On allait demander à Acrimed quel est le point commun à ces quatre candidats du Système mais la réponse est facile pour nos lecteurs : c’est le Système justement.
La gauche se plaint de n’être pas en odeur de sainteté dans les médias. Politiquement, c’est sûr que c’est la droite qui domine ; culturellement, c’est encore la gauche. Pourtant, la plupart des journalistes sont de gauche. Alors, où est le hic ?
Eh bien si les journalistes sont de gauche, ils le sont dans la version sociétale de la gauche, pas dans sa version économique, puisque là c’est le libéralisme, donc la droite, qui domine. On est dans le combo droite du travail-gauche des valeurs.
En associant les deux tendances, on voit que c’est le libéral-libertaire qui tient le manche, c’est-à-dire Macron, mais aussi ses poursuivants chéris par les médias, disons, ses remplaçants potentiels.
Le Système sélectionne ses propres candidats, ou alors les formate, s’ils ne sont pas adéquats, comme il a formaté le couple Marine-Bardella pour lui donner une chance d’accéder au trône.
On dit toujours ici que dans les médias, qui associent contenant et contenu, tuyaux et flux, c’est le tuyau qui dicte sa loi, puisqu’il formate le flux : il in-forme (donne forme à) ce qui informe. En politique c’est pareil : c’est le trône qui formate les rois. Le vrai roi, c’est le trône, pas ceux qui se battent pour lui ou qui s’y succèdent.
Il peut arriver, par un accident de l’histoire ou un alignement de splanètes, que le roi arrivé sur le trône change la règle, et change le trône. Mais en général, ceux qui sont en charge du trône, le pouvoir profond, comprennent assez vite le danger et éliminent le roi.
Cependant, éliminer un roi, qui plus est populaire (Kennedy, Mossadegh, de Gaulle) n’est pas chose facile. Il y a l’élimination directe, une balle dans la tête à la Kennedy, et l’élimination indirecte, une révolution orange (signé CIA) à la de Gaulle.
En général, si le job est bien fait, on salit la réputation du roi après coup, et le peuple passe à autre chose, même s’il est nostalgique de la période bénie d’un roi qui a travaillé pour lui, et pas pour le pouvoir profond, c’est-à-dire le trône.
En revenant sur la vidéo d’Acrimed (ne pas rater la séance d’humiliation du candidat gauche sociale Poutou par les invités gauche libérale-libertaire de Ruquier à 15’55), pris sous l’aile de Blast, on se rend compte que Mathias Reymond ne peut pas donner la raison profonde de cette préférence des médias. Son logiciel gauchiste le lui interdit, ce qui ne l’empêche pas de constater avec lucidité l’alignement des candidats préférés des médias sur les besoins du Système.
Là où l’on diverge, c’est que les candidats de gauche ne valent pas mieux, car ils sont eux généralement anti-préférence nationale, ou pro-européens, ce qui est équivalent. Une gauche qui serait anti-européenne – donc nationale, on dit aussi souverainiste – avec un fond social aurait nos voix, mais Mélenchon n’a jamais franchi le Rubicon : il est en permanence tiré vers le bas par les choix woke (climatisme, covidisme, féminisme, LGBTisme) désastreux de son parti. Et quand ils s’en éloigne, ça donne la gifle de Quatennens, écarté un temps du parti pour avoir osé gifler sa femme.
Quatennens est interrogé par le juge Bourdin, qui a définitivement pris la couleur de Radio Likoud (le tuyau fait le flux). On écoute ce désastre journalistique, qui donne la clé des candidats préférés des médias.
.@AQuatennens : "Le 7 octobre, c'est un acte terroriste, mais il n'est pas tombé du ciel" pic.twitter.com/fvk7qx1iUt
— Sud Radio (@SudRadio) May 15, 2024
Gauche du travail, droite des valeurs :
l’allocution prononcée à Six-Fours-les-Plages, le 21 septembre 2007
Depuis l’élection de Sarkozy, la preuve semble être faite qu’il n’y a plus ni gauche ni droite. Même si l’ouverture à gauche du gouvernement Fillon est en réalité l’union sacrée des libéraux-atlantistes, il est clair qu’il n’y a plus guère de différence – sur le plan de l’économie comme des questions de société – entre la gauche bobo du PS et la droite libérale pseudo-sécuritaire d’un Sarkozy.
Si pour les gauchistes, Sarkozy est un homme de droite (parce que soi-disant sécuritaire, ce qui est lui faire une publicité qu’il ne mérite pas : son sécuritarisme ne s’appliquant qu’à la petite bourgeoisie blanche des automobilistes !), pour ceux de la droite nationale, Sarkozy est un homme de gauche : « droit-de-l’hommiste » et « sans-papieriste », au mieux une sorte de Tony Blair français…
En fait, on peut aussi bien dire aujourd’hui que les politiciens du Système sont tous de gauche (tous pour le droit du sol, le mariage gay…), ou tous de droite (tous ralliés à la domination politique intégrale de l’économie de Marché… ou de l’économie de Marché intégrale, ce qui revient au même !).
