Egalité et Réconciliation
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Retraites : le symbole d’une austérité généralisée

Alors que les affaires Amara, Boutin, Joyandet, Blanc, Estrosi et du fiston Bachelot sont les écrans de fumée de l’affaire Woerth-Bettencourt-Sarkozy, elle-même écran de fumée de l’énorme scandale des rétro-commissions de Karachi, et qu’une atmosphère de décomposition générale et de délabrement moral devient chaque jour un peu plus étouffante, et n’est pas sans rappeler l’odeur pestilentielle qui régnait en 1993 sous Mitterrand avant la dérouillée historique subie par la gauche aux législatives, la droite des affaires poursuit le programme qui est le sien depuis 2007 : "Défaire méthodiquement le programme du CNR" (Denis Kessler).

En plus de ce "programme", le gouvernement Sarko-Fillon n’hésite pas à aller au devant des exigences du FMI de DSK, des marchés financiers et des agences de notation. Pour le plus grand malheur de la France.

Fin juin, Eric Woerth a présenté son plan gouvernemental sur les retraites. Et il est fort peu de dire que ce plan constitue une régression sociale grave. Les principales mesures de cette contre-réforme sont connues, mais il n’est pas inutile d’y regarder de plus près.

Tout d’abord le report de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans en 2018 en l’augmentant chaque année de quatre mois. Et ceci alors que la pression au travail ne cesse de s’accroître et que six salariés sur dix ne sont plus dans le monde de l’emploi à 59 ans (invalidité, chômage, pré-retraite). Il faut noter également, une chose trop peu soulignée, le report en parallèle à 67 ans de l’âge d’annulation de la décote, dont il est très facile de mesurer les conséquences financières : deux ans de travail supplémentaires afin d’éviter ladite décote.

Autre point : la poursuite du relèvement de la durée de cotisations de 40,5 annuités jusqu’à 41,5 annuités en 2020 va faire encore baisser le niveau moyen des pensions. Les mesures concernant la prise en compte de la pénibilité renvoient au cas d’incapacité physique supérieure ou égale à 20% ou bien à une situation appréciée individuellement sur avis médical, ce qui va évidemment à l’encontre du principe de tout droit collectif.

Les fonctionnaires semblent être aussi particulièrement dans le viseur de ce projet. L’augmentation du taux de cotisation de 7,85% à 10,55% étalée sur dix ans est évoquée. Ce qui représenterait la bagatelle d’une perte de salaire d’environ 3% à terme.

Inacceptable également : la liquidation pure et simple du dispositif de départ anticipé pour les parents de trois enfants ayant quinze ans de service à compter de 2012. Un choix qui frappera plus durement les mères de famille (environ 10% des départs actuellement dans la fonction publique d’Etat relèvent de ce dispositif). Et après cela, ce gouvernement osera faire croire qu’il se préoccupe du sort des familles !

Au-delà, le gouvernement veut s’attaquer au Code des Pensions. Les menaces sont réelles de calculer le montant des pensions, non plus sur les 6 derniers mois mais sur les 20 dernières années. Enfin, on peut aussi signaler l’alignement sur le privé du minimum garanti (pour les personnes ayant tous leurs trimestres ou atteignant 67 ans).

Dans ce contexte, le prélèvement de 1% sur la dernière tranche de l’impôt sur le revenu ressemble à une tromperie. Il n’a pour seul et unique que de faire croire en un plan juste et équitable. Pas certain, que les salariés soient tous dupes. D’autant que d’après des calculs effectués par des organisations syndicales, ce prélèvement ne rapportera que 230 millions d’euros. Il est donc clair que le poids de cette réforme pèsera essentiellement sur les ouvriers, les salariés du privé, les fonctionnaires et la classe moyenne.

On estime d’ores et déjà à 19 milliards les sommes qui seront ponctionnées sur l’ensemble de ces catégories via le report de l’âge légal et toutes les mesures annexes. Le gouvernement veut faire adopter son projet au conseil des ministres du 13 juillet pour le présenter à l’Assemblée Nationale dès le 7 septembre.

Il n’est pas insensé de dire que ce projet Sarkozy-Woerth-Fillon sur les retraites s’inscrit dans un plan d’austérité généralisé dont on peut citer ici quelques tristes exemples :

- les fonctionnaires vont voir la valeur du point d’indice gelée

- les dépenses d’intervention de l’Etat vont diminuer de 4 milliards d’euros. Des allocations sociales vont baisser. "Nous supprimons la possibilité donnée aux étudiants et à leurs parents de cumuler l’aide personnalisée au logement (APL) et la demi-part fiscale pour enfant à charge", annonce le ministre Baroin. Et le même d’ajouter : l’allocation aux adultes handicapées "sera revalorisée de 3% l’an prochain au lieu des 4,5% prévus".

- des coupes de 2,3 milliards d’euros dans les dépenses de santé (remise en cause du 100% pour l’hyeprtension si cette maladie n’est pas accompagnée d’un autre facteur de risque, renvoi de certains cancéreux dans leur foyer dans le cadre du processus de "déshospitalisation" et des chimiothérapies à domicile avec pour conséquence la fermeture de 54 hôpitaux, enfin, d’après Les Echos des arrêts de travail à la demi-journée ou moins sont préconisés par la direction de l’assurance maladie).

A ces sinistres projets et pour que le tableau soit complet, il faut rajouter le plan HPST (Hôpital, patients, santé, territoire) de l’ineffable Roselyne Bachelot. Dont l’une des conséquences directes est la création des agences régionales de santé (ARS) qui vont devoir donner leur avis sur la fermeture de services de chirurgie pratiquant moins de 1500 interventions annuelles. 182 blocs opératoires sont directement menacés. "Cette norme de 1500 va souffrir un certain nombre d’exceptions" a cependant précisé Roselyne Bachelot. Nous voilà donc rassurés...

Autre scandale politique et moral très peu abordé : le projet de loi sur le dialogue social dans les très petites entreprises (TPE) est arrivé en débat à l’Assemblée Nationale le 7 juillet, il a été amputé de son article 6 qui instituait un droit de représentation syndicale par la création de commissions paritaires. Ce projet de loi est en fait un complément législatif de la loi du 20 août 2008. C’est le Medef et la CGPME en s’appuyant sur Jean-François Copé qui ont réussi à "faire sauter" l’article de loi qui aurait permis une représentation syndicale dans les TPE (près de quatre millions de travailleurs). Pourtant Eric Woerth, les syndicats et l’organisation patronale UPA (union professionnelle artisanale) étaient parvenus à trouver un terrain d’entente.

Le Sénat avait déjà passablement raboté cette mesure en la rendant facultative, l’exécutant Copé et ses commanditaires du Medef et de la CGPME ont fini par avoir sa peau. Rappelons au passage que Jean-François Copé ne fait pas mystère de ses ambitions présidentielles pour 2017... Cure d’austérité généralisée, plan de rigueur, guerre anti-syndicale, la droite d’affaires ne se cache décidément plus.

A tel point, qu’il est d’une extrême urgence de réagir. Un bon début serait une grève reconductible réunissant la fonction publique et les salariés du privé. D’autres modes d’actions devront sans-doute être envisagés mais la "grève générale reconductible" est devenue incontournable.

Les puissances d’argent et leurs multiples porte-flingues ne laissent plus d’autre choix au peuple français.