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Soudan : les réfugiés fuient les combats, Moscou menace de sanctions

Un flot croissant de réfugiés affamés fuit les combats entre le Soudan du Sud et le Soudan, qui aurait mené de nouveaux raids aériens pendant le week-end, poussant la Russie à brandir la menace de sanctions économiques contre les deux pays.

Le nombre de ces réfugiés victimes de "pénuries alimentaires" et fuyant les combats au Kordofan-Sud, dans le sud du Soudan, a connu une "augmentation notable" ces dernières semaines, s’est alarmé lundi le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha)

En avril, 234 personnes ont franchi en moyenne chaque jour la frontière du Soudan du Sud contre 84 par jour en février et mars, selon l’agence onusienne, qui s’inquiète de la dissémination dans la zone de mines et de munitions non-explosées.

Certains d’entre eux "ne se nourrissent plus qu’avec ce qu’ils peuvent trouver dans la nature", n’étant plus en mesure de cultiver ou d’acheter des denrées alimentaires en raison de l’intensification des combats.

Le Soudan du Sud a accusé lundi l’armée du Soudan d’avoir mené de nouveaux bombardements sur quatre points de la zone frontalière qui abrite notamment l’important champ pétrolier d’Heglig. Des combats au sol auraient également eu lieu dans la région.

Le porte-parole de l’armée soudanaise a toutefois démenti ces accusations, affirmant que Khartoum n’avait "bombardé aucune zone". La région disputée d’Heglig a été récemment au coeur des plus violents affrontements entre les deux voisins soudanais depuis la partition du pays en juillet 2011. Le 20 avril, Khartoum avait repris cette zone que Juba avait conquise dix jours plus tôt.

Les deux Soudans ne parviennent pas à s’entendre notamment sur le tracé de la frontière et le partage des revenus pétroliers et s’accusent mutuellement de soutenir des groupes rebelles sur leur territoire.

Signe des tensions croissantes, le Soudan a déclaré dimanche l’état d’urgence dans trois de ses Etats frontaliers et a ordonné l’expulsion de 12.000 Sud-Soudanais.

La communauté internationale multiplie les pressions pour éviter que ces combats ne dégénèrent en un nouveau conflit ouvert après les décennies de guerre civile (1983-2005)

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exigé lundi que les combats cessent "immédiatement et sans conditions" et prévenu que le Conseil de sécurité de l’ONU, saisi d’un projet de résolution, pourrait prendre des sanctions économiques contre les deux pays.

Le projet de résolution dit que "le Conseil de sécurité va examiner les agissements des deux parties et qu’il pourrait discuter d’éventuelles mesures supplémentaires" dans l’hypothèse où les engagements ne sont pas tenus, a souligné M. Lavrov.

L’Union africaine (UA) a déjà exhorté la semaine dernière les deux pays à reprendre les négociations sous peine de prendre "des mesures appropriées". Lundi, le président de la commission de l’UA, Jean Ping, s’est félicité que le Soudan du Sud ait accepté sa feuille de route, prévoyant l’arrêt des hostilités, et a dit attendre avec "intérêt" la réponse du Soudan, qui a déjà refusé toute intervention de l’ONU dans le conflit.

Par ailleurs, les quatre étrangers, dont un employé de l’ONU, qui avaient été arrêtés samedi par l’armée soudanaise le long de la frontière avec le Soudan du Sud sont "en bonne santé", a assuré lundi à l’AFP l’ambassadeur de Norvège à Khartoum.

Un porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères Khartoum a assuré lundi que les quatre hommes —un Britannique, un Norvégien, un Sud-Africain et un Sud-Soudanais— étaient visés par une enquête pour avoir illégalement pénétré dans la zone d’Heglig avec des équipements militaires.

Plusieurs organisations avaient au contraire soutenu que ces quatre personnes ne se trouvaient pas à Heglig mais au Soudan du Sud où elles effectuaient une mission de déminage pour le compte des Nations unies. L’un d’eux est directement employé par l’ONU.