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Occupation : Jean-Marie Le Pen vient se défendre en appel

Condamné en première instance à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende, Jean-Marie Le Pen a jugé bon mercredi de venir en personne pour défendre ses propos sur l’Occupation reproduits dans l’hebdomadaire d’extrême droite "Rivarol" en 2005.

"Je crois rêver quand un tribunal à Paris, au XXIe siècle, juge l’expression d’une opinion dans un pays où, théoriquement, il y a une liberté d’expression", a tonné le président du Front national qui a toujours soutenu que les propos incriminés avaient été tenus en "off" à la fin de l’interview.

Un point que ne conteste pas le journaliste de "Rivarol", Jérôme Bourdon, un habitué des interviews avec le leader d’extrême droite, qui cite "le président Le Pen" à tout bout de champ. "J’ai trouvé intéressant pour le lecteur de reprendre ces propos sur la Deuxième guerre mondiale, puisque le président Le Pen a connu la guerre dans sa jeunesse. J’ai eu tort", a-t-il regretté à maintes reprises.

"Auriez-vous dû soumettre cette partie de l’interview au moins à M. Le Pen ?", a voulu savoir l’avocat de ce dernier, Me Wallerand de Saint-Just. "Compte tenu de la police de la pensée dans ce pays, oui", a répondu le journaliste, également questionné sur sa "déontologie" par la présidente Laurence Trébuc.

Interrogé à son tour, Jean-Marie Le Pen "ne renie pas" ces propos tenus dans "un journal respectable et courageux qui n’a pas une grande audience". "Si vous n’êtes pas dans le courant général, tout le monde s’en retourne pour vous montrer du doigt et vous poursuivre devant un tribunal", a fustigé M. Le Pen, se disant "partisan de la liberté" et "adversaire de la pensée unique".

Se disant lui-même "victime de la guerre" qui lui a enlevé son père à 14 ans, il a raillé "l’inanité dérisoire de l’accusation qu’(il) aurait voulu faire l’apologie d’un crime de guerre". "Pourquoi Jean-Marie Le Pen aurait-il pris ce risque extraordinaire ?", a-t-il lancé avec fougue.

Le président du FN a été reconnu coupable le 8 février dernier devant le tribunal correctionnel de Paris de "complicité d’apologie de crimes de guerre" et "complicité de contestation de crime contre l’Humanité". Il était poursuivi par le parquet et l’Association des fils et filles de déportés juifs de France, dont le président Serge Klarsfeld était présent à l’audience mercredi. D’autres associations, notamment le MRAP et la Ligue des droits de l’Homme, se sont constituées partie civile. La directrice de la publication de "Rivarol", Marie-Luce Wacquez, a écopé de 5.000 euros d’amende et Jérôme Bourdon de 2.000 euros.

Dans cet entretien paru en janvier 2005, M. Le Pen expliquait : "Je me souviens dans le Nord, un lieutenant allemand, fou de douleur que son train de permissionnaires ait déraillé dans un attentat, causant ainsi la mort de ses jeunes soldats, voulait fusiller tout le village : il avait d’ailleurs déjà tué plusieurs civils. Et c’est la Gestapo de Lille, avertie par la SNCF, qui arriva aussitôt à deux voitures pour arrêter le massacre".

"En France du moins", avait dit M. Le Pen, "l’occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine, même s’il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés".

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com