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RFID : La police totale (Pièces et main d’œuvre)

« Si l’on mesure la menace aux soins que mettent les chercheurs à la dissimuler, les RFID méritent assurément notre rébellion. Que pouvons-nous ? Refuser toutes les cartes, de transport, de fidélité, de paiement, d’identité, à RFID. Fuir les magasins qui taggent leur marchandise. Soutenir les éleveurs qui refusent de pucer leurs animaux. Inventer des moyens de sabotage des puces et des lecteurs. Sommer les associations, syndicats, partis, médias, de se battre contre le mouchardage universel. Fermer, saboter, raser les laboratoires de la police totale. »

La RFID (Radio Frequency IDentification ou Identification Devices) est un petit pas pour l’homme, mais assurément un grand pas vers le nanomonde totalitaire.

Le collectif Pièces et main d’œuvre (PMO) nous en livre un exposé clair et concis, abondamment sourcé – comme à son habitude. Et même pour ceux qui connaissent déjà les tenants et les aboutissants de cette technologie, la lecture de ce court livre et des déclarations officielles qu’il contient fait froid dans le dos.

Comme pour la cybernétique dont l’utilisation première était destinée à la balistique, la technologie RFID visait à une identification radar distinguant l’ami de l’ennemi. Progressivement, la traçabilité s’est substituée à l’identification. Marché oblige (et compétitivité et le reste du refrain) cette technologie s’est progressivement libéralisée.

En 2007, 1,7 milliard de puces RFID avaient été vendues dans le monde. 650 milliards sont attendues pour 2018. Pour la seule Europe, 8 à 9 milliards de puces RFID sont prévues pour 2016. La proposition de base de ladite puce est de tracer les déplacements à distance.

Tout objet porteur de puce RFID peut être identifié et localisé instantanément partout dans le monde – tout comme son porteur. En pratique, des livres en sont équipés, parfois même des billets sportifs afin de pouvoir suivre les déplacements des supporters.

Certains collèges (pas encore en France) l’ont rendue obligatoire afin de s’assurer de la présence des élèves et de surveiller leur comportement. La transmission des informations se fait par radiofréquence. En 2008, date de rédaction de ce texte, les plus petites puces RFID mesuraient 5 micromètres d’épaisseur, indétectables donc.

On l’aura compris, dans les faits la RFID est un mouchard (l’information s’entend dans son acception anglaise, qui signifie « renseignement ») destiné à communiquer un maximum d’informations sur le détenteur de tel ou tel objet, sur notre comportement social, voire de consommateur. Un petit objet, l’ « iscreen » déclenche le contenu adapté au comportement de la personne. Des chercheurs, apprend-on, entendent même définir le statut social d’une personne et sa place au sein d’un groupe par l’utilisation qu’elle fait de son portable.

Bref, une véritable puce idiosyncrasique pour l’objet communiquant que nous devenons, animé parmi les inanimés. A nuancer toutefois, puisque la finalité est de permettre aux objets de communiquer entre eux, ce que les industriels responsables du projet dit d’Internet des objets ont nommé le « Machine to Machine ». Les objets interactifs se passeront de l’intervention humaine. Pour reprendre les exemples des auteurs, le frigo qui commande les yaourts ou la machine à laver qui choisit les programmes adéquats selon les vêtements.

D’ores et déjà, de très nombreux capteurs ont été mis en place, invisibles, permettant de tout surveiller et à tout moment, grâce notamment à la « poussière intelligente » (smart dust, voir annexe).

En France, des capteurs ont été placés sur le bord des rivières, en prévention des crues. Mais les indications fournies, bien entendu, ne se limitent pas à la montée de l’eau, si tant est que l’on s’en trouve à proximité. Par ailleurs, le projet hexagonal INES prépare les cartes d’identité RFID. Tout refus, on s’en doute, deviendra un acte suspect, manifestation subversive d’un terroriste en herbe ayant des choses à se reprocher, genre jurisprudence Tarnac.

Les pseudo-arguments en faveur de la RFID ne manquent pas. La traçabilité se veut prophylactique relativement aux risques sanitaires, protéger des attaques terroristes, etc. La vache folle a dans cette veine servi de prétexte pour pucer les animaux, ce qui a été rendu obligatoire par la Commission européenne de 2004. Pas question de parler des conditions d’élevage desdits animaux, ni de la nourriture qui leur est donnée et les transforme à moitié en mutants. Non : le seul remède contre les ravages sanitaires chez les animaux liés à l’industrialisation de l’agriculture est le puçage.

