Egalité et Réconciliation
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Quand Libération plaide, quasi-ouvertement, pour une intervention à la libyenne

Le quotidien Libération est bien plus qu’un journal, c’est un thermo – ou baro – mètre ! Ses articles et analyses tendent à refléter les dernières tendances idéologiques, géopolitiques ou sociétales véhiculées par l’ »hyper-classe » internationale qui se partage entre New York, Washington, Paris, Londres, Bruxelles et autres métropoles du Grand Occident libéral-libertaire.

C’est donc avec intérêt que nous avons pris connaissance d’un assez long article, publié dans son édition des samedi 1er et dimanche 2 octobre, et qui suggère fortement, à travers des interviews – de première ou de seconde main – de responsables et de militants de l’opposition syrienne – intérieure et extérieure, que l’hypothèse d’une intervention militaire de l’OTAN fait son chemin parmi les opposants à Bachar al-Assad.

« Hélas », vous avez écrit « hélas » ?

Avec une gourmandise à peine déguisée, Hala Kodmani, la journaliste de Libération (vous savez, celle qui plaidait pour le boycott citoyen du savon d’Alep et de ses produits dérivés), fait état des réactions d’opposants de base exaspérés, n’en pouvant plus de « la brutalité et de l’humiliation quotidiennes » qu’ils subissent de la part des hommes de Bachar, notamment un « jeune » – ça fait toujours plus sympa et émouvant – confiant sa colère au micro obligeant d’al-Jazeera, colère dirigée autant contre les « opposants en exil » du CNS, planqués en Turquie ou à Paris et s’obstinant à prôner une démarche pacifique, que contre le régime (post) baasiste.

Mlle Kodmani cite aussi ce responsable des Comités locaux de coordination qui, dans un entretien accordé au quotidien libanais As Safir, explique qu’en dépit de la « patience » et de la « conscience » des Syriens face aux « provocations du régime« , la « poursuite des vexations et des atteintes aux croyances religieuses de la part des sbires d’al-Assad rendent les dérapages, hélas, plus probables ».

On appréciera ce « hélas » dans les pages d’un journal qui a si longtemps, à l’instar de la quasi-totalité ses collègues français, nié les violences et les exactions de sa chère opposition « démocratique » et « pacifique », et à qui il a fallu pas mal de temps et beaucoup de pincettes pour reconnaître la mort de plusieurs centaines de soldats et policiers syriens. Sans doute ce « hélas » vaut-il aussi absolution pour les meurtres en série commis ces derniers jours contre des personnalités et notables suspectés de sympathies pour le régime actuel et dont une des dernière et plus notables victimes est le fils du Grand mufti de Syrie.

« Hélas ! » minaude donc Hala Kodmani et avec elle tout le staff des éditorialistes de la pensée unique Libération-Le Monde-Le Figaro-Le Journal du Dimanche-Paris Match-VSD-Courrier International-France Info-RFI-Arte-Antenne 2-Canal+-I-Télé (allez, on s’arrête là, c’est beau, c’est grand le pluralisme de la presse française !), hélas, la Syrie va à la guerre civile, comme c’est triste – mais inévitable. Car, sur ce point, Hala Kodmani est formelle : « La révolution pacifique, multi-confessionnelle et purement syrienne a perdu de sa crédibilité » (en ce qui nous concerne, elle a perdu très tôt cette crédibilité-là, Ndlr).

Libé-Figaro, même combat pour Washington et l’OTAN

D’ailleurs, assure Hala Kodmani, plus que jamais en osmose avec les partisans de l’OSDH et des CLC, « les affrontements entre militaires loyalistes et rebelles se multiplient« , ces rebelles, véritables Robin des bois ou Zorro démocrate et syriens, n’intervenant d’ailleurs que « pour protéger les habitants des raids des miliciens pro-Assad » - on notera, en passant, le choix du mot « milicien« , historiquement et négativement connoté en France. Bref – et « hélas » – la guerre civile est déjà là, que ça plaise ou non, et elle est moralement justifiée !

Et, les masques de nos journalistes tombant à la vitesse des bombes de l’OTAN sur la Libye, on lit dans cet article de Libération des choses qu’on aurait cherchées en vain quelques semaines – quelques jours – plus tôt : « La présence et l’usage des armes, au nom de l’autodéfense par la population, ont été confirmées de sources diplomatiques locales et indépendantes« . Les mêmes sans doute qui naguère affirmaient la main sur le coeur – et le téléphone satellitaire – que les opposants étaient unanimement et perpétuellement désarmés !

Décidément, la tendance « opposition pacifique et patriotique » est effectivement passée de mode, dans nos médias sinon dans les milieux de l’opposition syrienne ! (Ca n’empêche pas la Kodmani, à un autre bout de son article certainement approuvé par la Maison Blanche, de recycler le thème des manifestants continuant « de faire face, à mains nues, à la machine de guerre du régime« , on ne ne va pas renoncer totalement à ce genre d’images empruntées aux Misérables de Victor Hugo !)

Hala Kodmani tient néanmoins à laisser filtrer un peu d’espoir : il reste bien un moyen de mettre fin à la guerre civile, c’est… la guerre tout court : « Les appels (syriens) à une intervention étrangère se multiplient » s’enthousiasme-t-elle, citant notamment ce correspondant du site d’opposition Syria News Network qui réclame « au moins » une zone d’exclusion aérienne, sur le modèle éprouvé et approuvé de la Libye et de l’Irak. Et même si ce sujet fait encore un peu débat « au sein du mouvement de protestation« , un tabou est tombé, se félicite la plumitive de Libé qui cite en exemple la page d’accueil d’un site de l’opposition proclamant « Oui à l’intervention militaire étrangère pour vaincre les gangs des al-Assad et sauver les Syriens ! »

Tout est décidément très clair : comme naguère son collègue « de droite » du Figaro Georges Malbrunot (voir notre article « Georges Malbrunot, la voix de ses nombreux maîtres« , mis en ligne le 25 août), la journaliste « de gauche » Hala Kodmani participe à une campagne belliciste en prise directe avec le cahier des charges du Département d’Etat US et de l’OTAN.

Sept mois après le début des troubles, Bachar al-Assad tient toujours et une majorité de Syriens de Syrie refuse de céder aux diktats des gouvernements et journalistes d’Occident. Il faut donc les sauver, ces Syriens, d’eux-mêmes, et les libérer malgré eux. A vrai dire, tout ça était évident pour les rédacteurs et lecteurs d’Infosyrie, ce devrait l’être aussi désormais pour la frange lucide,responsable et encore nationaliste de l’opposition syrienne.

 






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