Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Tests politiques et militaires israéliens à Gaza

Saad Hariri, le chevalier noir de la fitna / Les Frères musulmans tentent de déstabiliser la Syrie.

La tendance générale

Tests politiques et militaires israéliens à Gaza La Bande de Gaza, soumise à un blocus inhumain depuis près de sept ans, est le théâtre d’une opération militaire israélienne qui a fait des dizaines de morts et de blessés, des civils pour la plupart. Bien que les organisations palestiniennes aient clairement exprimé leur volonté de revenir à l’accalmie, Israël multiplie ses menaces d’une guerre totale.

Les Israéliens ont testé, à cette occasion, le Dôme d’acier, destiné à intercepter les roquettes de courte et moyenne portée. Le succès de ces batteries, dont le coût est exorbitant, est tout relatif, contrairement au tapage médiatique fait autour dans le but de remonter le moral de la population israélienne et de saper celui des adversaires, en Palestine et au Liban.

À travers cette escalade sans précédent depuis la guerre de l’hiver 2008-2009, l’État hébreu souhaite aussi tester la réaction de l’Égypte. Tel-Aviv veut en effet savoir jusqu’où ira la réaction du Caire en cas de vaste offensive contre Gaza après la chute du régime de Hosni Moubarak. La question est de savoir quelle est la profondeur et l’importance des changements survenus dans la position officielle égyptienne dans des sujets complexes et délicats. Pour l’instant, il apparait que les généraux du Conseil militaire suprême s’en tiennent aux engagements du régime précédent et ont limité l’accès à la Bande de Gaza par l’Égypte aux produits de première nécessité et aux cas humanitaires, afin de répondre aux aspirations de la population et aux forces radicales de la révolution.

Toutes les options restent ouvertes à la lumière des résultats des tests israéliens. Et l’éventualité d’une guerre totale contre Gaza reste tributaire de l’attitude de la Syrie et du Hezbollah. Sur ce plan, Israël cherche à savoir à quel point les événements en Syrie et la campagne du 14-Mars contre le Hezbollah ont rétréci la marge de manœuvre des forces de la résistance et les ont privés de la capacité à prendre l’initiative.

Les prochains jours apporteront des réponses politiques à toutes ces interrogations. La poursuite des opérations militaires contre Gaza risque de faire bouger les choses en Cisjordanie, où l’armée israélienne a déployé des renforts supplémentaires et a entamé une vaste campagne d’arrestations, tout en lançant des mises en garde contre toute attaque contre ses forces.

Les mouvements palestiniens de résistance sont confrontés à un défi de taille à Gaza, en Cisjordanie et dans les territoires de 1948 : celui de montrer qu’ils sont capables de faire face à cette nouvelle agression et de produire une riposte politique à cette guerre d’usure qui peut se transformer, à tout moment, en opération d’extermination, surtout que les mesures du côté égyptien de la frontière de Gaza continuent d’assurer une couverture au blocus implacable imposé à ce territoire par l’alliance israélo-américaine.

La tendance au Liban

Saad Hariri, le chevalier noir de la fitna Les composantes de la nouvelle majorité (Hezbollah, CPL, mouvement Amal, PSP de Walid Joumblatt) sont occupées à mettre de l’ordre dans les dossiers relatifs à la formation du gouvernement, notamment la répartition des portefeuilles et le choix des ministres, et reportent, de facto, le débat sur les questions politiques concernant les orientations stratégiques du prochain cabinet. Pendant ce temps, le Premier ministre sortant, Saad Hariri, jette toutes ses forces pour semer des obstacles sur le chemin du nouveau Conseil des ministres qui sera contraint de traiter de sujets délicats, portant sur les relations extérieures du Liban et des enjeux internes d’une importance extrême.

Les pressions exercées par Hariri visent, en premier lieu, à retarder autant que possible la formation du gouvernement. Et si elles n’atteignent pas leur but, vu que la nouvelle majorité est déterminée à aller de l’avant dans le processus de formation, les pressions serviront à exercer un chantage politique continu sur le Premier ministre Najib Mikati, de sorte à le transformer en première ligne de défense à l’intérieur du Conseil des ministres des positions et des intérêts du haririsme dans l’appareil d’État.

Il est clair que la gestion de l’action gouvernementale dans la période à venir nécessitera des arrangements politiques autour de questions-clé portant sur des dossiers administratifs, financiers et économiques, que le général Michel Aoun a été le premier à évoquer. De même que le prochain gouvernement sera invité à faire face aux ingérences de Saad Hariri et de son équipe dans les affaires internes de la Syrie, ce qui constitue une violation flagrante des accords signés entre les deux pays ainsi que de l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile. La campagne médiatique lancée par les médias du 14-Mars pour alimenter le mouvement de contestation en Syrie et mobiliser doit cesser. Autre tâche difficile du prochain gouvernement, réparer les dégâts provoqués par les déclarations de Hariri hostiles à l’Iran, un pays qu’il couvrait d’éloges il y a quelques mois à peine, sous prétexte de prendre la défense du roi de Bahreïn, lequel recherche désespérément le soutien des Israéliens, selon les révélations des câbles de Wikileaks.

