Egalité et Réconciliation
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Si je t’oublie Jérusalem…

L’association de la bêtise, de l’inculture et d’un goût certain de la provocation, qui inspirent depuis le début de son mandat les saillies de Nicolas Sarkozy, vient d’accoucher d’une réflexion qui aurait dû faire date si les media institutionnels avaient daigné lui donner un légitime écho.

Le propos qui nous occupe fut tenu le 9 février 2011 lors du dîner annuel du CRIF. Le petit Nicolas est un habitué des raouts de l’élite juive parisienne, au cours desquels il lui distille les compliments les plus sucrés. Souvenons-nous à cet égard de la cuvée 2008, à l’occasion de laquelle il avait défrayé la chronique en préconisant que quelques milliers d’enfants scolarisés dans le primaire endossent à titre symbolique l’identité des gamins juifs déportés de France et assassinés dans les conditions que l’on sait.

Les psychiatres avaient alors exprimé leur indignation face à cette initiative imbécile propre à perturber gravement le développement psychologique d’enfants ainsi institués cimetières vivants. Simone Veil elle-même s’était émue, avait dénoncé l’activisme sans conscience de son candidat de l’année précédente et la messe avait été dite : la France savait dorénavant que c’était son président qui relevait du psychiatre.

Les dîners du CRIF n’avaient point cessé pour autant et le président continuait à s’y rendre, avec la ferveur d’un soupirant mais sans les fanfares dont il s’était jusque-là entouré. Le cru 2011 fut somptueux : vingt-cinq ministres accompagnaient le Danube de la pensée élyséenne et les amabilités volaient de table en table, dans l’entre-soi délicieux des gens qui, à défaut d’être bien nés, ont au moins reçu la sainte onction du fric. Nicolas Sarkozy, selon l’usage, prit la parole pour remercier ses hôtes et, avec un air de conviction qu’on ne lui avait pas vu depuis longtemps, évoqua les “racines juives de la France”.

Deux mille ans d’histoire étaient ainsi convoqués au plus près du sommet de l’Etat et nos paysans courbés sur la glèbe, nos aristocrates à perruque, nos poilus du Chemin des Dames, toutes nos images mentales d’enfants de l’école publique étaient priées de s’effacer, par la grâce d’un homme qui ne lit pas : en lieu et place de nos chapelles, châteaux et usines, surgissaient en un étrange capharnaüm kippas et phylactères, rouleaux de la Torah et rabbins en caftan psalmodiant des versets dans la pénombre fuligineuse de Rembrandt…

A vrai dire, il faudrait que le botaniste de la République choisisse ses racines : en décembre 2007, dans son fameux discours du Latran, il nous avait fait le coup des “racines chrétiennes” et proclamé urbi et orbi que “l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur… parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance”. Les laïcs avaient apprécié ce rappel aux fondamentaux d’un catholicisme de mission dans la bouche du garant de la loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905. Il est vrai que le tout récent divorcé de Cécilia cherchait alors à se rapprocher de son électorat catholique scandalisé par les frasques de sa période bling-bling : cela méritait bien aussi quelques démonstrations d’intense piété lors des obsèques de Lazare Ponticelli, le dernier poilu d’origine italienne mort pour la France d’Eric Besson et de Brice Hortefeux en mars 2008...

Mais tout de même, ces racines juives de la France… Notre érudit président s’appuie vraisemblablement, pour lester de quelque poids cette fracassante affirmation, sur un corpus d’études historiques du plus haut intérêt qu’on serait ravi de pouvoir consulter. Car l’historien d’aujourd’hui, qui gravit certes plus souvent l’échelle des bibliothèques que le mont Sinaï, est bien obligé d’adopter sur cette question une grande prudence. La présence de juifs est bien attestée en Gaule romaine dès le règne d’Auguste (27 avant JC - 14 après JC) mais à titre purement anecdotique : Auguste exile en Gaule des agitateurs politiques qu’il ne souffre ni en Judée ni à Rome. L’Eglise légifère sur les juifs dès l’époque carolingienne, ce qui témoigne de leur présence numériquement de plus en plus importante. Le droit canon et les règlements ecclésiaux s’accordent pour encadrer et surveiller des populations toujours perçues comme déicides et allogènes. Ce statut d’allogène va justement à l’encontre de toute idée d’enracinement : comment un pays pourrait-il se prévaloir de racines prises dans un terreau qui précisément ne voulait pas se laisser ensemencer ?. Toute l’histoire du Moyen Age est jalonnée de persécutions et d’expulsions qui semblent se résoudre définitivement en 1394 avec un arrêt d’expulsion définitive, qui ne sera d’ailleurs que partiellement appliqué.

