Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Plus fort que la Pravda : Le Figaro censure Poutine

Publiée le 13 septembre, l’interview du Président russe par Etienne Mougeotte est bourrée de fautes de traduction et de coupes qui ménagent les susceptibilités du gouvernement français, notamment sur l’Afghanistan. Une belle œuvre de propagande officielle en temps de guerre.


Quand Le Figaro attribue au président de la Russie la phrase « La Fédération de Russie est le pays le plus peuplé du monde », on commence à avoir des doutes : les nombreuses erreurs que comporte l’interview de Vladimir Poutine par Etienne Mougeotte publiée dans l’édition du 13 septembre du quotidien vont au-delà de la bête erreur de traduction.

Silence coupable sur l’Afghanistan

Comme le relève une blogueuse russophone qui a comparé la version française du Figaro à celle publiée en russe sur le site du Kremlin, le quotidien du groupe Dassault n’a pas hésité à récrire et censurer l’interview afin de la rendre plus présentable, et surtout plus douce aux oreilles de son maître, Nicolas Sarkozy.

Ainsi, la partie de l’entretien qui portait sur l’Afghanistan a purement et simplement disparu. Vladimir Poutine y estimait que les combats sont « peu efficaces », que les bombardements font « un grand nombre de morts dans la population civile » et que l’augmentation du trafic de drogue constitue un important « soutien financier aux activités terroristes ». Après la mort de dix soldats français dans les vallées afghanes, difficile de publier de tels propos sans risquer de gêner les efforts de Sarkozy pour faire croire que la situation est sous contrôle en Afghanistan.

Sarkozy : un signataire transformé en « pacificateur »

Comble de la mauvaise foi : le titre même de l’article, où le Président russe loue le « grand rôle de pacification » de Nicolas Sarkozy, est mensonger ! Ce grand rôle, Vladimir Poutine juge que le Président français ne l’a joué que « dans la signature de l’accord » avec la Géorgie, ce qui n’est pas tout à fait la même chose quand on voit la tournure actuelle du conflit russo-géorgien.

Contacté par Marianne2, Etienne Mougeotte a refusé de s’exprimer. On connaissait la tendance lourde du quotidien dont il est le directeur à édulcorer les informations qui déplaisent au pouvoir, mais il passe ici à un tout autre niveau : déformer les propos d’un Premier ministre étranger en exercice et censurer une analyse préoccupante d’un conflit dans lequel la France est engagé, cela relève de la désinformation…

Source : http://www.marianne2.fr