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Pourquoi le Pentagone a renoncé aux hélicoptères russes ?

Les USA ont renoncé à l’achat de 15 hélicoptères russes, a annoncé John Cornyn, leader républicain au Sénat américain. De quels hélicoptères parle-t-on et quel est le préjudice réel pour l’honneur de la Russie ?

Les hélicoptères dont parle John Cornyn sont des Mi-17V-5, successeurs de la famille des Mi-8. Quel rapport avec les USA ? L’Amérique approvisionne l’armée de l’air afghane et les militaires américains insistent sur l’achat de ces appareils car les Mi-8 conviennent parfaitement à la géographie et au climat de l’Afghanistan et les pilotes afghans connaissent bien ces engins, qu’ils manient depuis l’époque soviétique.

Précisons tout de suite que les Américains n’ont renoncé à aucun contrat existant. Courant 2011-2012 ils ont entièrement rempli l’accord pour l’achat de 21 Mi-17B-5 avec une option sur 12 hélicoptères supplémentaires - pour 538 millions de dollars au total. Après cela, un accord de 572 millions de dollars pour la fourniture aux USA de 30 appareils supplémentaires a été signé en juin 2013, portant le total des livraisons à 63 hélicoptères.

Aucun conflit irréconciliable entre Moscou et Washington n’a jamais empêché ni n’empêchera de poursuivre ces transactions d’hélicoptères, mutuellement bénéfiques. La télévision et la rancune personnelle n’ont pas empêché les Américains de verser plus d’un milliard de dollars dans la construction aéronautique russe – un secteur secondaire avec des emplois "high-tech". Tous ces contrats restent en vigueur, comme l’a clairement annoncé le service de presse du Pentagone. Alors quel est le fond du scandale, si tant est qu’il s’agisse vraiment d’un scandale ?

Il existe bien, mais il ne dépasse pas les frontières américaines. Immédiatement après la signature du second contrat pour 30 hélicoptères Mi-17V-5, les militaires américains avaient demandé au Sénat 345 millions de dollars pour l’achat de 15 appareils supplémentaires. Ce qui aurait porté le nombre d’engins à 78. Cet argent leur a été refusé le 30 juillet dernier.

Il faut dire que le Sénat se bat depuis longtemps contre l’achat de ces hélicoptères. En 2012 déjà un groupe de sénateurs avait signé une lettre poignante décrivant l’humiliation inimaginable du constructeur aéronautique américain et soulignant la nature amorale de la coopération avec l’agence russe Rosoboronexport, qui livre des armes au "régime sanguinaire" de Bachar al-Assad en Syrie. A l’époque John Cornyn figurait parmi les 17 signataires de la lettre.

Cette fois, à en croire le sénateur Cornyn, dans un contexte de réductions budgétaires et de guerre acharnée entre Obama et le congrès, le Pentagone a perdu tout espoir d’obtenir de l’argent pour ces appareils réellement nécessaires en raison du parlement, qui fait de la petite politique et spécule sur le problème syrien.

Le résultat du vote a été annoncé avec une irritation non dissimulée par le Pentagone. "Après avoir consulté le congrès nous avons revu nos requêtes, a déclaré la porte-parole du Pentagone Maureen Schumann. Nous avons renoncé à acheter plus d’hélicoptères Mi-17 que ceux qui ont déjà été commandés."

Alors que vient faire John Cornyn dans cette affaire ? Non seulement il signe des lettres mais il est également membre des comités du Sénat pour le budget et les finances, et cela fait longtemps qu’il se bat avec le Pentagone pour la réduction du budget militaire. Il ne défend pas la "Syrie libre" (il a notamment critiqué l’idée même d’une intervention américaine en Syrie) et ne se bat pas non plus contre la "menace russe", omettant les dépenses excessives du gouvernement pour le matériel russe.

Mais cette dernière question le préoccupe énormément. Le fait est que dans un an, le 4 novembre 2014, Cornyn se représentera au poste de sénateur pour le Texas. Représentant cet Etat à l’industrie militaire et aérospatiale développée, Cornyn ne défendait pas les rebelles syriens contre Damas mais cherchait plutôt à promouvoir les intérêts des producteurs texans. Et il continue habilement à spéculer à ce sujet post factum, forçant le Pentagone à faire marche arrière. Une nouvelle fois on constate que la politique nationale américaine est une politique étrangère au reste du monde. Comme on dit : rien d’idéologique, ce ne sont que des affaires internes.

Aller plus loin, avec Kontre Kulture :

 






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