Mais cette confusion de la gauche et de la droite vient aussi de la confusion de leurs définitions. Confusion de leurs définitions : de gauche, de droite… qui nous amène à rappeler qu’il y a deux façons de définir la gauche et la droite.
Il y a d’abord, historiquement, la définition de droite qui nous vient de l’Ancien Régime. Définition qui voit dans la droite : les valeurs positives d’honneur, de morale, de respect des anciens et de la hiérarchie….
La gauche étant alors la destruction de ses valeurs par le libéralisme montant, libéralisme montant qui débouchera sur la Révolution française… Le libéralisme, ses valeurs de calcul amoral et sa destruction de l’Ordre ancien, devant donc être considéré en bonne logique comme le Mal et la gauche…
Ce que certains hommes, qui se croient de la droite traditionnelle, ont tendance à oublier, eux qui se rallient systématiquement au libéralisme, en pensant faire leur devoir d’hommes de droite. Je pense notamment au filandreux Jean-François Touzé…
Il y a ensuite la définition de gauche qui nous vient du marxisme et de la Révolution d’Octobre, pour qui, ce qui définit la gauche et la droite, c’est le rapport Capital / Travail… Est de gauche ce qui favorise le Travail. Est de droite ce qui favorise le Capital. Selon cette définition bien comprise : un patron de PME aujourd’hui est donc de gauche, puisque du côté du travail productif. Un actionnaire du Medef est au contraire de droite, puisque du côté de la rente, de l’exploitation et du parasitisme, tout comme le fils de famille oisif, fut-il gauchiste ou rmiste professionnel…
On remarquera au passage que les valeurs de la Révolution française – formellement de gauche, puisque fondées sur un égalitarisme abstrait et déclaratif, mais pratiquement de droite, puisque triomphe du libéralisme montant – ne permettent pas de trancher nettement entre les deux camps : de gauche comme le peuple, ou de droite comme la bourgeoisie ? Ce qui facilite encore la confusion française…
De cette première clarification des gauches et des droites, on peut déjà conclure qu’un « mouvement populaire » qui défend à la fois les valeurs morales et le monde du travail est de droite, selon la première définition, et de gauche selon la deuxième… Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe plus ni gauche ni droite et encore moins que tout se vaut. Mais qu’il existe une droite morale qui est, si on y réfléchit bien, la condition de la gauche économique et sociale. Et, à l’inverse, une gauche amorale qui s’est révélée être la condition idéologique de la droite économique dans sa version la plus récente et la plus brutale. Remarque qui nous amène à Mai 68, à la société de consommation et au fameux libéralisme libertaire…
Un libéralisme libertaire qui n’est rien d’autre que la gauche sociétale – dite aujourd’hui gauche bobo – au service de la droite d’affaires, afin de détruire à la fois la gauche sociale et la droite morale qui constituaient la France d’avant Mai 68, et dont l’origine remonte au CNR (le fameux Conseil national de la Résistance), ce qui nous amène très loin de Pétain et de la collaboration… Un libéralisme libertaire dont le rôle était de détruire en même temps :
la gauche sociale incarnée à l’époque par le PCF,
et la droite morale, incarnée à la même époque par de Gaulle et son monde des valeurs de culture maurrassienne…
Une double destruction au service du pouvoir de l’argent qui explique fort bien l’incroyable réussite politique et mondaine des soi-disant parias de Mai 68 !
Pour mieux vous faire comprendre ce fameux libéralisme libertaire – clé de compréhension de tout ce qui se passe en France et en politique depuis 40 ans : soit cette histoire de la fausse gauche, illustrée aujourd’hui par Besancenot, et de la vraie droite atlanto-libérale, aujourd’hui incarnée par Sarkozy, une droite antinationale souvent fort mal comprise par la droite nationale… Je vais vous citer in extenso un excellent texte écrit par moi-même et paru dans mon excellent ouvrage Jusqu’où va-t-on descendre ? Ouvrage d’ailleurs en vente dans cette salle pour la modique somme de 13 € (comme quoi le monde n’est pas si mal fait). Un texte explicatif qui va aussi éclairer l’étonnante réussite du soi-disant révolutionnaire Daniel Cohn-Bendit, grand-père de notre actuel révolutionnaire Besancenot ! Le Système ayant toujours sous le coude un faux révolutionnaire de rechange !
Daniel Cohn-Bendit, icône libéral-libertaire
Icône indéboulonnable du gauchiste épanoui, Daniel Cohn-Bendit se définit lui-même comme libéral-libertaire. Mais que veut dire libéral-libertaire ? Pour le gentil lecteur de Libération, c’est un homme libéral à tendance libertaire, soit un humaniste un peu anarchisant, bref, un mec cool. Au risque de ne pas passer moi-même pour un mec fun, j’ajouterai que « libéral libertaire » désigne aussi, et surtout, un positionnement politique et social.
