Egalité et Réconciliation
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Pour stopper les OGM, la désobéissance européenne

Dès sa réélection, le Président de la Commission européenne, M. Barroso, avait dévoilé son ambition de relancer le développement des Organismes génétiquement modifiés (OGM) en Europe. La mise en œuvre n’a pas tardé : le 2 mars 2010, la pomme de terre transgénique Amflora commercialisée par l’entreprise allemande BASF était autorisée à la culture. Cette date marque un tournant dans les politiques communautaires sur les biotechnologies pour deux raisons. D’une part, il s’agit de la première autorisation accordée à la culture d’une variété de plante transgénique depuis le maïs Monsanto MON 810 en 1998. Un moratoire de fait vient donc d’être levé après douze ans. D’autre part, la décision sur la pomme de terre concerne cette fois une entreprise européenne et non plus américaine. L’argument de la compétitivité internationale pourra jouer à plein pour justifier cette manœuvre pro-OGM.

Mais il y a encore plus grave. Si le contexte politique le permet, la Commission pourrait réviser la procédure d’autorisation des OGM en court-circuitant les États et en se basant seulement sur les avis pseudo-scientifiques de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (AESA). Ceci constituerait un nouveau déni de démocratie dans une Union européenne où les peuples refusent très majoritairement les produits transgéniques.

Par la voix de la secrétaire d’Etat française à l’écologie, Chantal Jouanneau, le gouvernement Fillon a manifesté son opposition à la décision communautaire sur la pomme de terre Amflora. Mais ne nous y trompons pas. Avec l’abandon de la scandaleuse taxe carbone et le recul global sur les questions écologiques, la posture gouvernementale sur le dossier des OGM est plus que jamais le fil ténu par lequel tient encore le Grenelle de l’environnement. Aucune conviction anti-OGM chez Nicolas Sarkozy et ses ministres, mais plutôt une stratégie politique de circonstances…

Le M’PEP propose d’en finir avec la guérilla juridique qui oppose depuis des années plusieurs États membres (notamment l’Autriche, la Hongrie ou l’Irlande) à la Commission européenne et à l’Organisation mondiale du commerce. Il faut faire de la désobéissance européenne, c’est à dire dénoncer la directive 2001-18 et le règlement 1829/2003 sur les OGM, dénoncer le Traité de Lisbonne, et interdire purement et simplement les cultures et les importations de plantes transgéniques. Interdire les importations d’OGM doit s’accompagner d’une réorientation radicale des productions agricoles : désintensification de l’agriculture, diversification, relocalisation, contrôle des prix et des quantités… ce qui générera des bénéfices sociaux et environnementaux conséquents. Aucun gouvernement de gauche ne pourrait gouverner sans pratiquer la désobéissance européenne, comme l’illustre très bien le dossier agricole.