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Nigeria : enlèvement de plus de 300 lycéens par Boko Haram

Les djihadistes de Boko Haram ont revendiqué l’enlèvement de plusieurs centaines d’adolescents dans un pensionnat du nord-ouest du Nigeria : une zone éloignée de son bastion, marquant ainsi un tournant dans l’expansion du groupe terroriste.

 

Abubakar Shekau, le chef historique du mouvement djihadiste Boko Haram, a revendiqué le 15 décembre l’enlèvement de lycéens dans leur pensionnat de Kankara, au Nigeria. Depuis l’attaque, au moins 333 adolescents sont toujours officiellement portés disparus. Une nouvelle exaction terroriste qui met exergue la situation sécuritaire problématique dans laquelle se trouve le pays de 196 millions d’habitants.

Plus d’une centaine d’hommes armés à moto avaient attaqué dans la nuit du 11 au 12 décembre cette école publique rurale. Alors que certains lycéens ont réussi à s’échapper, d’autres ont été rattrapés, séparés en plusieurs groupes et emmenés par des assaillants, selon des habitants contactés par l’AFP. Sur Twitter, le gouverneur de l’État de Katsina, Aminu Bello Masari a assuré que des « discussions » étaient en cours avec les kidnappeurs « pour assurer leur sécurité et leur retour dans leur famille ».

Les kidnappings contre rançon sont monnaie courante dans cette partie du Nigeria, où des groupes armés terrorisent les populations, volent leur bétail et dévalisent leur village pour des raisons financières.

 

Un kidnapping de masse qui rappelle celui de Chibok en 2014

Mais le 15 décembre au matin, dans un message vocal diffusé via les canaux traditionnels du groupe, un homme se présentant comme Abubakar Shekau a assuré que ses « frères sont derrière l’enlèvement à Katsina ».

De nombreux experts et observateurs de la région avaient mis en garde contre un possible rapprochement de ces « bandits » criminels avec les groupes djihadistes qui étendent leur influence dans toute la région sahélienne, du Mali aux confins du lac Tchad.

Des dizaines de parents s’étaient réunis non loin de l’école publique vide de Kankara, et attendaient à l’ombre d’un grand manguier et sur le pas de la mosquée, d’avoir des informations sur la disparition de leurs enfants. « L’annonce de la revendication de Boko Haram a détruit tous les espoirs que j’avais de revoir mon fils bientôt », a confié à l’AFP un père de famille, se présentant par le seul prénom Ahmed. « Nous pensions qu’ils avaient été enlevés par des bandits qui auraient réclamé une rançon, mais maintenant que c’est Boko Haram, ça change tout », s’est-il désolé.

Ce kidnapping de masse a ravivé le spectre de l’enlèvement de Chibok en 2014, lorsque 276 jeunes filles avaient été kidnappées par Boko Haram en pleine nuit dans leur internat.

 

Une situation sécuritaire détériorée

Le président nigérian Muhammadu Buhari – qui est lui même originaire de Katsina et qui était d’ailleurs en visite chez lui au moment de l’enlèvement – a condamné l’attaque et ordonné le renforcement de la sécurité dans toutes les écoles. La présidence avait affirmé dès le 12 décembre que l’armée avait localisé « le repaire des bandits », ajoutant qu’une opération militaire était en cours.

Interrogé par RT France, le journaliste d’investigation Moussa Aksar a souligné l’échec de la politique sécuritaire de Muhammadu Buhari, qui avait pourtant assuré faire de la lutte contre Boko Haram sa priorité lors de son arrivée au pouvoir en 2015. Un échec que Moussa Akser explique par « une question d’approche » dans une partie du Nigeria « délaissée, sans infrastructure » et où « les groupes djihadistes remplacent l’État ». La clé de la réussite serait d’agir pour « le développement » et « les actions de renseignement », « la force militaire » seule ne pouvant suffire.

Boko Haram a également revendiqué le massacre de dizaines de travailleurs agricoles près de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno, ainsi que l’attaque barbare ayant eu lieu dans la nuit du 12 au 13 décembre dans un village près de Diffa, au Niger voisin, où au moins 28 personnes ont été tuées, la plupart brûlées vives.

Le conflit a déjà fait environ 36 000 morts, essentiellement dans le nord-est du pays, sur les pourtours du lac Tchad où il s’est étendu aux États voisins (Tchad, Cameroun et Niger). Plus de deux millions de personnes ne peuvent toujours pas regagner leur foyer.

 

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