Le libéral-libertaire admet qu’il est libéral sur le plan de la Production : pour le libéralisme économique, comme tout bourgeois classique (c’est-à-dire ni socialiste, ni fasciste, qui sont deux formes d’économies dirigées) ; mais aussi libertaire sur le plan de la morale, ce en quoi il s’éloigne du bourgeois classique, dont l’éthique de l’entreprise et de l’épargne était un frein à l’oisiveté et à la consommation. Le libéral-libertaire est donc littéralement un bourgeois qui se fout de la morale bourgeoise.
Mais « libéral-libertaire » ne désigne pas qu’une sensibilité politique, c’est aussi, sur le plan collectif, un modèle de société particulièrement brutal. Une société à la fois, cool avec le consommateur - l’interdit moral ne venant pas entraver ses désirs de consommer tout ce que lui propose la société de consommation -, mais hard avec le producteur - dont l’emploi est précarisé, le salaire rogné par le néo-libéralisme mondialisé.
Or, mécanisme facile à comprendre, plus l’individu est déchargé du poids de la Production parce qu’il en est le bénéficiaire (rentier, animateur sponsorisé de la société du Spectacle) plus il peut à la fois trouver du charme à la société libérale et se laisser aller à sa mentalité libertaire. À l’inverse, plus l’individu est soumis à la dure réalité de la Production, plus son désir libertaire de jouir sans entrave (sexe, drogue, people…) est empêché par sa condition - ô combien répandue - de petit salarié précaire au pouvoir d’achat limité (dont la réalité est plutôt : métro-boulot-dodo).
L’attitude libérale-libertaire est donc, en réalité, la situation objective de celui qui n’a pas, ou peu, à produire pour consommer, qui peut donc trouver tout son charme au libéralisme dont il est le bénéficiaire, et qui ne veut pas voir la morale de la Production mettre un frein à sa liberté d’abuser de cette position privilégiée. D’où cette aisance, ce sourire permanent affiché par Daniel Cohn-Bendit - cette même béatitude de rentier qu’on retrouve sur le visage de Jean d’Ormesson, mais qui n’est ni nouvelle, ni de gauche.
Peut-être les naïfs lecteurs de Libération, sortis un moment de leur torpeur par cette aride analyse, comprendront mieux pourquoi ce rentier de la subversion, ce libertaire au service du libéralisme, n’a en réalité jamais dérangé personne – si ce n’est les enseignants qu’il a discrédités et les salariés sur le dos desquels il prospère sans avoir jamais travaillé. Pourquoi, en fait, il plaît tant au Pouvoir, et pourquoi il lui sera toujours tout pardonné : chienlit rouge, confusionnisme vert, voire apologie de la pédophilie… Et j’ajouterai pour actualiser cette analyse qu’elle vaut à quelques nuances près pour le petit Besancenot, ce nouveau collabo de la mondialisation dont est si fan Michel Drucker et toute la bourgeoisie d’affaires, ce qui est étrange pour un anticapitaliste révolutionnaire… mais pas tant que ça si on comprend bien à quoi il sert !
À la lumière de cette analyse, quel point commun y a-t-il entre la droite nationale des valeurs et la droite libérale du profit ? Je dirais aucun, sinon la prétention à la domination politique par deux groupes sociaux, en réalité inconciliables, l’un se fondant sur un ordre moral et la hiérarchie naturelle du monde ancien, l’autre sur l’amoralisme intégral et moderne de la loi du profit, porte ouverte à tous les arrivismes, toutes les décadences et toutes les mobilités sociales… Une union de deux groupes à prétention dominatrice, où le premier, qui n’en a pas les moyens, se met au service du second, qui ne partage aucune de ses valeurs… Les libéraux se servant chaque fois des conservateurs, qu’ils ont historiquement vaincus et chassés du pouvoir, comme autant d’idiots utiles pour garder le pouvoir contre le peuple.
Dans la pratique ? C’est le bourgeois frontiste de la région PACA qui a voté Sarkozy comme il votait hier Le Pen, pour, pensait-il, mettre un terme à la chienlit, et qui se retrouve au final avec Cécilia puis Carla, Kouchner et Attali sans oublier les inénarrables Rama Yade et Rachida Dati !
En fait d’union des droites, on assiste à l’éternelle manipulation de la très respectable droite des valeurs par le monde de l’argent, issu, je vous le rappelle, de la gauche historique… Une union que l’on peut aussi bien qualifier plus vulgairement d’union du mac et du cocu !
Ces quelques points d’ombres éclaircis, à vous de voir si vous voulez être encore de cette droite-là ou pas !
Je vous remercie de m’avoir écouté et j’attends vos questions, questions forcément brèves, respectueuses et pertinentes !