pas un réplicant

Les plus de 40 ans ont l’impression de l’avoir toujours connu, ses musiques de film ont bercé nos oreilles depuis si longtemps. On pensait même qu’il était peut-être déjà mort – c’est souvent le privilège des personnalités atemporelles. D’ailleurs son second prénom, Ulysse en français, ne rappelle-t-il pas que son âme voyage par sa musique dans nos consciences depuis toujours et pour toujours. Comme on le disait de Mozart, finalement, le silence qui règne désormais aujourd’hui, c’est toujours du Vangelis.

 

Nos lecteurs excuseront nos envolées lyriques, mais c’est l’esprit chargé des images, des bruits et des sons de Blade Runner (1982) que nous écrivons ces quelques lignes. Ce chef d’œuvre filmique, probablement le plus beau film du cinéma et dont il faut revoir le travail sur la lumière ainsi que la splendide et rarement égalée photographie, offre au spectateur un long-métrage dont chaque trame est un instantané que l’on pourrait retenir pour l’encadrer.

La chaleur de l’argentique, l’exigence et le non-droit à l’erreur de l’analogique relègue aux accessoires le très (trop) numérique Blade Runner 2049 (2017) qui fait pâle figure sur ce plan. Et puisqu’on parle de musique, celle du pauvre Hans Zimmer – pourtant exceptionnel sur Interstellar (2014) – peine à singer l’ambiance musicale de Vangelis en se limitant à quelques simples textures sonores et de rares accords sans saveur. N’est pas Vangelis – le maître de la synthèse – qui veut !

Interview au Los Angeles Times (2019) à propos du film dystopique Blade Runner :

Quand j’ai vu les images, j’ai compris que c’était ça l’avenir. Pas un bel avenir, bien sûr. Mais c’est vers quoi nous allons.

Ceux qui ignorent encore ce film doivent le découvrir avant de rejoindre eux-même son compositeur, en proscrivant les petits écrans et les enceintes d’ordinateur, par respect pour les auteurs :

 

 

Né en Grèce en 1943, c’est dans les années 60 que Vangelis commença la musique. D’abord le jazz puis le rock progressif (avec le fameux Aphrodite’s Child dans lequel jouera Demis Roussos à la basse), c’est-à-dire des musiques exigeantes qui requiert de vrais musiciens. Il s’essaye à quelques musiques de films et de documentaires dans les années 70, puis rejoint presque le groupe Yes (alors dans sa grande époque progressive) pour finalement préférer enchaîner plusieurs albums solos.

Le succès international viendra en 1981 avec la bande originale du film Les Chariots de feu qui remportera l’Oscar de la meilleure musique de film en 1982. Tout le monde n’aura pas vu le film, mais tout le monde aura entendu la musique une fois dans sa vie (malheureusement un peu trop galvaudée dans les années 80 et 90) :

 

 

En 1982, il compose la musique de Blade Runner dont nous avons déjà parlé, puis retourne aux documentaires, dont ceux du commandant Cousteau (qui disputait régulièrement à l’époque le titre de personnalité préférée des Français avec l’abbé Pierre ou Haroun Tazieff, quand aujourd’hui s’y côtoient Dany Boon ou Omar Sy – O tempora, o mores...).

En 1992, on retrouve Vangelis au cinéma dans 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott avec Gérard Depardieu et Sigourney Weaver :

 

 

Il enchaînera ensuite ces vingt dernières années différents projets musicaux : le thème des missions vers la planète Mars pour la NASA (2001), le film Alexandre d’Oliver Stone (2004), la version symphonique de son ballet Beauty and the Beast pour le Kremlin Ballet (2013), le film Crépuscule des ombres sur la guerre d’Algérie (2014), la musique de la mission de la sonde Rosetta (2016), etc.

Sa musique, en particulier filmique, se reconnaît vite. Parfois un peu pompière, assez synthétique mais s’adjoignant souvent les services d’un orchestre et encore plus souvent d’un chœur, ses compositions peuvent parfois donner l’air de se répéter sans jamais retrouver le coup de génie d’un Blade Runner. Mais Vangelis reste assurément un grand musicien, et certainement un bon compositeur et un bon arrangeur. Après quelques avant-gardistes comme Terry Riley avec A Rainbow in Curved Air (1969), il a surtout été un des pionniers de la musique électronique, en particulier grand public, avec Jean-Michel Jarre, Kraftwerk, Tangerine Dream, etc.

Il meurt officiellement le 17 mai 2022 du Covid-19, ce qui n’est pas totalement improbable puisqu’il cumulait un certaine obésité et un âge certain, deux causes importantes de décès par le SARS-CoV-2 (et probablement les deux seules d’ailleurs, hors comorbidités).

 

 

Allongez-vous confortablement, fermez les yeux et ouvrez vos oreilles

Autre musique, autre départ :

 






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