Des communautés juives s’établiront solidement dans certaines parties du royaume ou dans des enclaves au statut particulier : ainsi des “juifs du pape” du Comtat Venaissin, prêteurs sur gages des pontifes d’Avignon, astreints à résider dans les quatre “carrières” - zones réservées - d’Avignon, de L’Isle-sur-la-Sorgue, de Cavaillon et de Carpentras ; les juifs du Sud-Ouest, eux, étaient des sépharades expulsés d’Espagne au XVIème siècle, qui se fixèrent à Bordeaux et à Bayonne ; les juifs “d’Empire” étaient installés en Alsace et en Lorraine, mais jugés indésirables à Strasbourg et à Colmar. C’est la Révolution Française, héritière de Lumières qui ne furent pas toujours favorables aux juifs (Voltaire serait impubliable aujourd’hui aux yeux de la police de la pensée) qui entreprit véritablement de “nationaliser” les juifs de France et d’en faire des juifs français.

Parler de “racines juives” dans un pays qui, jusqu’à l’aube des temps modernes, avait refusé de traiter autrement que comme des minorités tolérées des populations méprisées pour des motifs religieux ou économiques relève, au mieux de l’ignorance, au pire de la supercherie. Nicolas Sarkozy, à vrai dire, se préoccupe beaucoup moins de l’histoire de la France que de son avenir personnel. Dans cet avenir, comme du reste dans son présent, les juifs semblent jouer un rôle fondamental. Le petit homme est incontestablement fasciné par le peuple qui se dit élu. La présence dans son arbre généalogique d’un grand-père juif originaire de Salonique - et qui fut ô combien plus français de coeur que son inquiétant surgeon - n’y est sûrement pas étrangère, mais elle n’explique pas tout. Il est certes difficile d’imaginer Nicolas Sarkozy en kabbaliste confirmé, en exégète passionné du Talmud ou en écrivain tourmenté de la Mitteleuropa au tournant du XXème siècle.

Le judaïsme de Sarkozy est celui de l’argent et du show business : pour cet individu sans culture et sans substance, qui s’est vécu comme socialement déchu au regard du père prodigue auquel il ressemble tant, les juifs représentaient cet univers d’opulence plus ou moins discrète auquel il aspirait. Il y a du Sentier chez cet individu qui ne peut prétendre à Proust, et que Proust n’intéresse pas. Soit. Ce qui est plus ennuyeux, c’est que le président ne s’est pas désolidarisé du Rastignac vulgaire de Neuilly et qu’il a fait coïncider sa politique avec les intérêts des financiers et des journalistes qu’il a attirés à lui. Jamais dans l’histoire de ce pays un président de la République ne s’était montré aussi inféodé aux puissances d’argent et au lobby sioniste avec lequel elles ont partie liée.

Le dîner du CRIF du 9 février montre jusqu’à la caricature à quel point le sort politique de l’actuel locataire de l’Elysée est lié au vote, aux subsides et au pouvoir d’influence d’une bourgeoisie juive qui s’est droitisée depuis les attentats antisémites du début des années 2000 consécutifs à la seconde Intifada dans les territoires occupés. Que MM. Israelewicz et Edouard de Rothschild, respectivement directeur du Monde et actionnaire principal de Libération, n’aient pas jugé opportun d’en emplir les colonnes de leurs journaux peut se concevoir : trop de publicité autour d’une déclaration d’allégeance à Israël peut à terme se révéler contre-productif. Ils ont néanmoins choisi leur candidat. Il nous reste à espérer que le prophète de l’abdication nationale qui pollue notre République n’ait bientôt plus d’autre ressource que d’aller chercher à Tel Aviv les oracles de son avenir politique.

 






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5 Commentaires

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  • #6023
    Le 18 mars 2011 à 22:06 par anonyme
    Si je t’oublie Jérusalem…

    Du boulot propre. Article sérieux, efficace. A diffuser lourdement !

     

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    • #6076
      Le Mars 2011 à 15:33 par anonyme
      Si je t’oublie Jérusalem…

      la partie coupee etait d un grand interet.dommage, mais l article reste tres interessant.
      comment se debarasser de cette vermine ?

       
  • #6024
    Le 18 mars 2011 à 22:14 par Yassine
    Si je t’oublie Jérusalem…

    C’est bien ce que j’ai toujours dit : France-Palestine même combat. Le même besoin “légitime” de leur main mise du pouvoir par des versions historiques faussées. La même occupation si ce n’est plus sournoise et non affichée en France. De ce fait, la situation fait qu’à Gaza, en Cisjordanie, ou à Jérusalem Est, au moins le peuple palestinien c’est ce qu’il en est alors que “monsieur tout le monde” en France n’a pas conscience de cela.
    Pendant que l’on nous vend la “menace islamique” du pays on évite de dire que la France est occupée : Occupation administrative, politique financière, médiatique, éducative, culturelle.

     

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