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Pourquoi le conseil national syrien se dit prêt à une trêve

La proposition de trêve pour la fête religieuse de l’Aïd al-Adha fin octobre, faite par Lakhdar Brahimi a trouvé de l’écho. Mardi, le porte-parole du ministère syrien des affaires étrangères Jihad Maqdissi a déclaré à l‘AFP que la Syrie était prête "à explorer cette option", mais qu’il fallait évidemment que les rebelles et les pays qui les soutiennent s’"impliquent" dans cette trêve.

Maqdissi a aussi dit que les autorités syriennes avaient "hâte de parler avec M. Brahimi pour voir quelle est la position des autres pays influents auxquels il a parlé lors de sa tournée". Les pays qui intéressent le gouvernement syrien, outre l’allié iranien, ce sont la Turquie, l’Arabie séoudite et surtout l’Egypte. Damas espère – ou dit espérer – que ces capitales, soutiens de l’opposition, vont faire pression sur les bandes armées pour qu’elles respectent cet éventuel cessez-le-feu.

Position "platonique" (mais significative quand même) du CNS

Or, justement, le CNS, organisation politique principale, enfin la plus médiatisée et soutenue par l’Occident, de l’opposition radicale s’est déclarée "preneur" de la proposition de trêve. Son président, Abdel Basset Sayda, a déclaré que lui et les siens accueillaient "favorablement tout arrêt des tueries". Mais, bien sûr, pour lui, c’est au régime syrien de cesser le feu en premier, l’ASL n’ayant jamais fait "que se défendre" contre les attaques de l’armée syrienne.

On sait, au moins ici, ce qu’il faut penser de cette argumentation, et nous n’y reviendrons pas. En revanche, on doit redire que l’autorité du CNS sur l’ASL est largement une fiction, et que l’autorité de l’état-major de l’ASL sur l’ensemble des combattants en Syrie en est une autre.

Il y a déjà longtemps que la plupart des bandes – ne parlons évidemment pas des 2 à 3 000 djihadistes qui ne prennent leurs consignes que d’al-Qaïda ou de chefs de guerre salafistes – "travaillent pour leur compte", au mieux au niveau d’un gouvernorat. Et il y a eu déjà plusieurs témoignages, parus dans la grande presse anti-syrienne, du mépris ou de l’indifférence des combattants de terrain – notamment à Alep – vis à vis des quelques généraux sans troupes de l’ASL, qu’ils siègent toujours en Turquie, ou se soient "délocalisés" dans un coin du nord de la Syrie.

Il ne peut donc y avoir de trêve des combats, et la position du CNS n’est d’aucune importance à ce sujet. D’aucune importance militaire, car, à l’évidence, en saisissant au bond la proposition Brahimi, le CNS cherche à se relancer politiquement et diplomatiquement : complètement disqualifié pour son impuissance à unifier l’opposition et à imposer ses consignes à la rébellion, le CNS a lassé ses maîtres et donateurs ; il a perdu du monde dont symboliquement son porte-parole Bassma Kodmani. Et surtout il est ignoré, non seulement par la grande majorité de rebelles, mais par la grande masse de la population syrienne, ceux ayant quelques notions de son existence le percevant (avec lucidité) comme la chose des Frères musulmans, du gouvernement turc, de la CIA et du Qatar. C’est d’ailleurs depuis Doha que Sayda s’est exprimé.

Si le gouvernement syrien "joue le jeu" dans cette histoire de trêve, c’est d’une part pour montrer sa bonne volonté, mais aussi peut-être pour tenter de susciter une faille entre les combattants radicaux islamistes et les syriens radicalisés mais pas au service d’un projet révolutionnaire fondamentaliste.

Vu l’âpreté des combats, et la prégnance de plus en plus grande de l’islamisme radical, et de l’apport étranger (en effectifs, logistique et argent) au sein de la rébellion, ce pari n’est pas gagné. Pour le reste, Bachar al-Assad et ses collègues savent qu’il n’y a rien à espérer des cadres du CNS, de l’ASL et de la rébellion au sens large, et que, à ce stade, la solution ne peut être que militaire, si dur que soit le chemin. L’expérience d’avril dernier, avec un cessez-le-feu unilatéral de l’armée, a été "concluante" à cet égard, le retrait relatif des troupes ayant permis aux rebelles de se renforcer.

Mais la réaction du CNS prouve son désarroi : l’opposition radicale politique a baissé d’un ton, car accepter une trêve, c’est quand même baisser d’un ton dans son maximalisme anti-gouvernemental. Sauf que Sayda et ses comparses ne peuvent aller plus loin, sous peine d’être accusés de trahison par les extrémistes de terrain, et de perdre ainsi le peu de crédit qui leur reste. Ca s’appelle en Français (et en politique) une impasse.

 






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