Egalité et Réconciliation
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Qui encourage l’immigration clandestine ?

Par Jean-François Kahn

"Un Jean François Kahn bien inspiré vient confirmer ce qu’ER dit depuis longtemps et a encore répété face au Ministre Besson : la gauche collabo, de Besancenot à Aubry, en passant par Mélenchon et la direction de la CGT, fait le jeu de Sarkozy en le présentant comme l’homme de la répression contre l’immigration, alors que ce gouvernement laisse entrer 175 000 personnes légalement par an et au bas mot 100 000 clandestins... La vérité est que Sarkozy, en lampiste du grand capital, est un immigrationniste fervent. On pourrait tenir d’ailleurs le même raisonnement sur la question de l’insécurité, domaine où là encore la gogoche nous le présente comme l’homme de la répression quand pourtant le laxisme est la règle. Le plus drôle est que les premières victimes de cette hypocrisie sans nom sont les classes populaires urbaines, parmi lesquelles on compte beaucoup de français d’origine Africaine. Victimes d’une concurrence déloyale et d’une insécurité galopante mais aussi d’une image d’étrangers sans cesse renouvelée. Il est temps que les travailleurs Français de banlieue, y compris musulmans, exigent de Sarkozy qu’il tienne ses promesses : qu’il les débarrasse de la racaille et qu’il stoppe l’immigration !

Mais ce dernier préfère combattre la burqua, et stigmatiser l’islam : c’est plus facile, ça rassure les cons d’extrême droite et ça sert les intérêts de ses employeurs..."

Marc George - Secrétaire général E&R

Quand la gauche accuse, mécaniquement, Nicolas Sarkozy de mener une politique frileuse de fermeture des frontières, Sarkozy se frotte les mains. Pourquoi se le dissimuler : le chef de l’Etat a tout à fait raison de se réjouir. On ne saurait effectivement lui faire un plus beau cadeau. Récapitulons : il y a deux ans et demi il engageait la France dans une politique dite « d’immigration choisie » ou « d’immigration de travail ». La crise n’avait pas encore frappé. Dans de nombreux secteurs, les bas salaires et les déplorables conditions de travail provoquaient, comme on dit pudiquement, des « tensions sur le marché de l’emploi ». Autrement dit, les demandeurs d’emploi qu’ils soient « autochtones » Français « de souche », ou immigrés en situation régulière, n’acceptaient plus d’être traités comme des ilotes ou des parias et boudaient les offres pourries qu’on leur présentait.

Allait-on convaincre les employeurs de ces secteurs de se convertir enfin au progrès social ? Pas du tout. Nicolas Sarkozy et son ministre Hortefeux choisirent une toute autre voie : ils décidèrent de restreindre l’immigration humanitaire ou politique (le droit d’asile), mais d’encourager fortement « l’immigration de travail », c’est-à-dire de faire largement recruter à l’étranger, soit des ouvriers très qualifiés dont on privait ainsi les pays en voie de développement, soit des travailleurs en détresse susceptibles d’accepter la précarité, une protection sociale minimum et de très faibles rémunérations.

Des listes de métiers en recherche de main-d’œuvre, assorties de quota de personnels désirés, furent même envoyées aux ambassades ouvertement invitées à en rabattre. La nouvelle de cet encouragement officiel à l’importation de « matériel » ou de « capital » humain se répandit un peu partout et dopa évidemment les flux d’immigration clandestine. Puisqu’on officialisait cyniquement une demande de forces de travail bon marché, autant tenter sa chance ! Un signe : dans plusieurs villes de banlieues, les effectifs scolaires à la rentrée se révélèrent de 10 % supérieur à ce que laissait prévoir le nombre officiel d’habitants. Ce qui signifiait que le nombre « d’illégaux » avait augmenté au moins d’autant.

Donc, d’un côté on faisait la chasse à la sortie des écoles à des enfants scolarisés de « sans papiers », mais sans toucher un cheveu à leurs plus gros employeurs qui se trouvent être souvent des amis du président ; on laissait se dégrader la situation sociale des immigrés en situation régulière, massivement victimes de ségrégation exacerbée par l’augmentation du chômage. Mais, à la demande de l’aile la plus conservatrice du Medef (c’est même elle qui fixa les quotas d’importation), on organisait et on encourageait l’appel à de nouvelles vagues de salariés migrants forcément surexploités parce que sur-exploitables.

La gauche allait-elle dénoncer l’arnaque ? Montrer qu’en matière d’immigration comme d’insécurité le bilan contredisait radicalement le discours ? Au contraire. Par la bouche de Martine Aubry entre autres, elle cautionne la ruse sarkozyste en délivrant au chef de l’Etat un brevet totalement usurpé de politique migratoire régulée, retenue, restrictive et efficace ! Bravo et merci.