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Syrie : "incidents de frontières..."

L’OSDH continue de parler, ce lundi 2 avril, de combats dans le nord du pays, secteur d’Idleb, (trois « civils » tués) et de « tirs nourris de mitrailleuse » entendus dans certains quartiers de Homs, ainsi que de l’explosion de bombes à Alep (un mort) et à Damas (des blessés). En tout, l’OSDH recensait 11 morts à mi-journée. Et pour la journée de dimanche, l’officine d’opposition basée à et soutenue par Londres donne un bilan de 40 morts.

Pour ce qui est de lundi matin, l’armée aurait « pilonné » deux villages de la région d’Idleb, Deir Soubol et Farkia, et lancé un assaut contre un troisième, Haas, au cours duquel deux « civils » et cinq « déserteurs » auraient été tués. Un autre village, Maghara, aurait lui aussi été investi par les forces régulières, qui y auraient brûlé des maisons et procédé à des arrestations.

Cavernes d’Ali-Baba insurgé

A Homs, l’OSDH/AFP nous reparle de « combats violents » entre soldats et insurgés dans le quartier de Jouret al-Chiyah (juste au nord du centre-ville) et parle de tirs dans le quartier d’al-Hamidiyeh (à l’est de Jouret) : il y a certainement des groupes encore à l’oeuvre dans la grande cité, un mois après leur expulsion de Bab Amr. On ne doit pas perdre de vue que Homs est étendue en superficie comme au moins la moitié de Paris, et dont nombre de quartiers, notamment celui, chrétien-alaouite, d’al-Hamadiyeh ont été vidés d’une bonne partie de leurs population par les événements, et notamment les persécutions et menaces des bandes islamistes. Dans une telle configuration, des petits groupes mobiles peuvent défier un certain temps les forces de l’ordre.

Au sud, dans le gouvernorat de Deraa, à Inkhel, un groupe ASL a attaqué un barrage de l’armée au RPG, tuant deux soldats.

Pour ce qui est de la bombe de Damas, elle aurait explosé dans le secteur de Marjé près d’un commissariat et aurait fait quatre blessés, des policiers selon la télévision syrienne.

Et à présent, le regard de Sana pour la journée du dimanche 1er avril. Qui confirme des accrochages dans la banlieue de Deraa avec des groupes armés dont « nombre » auraient été tués tandis que d’autres se rendaient. Dans ce secteur, la proximité de la frontière jordanienne n’est évidemment pas étrangère à l’activisme armé. Du reste, dans ce même secteur de Deraa, l’armée revendique l’arrestation d’autres « terroristes recherchés » et aussi la saisie de nouveaux arsenaux. Des caches d’armes ont également été découvertes à Damas, plus exactement à Yalda (sortie sud de la ville) ; dans la banlieue nord-est de la capitale, à Douma, l’armée a procédé à des arrestations, et là encore capturé un arsenal. Dans la commune voisine d’Harasta, les soldats ont investi une ferme pour y découvrir un autre « trésor » d’armes, de munitions, d’engins explosifs, de matériel sanitaire, le tout étoffé d’un mini-parc de voitures volées.

Sana parle elle aussi de Homs, mais juste pour y parler de la découverte d’une cache d’armes dans un puits dans le quartier An-nazihin

L’agence de presse officielle syrienne signale aussi d’incidents dans la région Deir Ezzor, la grande ville de l’est : intervenus plus précisément à al-Qureiya, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Deir, sur l’Euphrate, ils ont fait des tués et des blessés chez les rebelles. Là encore on peut penser que la proximité de la frontière irakienne (une quarantaine de kilomètres) est propice aux infiltrations de groupes armés.

La tragique partie de cache-cache entre l’armée et les bandes rebelles se poursuit donc, jour après jour. Plus de quoi menacer l’Etat syrien, mais toujours assez pour entretenir le climat d’insécurité et donner un prétexte aux dénonciations et menaces des différents ennemis de la souveraineté et de l’unité de ce pays.

Et chaque jour ou presque des convois funèbres de soldats et policiers tombés au combat partent de différents hôpitaux de Syrie. Ce 1er avril, ce sont 5 « martyrs » dont les corps ont été levés, à Damas, Alep et Lattaquié, un colonel, deux soldats du rang, un policier et un employé civil tués par les amis de Clinton et Juppé à Homs, Alep et dans la banlieue de Damas

Le Liban s’engage un peu plus contre la contrebande

Nous parlions d’armes et de frontières : le ministre libanais de la Défense, Fayez Ghosn a reconnu, pour le déplorer, que le trafic d’armes entre son pays et la Syrie persistait. Dans un entretien accordé dimanche 1er avril au journal algérien Al-Nahar, le ministre met en cause des bandes organisées qui profitent de la longueur de la frontière commune – 330 kilomètres- et de la configuration souvent montagneuse de celle-ci pour continuer leurs activités, malgré l’engagement croissant de l’armée libanaise.

Des propos corroborés le même jour par son collègue de l’Intérieur Marwan Charbel qui s’exprimait sur la télévision – proche du Hezbollah – al-Manar : pour Marwan Charbel, le trafic en direction de la Syrie a été important dès le début des événements, mais qu’il avait connu une recrudescence depuis cette année, confirmant que les militaires libanais s’efforçaient activement de le contrer. Le ministre de l’Intérieur a en outre indiqué qu’il avait eu « de nombreuses réunions » à ce sujet avec le président libanais Michel Souleymane et le Premier ministre Najib Mikati. Il est vrai que ce sujet est peu peu prou un thème délicat de politique intérieure : on sait de quels appuis politiques, logistiques et financiers bénéficient les passeurs, les proches de l’ex-premier ministre Saad Hariri ne faisant pas – ou ne pouvant plus faire – mystère de leur soutien aux groupes armés syriens.

L’asphyxie logistique des groupes résiduels de l’ASL est un des enjeux de cette guerre non déclarée entre l’armée syrienne et les déstabilisateurs de tous poils.