Pour disqualifier son adversaire, le trotskiste avait pour habitude de le qualifier de bourgeois avant 1945, ou de fasciste après, histoire de l’interdire de parole. C’était facile : pendant que l’adversaire en question fouillait dans sa tête pour trouver la parade, le trots envoyait une nouvelle salve et l’achevait.

Un siècle après la naissance du trotskisme, le débat français en est toujours là. Démonstration avec l’axe Mélenchon-Autain-Jakubowicz.

Sort actuellement un livre anti-Mélenchon, sur lequel tous les médias à la solde du grand capital se jettent, et pour cause : le CRIF l’a désigné comme l’homme à abattre, puisqu’il incarnerait le nouvel antisémitisme. L’antisémitisme, selon ses concepteurs, ne disparaît jamais : il réapparaît sous une nouvelle robe, toujours à la mode. En réalité, c’est une mode, avec ses créateurs, ses défilés, ses mannequins.

Mélenchon, c’est Staline et Hitler

Les deux auteurs sont peu connus, mais c’est Clémentine Autain, qui semble avoir été l’inspiratrice de l’ouvrage, qui en fait la promo. Grâce à cela, elle est à nouveau invitée partout, à faire la tournée des gros ducs, et pour un homme politique déclassé, c’est une bulle d’air. Clémentine a notamment quitté LFI suite à des divergences de vues sur le féminisme, le sionisme, les marronniers, quoi.

On commence par les auteurs et on enchaîne avec Clem.

Le fil est assez simple : Méluche est antisem parce qu’il défend les Palestiniens, qui, on le rappelle, ne subissent pas un génocide car ils ne sont pas juifs. Si on écoute la télé aujourd’hui, il faut être juif pour subir un géno. Marque déposée, point.

Non, je ne suis pas une balance

Pour envenimer un peu plus les choses, l’ex-président de la LICRA et défenseur du pédocriminel Lelandais, Alain Jakubowicz, s’est permis de comparer Mélenchon à Goebbels. Normalement, en tant qu’avocat et sommité du lobby, il a tous les droits.

Le procès de Jean-Luc

N’écoutant que son honneur, Jean-Luc a aussitôt dégainé une plainte. Il n’y a pas de débat sans plainte ou pleurniche, aujourd’hui. Sur les RS, les droitards ont rappelé que ce même Mélenchon avait traité un président d’université d’« Eichmann ». Et après on se demande pourquoi le nazisme a le vent en poupe... Même Kanye vient de sortir un clip qui s’appelle Heil Hitler, heureusement censuré par YouTube ! Tout ça en plein 8 Mai... Y a plus de respect !

Vous l’aurez remarqué, on ne prend pas parti dans ce pugilat. C’est un peu comme les flics qui laissent les dealers s’entretuer. On rappellera juste que Clem nous en a sortie une bonne, pour bien se placer dans le camp du bien, ce qui est assez puéril.

Oh le gros message bien relou envoyé au CRIF ! Cependant, ce n’est pas ça qui fera vendre le livre, le CRIF n’étant pas très populaire en France, on va dire depuis le 8 octobre 2023. Tout ce que touche le CRIF est quelque peu plombé.

Que reste-t-il de ce débat ? Pas grand-chose : le pouvoir profond, qui a changé de monture, est passé de la gauche à la droite, et il est en train d’abattre sa vieille carne, on l’a vu avec le PS, qui a trop servi. La France insoumise, qui a remplacé le PS croupion, est devenue le repoussoir national car son antiracisme foncier est devenu un anti-israélisme, par la force des choses. Corbyn est passé par là, en Angleterre. Il a été décapité en place publique et remplacé par le pantin Starmer, qui lui, a signé le pacte avec le Diable.

Exit donc l’antiracisme, puisqu’il mène à l’antisémitisme, et bonjour l’extrême droite raciste sioniste, la nouvelle monture du lobby, plus docile, et désireuse de croquer dans le gâteau, après tant et tant d’espérances déçues. Elle n’est pas au bout du chemin et devrait plutôt faire alliance avec LFI, dont elle subira un jour le sort. Remarquez, elle l’a déjà subi. Aux fous, comme dirait Philippot. Le débat est à la fois confisqué et pourri, en France.