Quant aux hommes – alors qu’en 2008 le nombre d’humains pucés s’élevait à 2 000 – nous devenons des objets communicants, suivables, analysables, gérables. Le projet UIAD prévoit que nous ayions chacun une adresse électronique pour être localisables en permanence. Le territoire est progressivement maillé, et les puces RFID implantées partout.

Un exemple ? « La société américaine Applied Digital Solutions s’est engouffrée sur ce marché porteur depuis les années 2000. Verichip, sa puce sous-cutanée pour humains, équipe déjà des milliers d’humains, pour des usages multiples : suivi des enfants dont les parents craignent l’enlèvement, patientes de dizaines d’hôpitaux américains portant en eux leur dossier médical numérisé, clients branchés de boîtes de nuit espagnoles et hollandaises qui règlent leurs consommations en passant leur bras sous la borne électronique (trop fun), employés de banque australiens obligés de se faire scanner pour accéder à leur poste, etc.

Sans oublier les morts du cyclone Katrina, les techno-fans qui se font pucer pour ouvrir leur maison ou leur voiture d’un geste de la main, et les multiples projets de puçage des maladies psychiatriques, des SDF, ou des enfants dès la naissance. »

La question éthique reste étrangère aux chercheurs ainsi qu’aux universitaires socio-anthropologues, complices une fois de plus du « Progrès » et béats face à l’avancée technologique. Toutefois, note le collectif PMO, tous sont cependant conscients de l’arnaque liberticide qu’ils nous présentent. Ils travaillent donc à fabriquer le consentement de l’opinion, destinée à accepter la RFID.

Affaire de com’, ils préfèrent par exemple parler de « mouchard vert » plutôt que de « mouchard intelligent », en comptant sur l’apathie et le sentiment fataliste des masses. Les sociologues cités en sus cherchent quant à eux à fabriquer de nouveaux besoins en les justifiant avec leur sabir ad hoc, afin d’assurer la rentabilité de cette nouvelle technologie. Tous les moyens sont bons. Les nombreuses sources publiques présentées exposent que le mensonge est sciemment employé, tout comme le conflit d’intérêt : Philippe Lemoine, commissaire à la Cnil, est également co-président de GS1 (lobby des RFID) et patron de la filiale Laser des Galeries Lafayette, dont les visées recoupent les utilisations marketing de la puce RFID.

Avec PMO, gageons que « la Cnil est plus l’agence de développement du contrôle policier que l’agence de contrôle du développement policier. » Quant aux sentinelles du peuple (humour !) du journal Le Monde, le collectif PMO présente les conférences pro-RFID que le journal anime, et elles valent leur pesant de cacahuètes pucées. Ajoutons à cela le fait que des implants TIC (technologies de l’information et de la communication) dans le corps humain sont prévues, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : celui d’Ultimate Game, Ken Castle et son nanex.

Annexe : La poussière intelligente

« Miniaturisés à l’extrême, les capteurs sans fil se font poussières, elles aussi intelligentes (« smart dust »), mais surtout invisibles, indécelables. Des cubes d’un millimètre de côté contenant un capteur, un procédé de traitement numérique, un système de gestion des communications (radiofréquence) et une alimentation. Répandus sur toute surface (sol, objets, vêtements), ces grains détectent, transmettent leurs informations, et s’accrochent à vous pour une filature électronique en toute discrétion.

Nox Defense, le partenaire des concierges, vend aussi des poussières d’identification (ID-Dust). Il suffit d’en saupoudrer le sol pour surveiller les allées et venues. Collés aux semelles des chaussures, ces mouchards minuscules, détectés par les lecteurs RFID dissimulés dans le décor, sont couplés à des caméras de surveillance haute définition. Quand l’alarme se déclenche (quelqu’un est entré dans la zone), les images sont transmises sur votre iPhone, pour suivre la scène en direct et enregistrer l’identifiant des RFID présentes dans le périmètre – donc leurs propriétaires.

Écoutons le directeur de Nox, interrogé par RFID Wizards, portail professionnel : « Notre mission n’est pas de violer la vie privée, simplement de protéger les innocents. La RFID est juste un outil pour notre système. Sans elle, nous utiliserions d’autres moyens pour tracer, comme les odeurs, des produits chimiques ou des colorants – d’ailleurs nous le faisons. Le droit à la vie privée est important, mais la vie privée et l’anonymat sont différents. Tout ce que la RFID permet, c’est de prouver ce que vous avez fait. » Vous voyez bien que vous êtres libres : la RFID ne dénonce pas encore vos pensées. » (pp.22-23)

 






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