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Poutine : "Apparemment, les États-Unis sont un peu nerveux"

Interview du président russe après le sommet des BRICS de Goa

Le Président de la Russie a répondu aux questions des journalistes russes après le Sommet des BRICS à Goa.

 

Question : Beaucoup a été dit dans les médias occidentaux au sujet des BRICS qui passeraient par une période difficile. Depuis que le Brésil a un nouveau président, le pays est supposé se demander s’il a besoin des BRICS. Il y a peu de secret sur la tension qui existe entre l’Inde et la Chine. En fait, les États-Unis ont été de plus en plus proactifs en ce qui concerne l’Inde. Vous avez dit à plusieurs reprises que vous considériez les BRICS comme une association importante et viable. À votre avis, quelle est la gravité des défis, le cas échéant, auxquels les BRICS font face ? Vont-il réussir à les surmonter et quelles sont les perspectives de développement des BRICS en général ?

Le président de la Russie, Vladimir Poutine : Certains de nos partenaires sont toujours en train de chercher les questions et les défis, quoi que nous fassions. Mais comme on dit en Russie, pourquoi vous inquiéter de la paille dans l’œil de votre ami quand vous avez une bûche dans le vôtre.

Il y a toujours des problèmes, partout et dans les relations entre tous les pays. Est-ce que cela signifie que les pays, dont les représentants parlent ainsi des BRICS, n’ont pas des problèmes avec leurs partenaires et alliés stratégiques les plus proches ? En fait, ils ont beaucoup de problèmes.

S’il n’y en avait pas, ils auraient signé et ratifié depuis longtemps le Traité sur le commerce et l’investissement et le partenariat transatlantique (TTIP), et auraient résolu de nombreuses autres questions. Cependant, les problèmes qu’ils rencontrent sont toujours là, et ils sont réels. Donc, il n’y a rien de spécial au sujet des problèmes. Voici comment les choses fonctionnent dans le monde entier.

Tous les pays, et plus encore les grandes puissances, ont leurs propres intérêts qui peuvent aller à l’encontre de ceux de leurs alliés les plus proches. Cela dit, qu’est-ce qui sous-tend l’intérêt mutuel des pays du BRICS ? Il est sous-tendu par la similitude de leurs économies et les objectifs auxquels ils sont confrontés. C’est tellement évident que vous n’avez pas besoin d’être un expert pour comprendre cela. Il suffit de regarder leurs structures économiques, leurs modèles de développement, leurs taux et objectifs de croissance.

Vous savez, c’est l’intérêt objectif de maintenir les contacts, et de promouvoir la coopération dans divers domaines, qui se trouve au cœur de notre association et encourage à l’optimisme.

En outre, pour être honnête, je suis heureux de cette rencontre, car pour la première fois, j’ai vu toutes les parties impliquées se montrer vraiment intéressées à développer des relations dans ce cadre, qui pourrait ouvrir la voie à une coopération dans des domaines spécifiques.

De nouveaux domaines de coopération et de nouveaux cadres, par exemple la coopération industrielle, sont développés au-dessus de structures qui existent déjà, comme la Nouvelle Banque de développement et le Fonds de réserve contingent des BRICS avec un capital total de $200 milliards, un montant substantiel qui va augmenter à l’avenir.

Nous discutons de l’introduction de normes techniques uniformes. Ce sont des initiatives fondamentales qui ouvrent la voie à l’harmonisation du développement et des politiques économiques.

Hier soir, mon collègue brésilien et moi avons eu une longue conversation pour examiner l’état de nos économies respectives. Il est apparu que nous avons beaucoup en commun. Nous sommes confrontés à des défis mondiaux communs et il sera plus facile de les surmonter si nous combinons nos efforts.

Dans l’ensemble, j’ai une vue très positive de cette association, et je pense que les BRICS ont toutes les chances de se développer davantage.

 

Le vice-président américain Joseph Biden a promis hier de vous envoyer un message et de répondre au piratage des États-Unis dont la Russie est accusée…

Il n’y a rien d’étonnant à cela.

 

En fait, c’était une menace venant d’un fonctionnaire de très haut niveau, et si je ne me trompe pas, il vous a ciblé personnellement. Vous attendez-vous à des attaques de piratage contre la Russie ou d’autres types d’attaques ?

Vous pouvez vous attendre à tout de la part de nos amis américains. Mais y a-t-il quelque chose de nouveau dans ce qu’il a dit ? Comme si nous ne savions pas que les organismes gouvernementaux américains espionnent et écoutent électroniquement tout le monde ?

Tout le monde ne sait que trop bien tout cela, il y a longtemps que ce sujet n’est plus un secret, il y a suffisamment de preuves à l’appui. Des milliards de dollars sont dépensés dans cette activité, avec la NSA et la CIA travaillant aux côtés d’autres organismes gouvernementaux. Il y a des témoignages et des confessions à part entière.

En fait, ils espionnent non seulement leurs ennemis réels ou potentiels, mais aussi leurs alliés, y compris les plus proches d’eux. Nous connaissons tant de scandales d’écoutes téléphoniques impliquant de hauts responsables gouvernementaux des pays qui sont des alliés des États-Unis, donc il n’y a absolument rien de nouveau ici.

La seule chose nouvelle est que pour la première fois les États-Unis ont reconnu à un niveau élevé, d’abord, qu’ils font réellement cela, et ensuite qu’il s’agit d’une sorte de menace, ce qui est évidemment incompatible avec les normes internationales du dialogue. C’est évident.

Apparemment, ils sont un peu nerveux. La question est de savoir pourquoi. Je pense qu’il y a une raison. Vous savez, dans une campagne électorale, le gouvernement en place fabrique soigneusement une stratégie pré-électorale, et tout gouvernement, en particulier lorsqu’il cherche à obtenir une réélection, a toujours des problèmes non résolus. Il a besoin de montrer, d’expliquer aux électeurs pourquoi ces problèmes sont restés en suspens.

Aux États-Unis, il y a beaucoup de ces problèmes, ils ont certainement leur compte. Bien qu’ils soient l’économie de premier plan dans le monde, une grande puissance, sans aucun doute, il y a encore beaucoup de difficultés non résolues. Par exemple, la dette publique massive est une bombe à retardement pour l’économie américaine et pour le système financier mondial. Personne ne sait quoi faire. Peut-être que la dévaluation à l’avenir pourrait aider, ou quelque chose. Mais quoi ? Il n’y a pas de réponse. C’est juste un exemple.

D’autres exemples peuvent être cités en politique étrangère. Le processus de réconciliation au Moyen-Orient, d’une manière générale, est certainement en perte de vitesse, y compris entre Israël et la Palestine, malheureusement. En outre, les tensions sont de plus en plus grandes entre les États-Unis et leurs alliés habituels dans la région.

On ne va pas aller en profondeur dans cette discussion – c’est leur affaire. Je dis simplement qu’il y a beaucoup de problèmes, et dans ces conditions, beaucoup choisissent de recourir aux tactiques habituelles de distraction des électeurs.

À mon avis, c’est exactement ce à quoi nous assistons. Comment le font-ils ? Ils essaient de créer un ennemi et de rallier la nation contre cet ennemi. L’Iran et sa menace nucléaire iranienne n’a pas bien marché pour cela. La Russie est une affaire plus intéressante. À mon avis, cette carte est jouée en ce moment.

Lire la suite de l’interview sur lesakerfrancophone.fr

La Russie face à l’empire, chez Kontre Kulture :

 

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