La mission de Saad Hariri est de lancer des polémiques pour susciter des réactions afin d’entretenir au Liban et dans la région un climat de dissensions sectaires, notamment entre sunnites et chiites. Pour cela, il s’active sur trois axes :
- 1. Ingérence dans les affaires internes syriennes en apportant un soutien logistique aux groupes sectaires qui sèment les troubles en Syrie. Le Courant du futur de Saad Hariri possède des bastions au Liban-Nord et dans la Békaa-Ouest, des régions limitrophes de la Syrie, à partir desquelles il peut infiltrer des hommes et faire passer armes et argent.

- 2. Exacerbation de la campagne contre les armes du Hezbollah au Liban pour ternir la réputation de la Résistance et saper son image moral. L’ultime objectif est d’accélérer le pourrissement de la situation sur les plans populaire et politique afin que le terrain soit prêt lorsqu’Israël jugera le moment opportun de lancer une offensive généralisée, semblable à l’invasion de 1982. Les révélations de Wikileaks sur l’existence de milliers de miliciens partisans de Samir Geagea et de Saad Hariri prêts à combattre le Hezbollah suffisent pour comprendre le tableau qui se met en place à l’instigation des États-Unis et d’Israël.

- 3. Lancement d’une campagne de provocations injustifiées contre l’Iran pour placer le débat sur le terrain sectaire sunnite-chiite. Ce troisième élément a été mis en jeu après que Saad Hariri eut été informé que le chaos en Syrie et la guerre d’usure contre la Résistance au Liban et en Palestine visent à préparer le terrain à l’offensive israélienne qui devrait intervenir avant la fin du retrait états-unien d’Irak, en août prochain.

Déclarations et prises de positions

Michel Aoun, principal leader chrétien, allié du Hezbollah « Je déplore le grignotage progressif des prérogatives des chrétiens après Taëf. Aujourd’hui, les choses ont changé et les conditions politiques ne sont plus les mêmes avec la présence d’une majorité chrétienne monochrome représentée par un important bloc parlementaire au Parlement. La guerre menée contre le CPL a pour objectif de démembrer de nouveau les chrétiens pour qu’ils n’aient aucune autorité au sein du gouvernement et de faire échec à la ligne politique réformiste qu’il représente, car les deux perspectives dérangent l’establishment qui vient de chuter. Beaucoup prétendent être avec le changement alors qu’ils jouent en fait un double jeu. Mais nous restons attachés à notre position, la réforme aura lieu et le gouvernement sera formé, si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain, et si ce n’est pas avec cette personne (en allusion à Najib Mikati), ce sera avec une autre. Ce qui est sûr, c’est qu’un retour en arrière est hors de question. Nous entendons chaque jour mille raisons pour expliquer ce retard. Mais le motif principal reste caché. Il est d’ordre extérieur. Il y en a bien sûr d’autres internes, dans lesquels nous n’avons rien à voir, mais ils ne sont pas conflictuels. Tantôt ils évoquent le ministère de l’Intérieur, tantôt ils prétendent que je souhaite être représenté par 10 ou 20 ministres. Mais n’ont-ils pas appris la règle de trois en classe de septième ? Ne savent-ils que la part d’un groupe parlementaire de 10 est plus importante que celle d’un groupe de deux ? Je refuse les mensonges et les insultes à mon intelligence. Qu’attendent-ils donc ? Que la situation se décante en Syrie ? Comment ? Attendent-ils aussi la fin des événements à Bahreïn et en Libye ? Nous avons attendu la commémoration du 14 février puis du 14 mars, ainsi que la parution de l’acte d’accusation. Et maintenant ? »

Saad Hariri, Premier ministre sortant « Il semble que le leadership iranien a perçu les appels répétés à l’ouverture comme des signes de faiblesse et de capitulation de la part des pays arabes. Il a, de ce fait, décidé d’aller de l’avant dans l’infiltration des pays arabes, l’un après l’autre. Et l’on a assisté à ce qui s’est produit au Liban, puis à Bahreïn et dans d’autres pays. En toute franchise et avec tout le sens de responsabilité qui s’impose, nous disons que cette politique iranienne n’est plus tolérable. Le rapt progressif des sociétés arabes, quel que soit le slogan utilisé, ne saurait être dans l’intérêt de l’Iran ou des relations arabo-iraniennes. Nous, au Liban, nous n’acceptons pas d’être un protectorat iranien, de la même façon que nous n’acceptons pas que nos frères à Bahreïn, au Koweït, ou dans n’importe quel pays, soient un protectorat iranien. Nous faisons partie d’une société arabe globale, avec toutes nos composantes, nos communautés et nos sensibilités spirituelles et culturelles. Nous avons fait partie, nous faisons partie et nous ferons partie à l’avenir de cette nation qui reste fermement attachée à son arabisme. Les prochains jours apporteront la preuve que nous n’avons pas besoin, et que nous n’aurons pas besoin, d’une autre identité nationale, en dépit de leurs tentatives. »

Communiqué du Hezbollah en réponse aux propos de Saad Hariri « Les positions provocatrices (de Saad Hariri, ndlr) s’inscrivent dans le cadre des tentatives destinées à occulter les ingérences états-uniennes dans les affaires de la région et d’étouffer l’aspiration des peuples de la région à la liberté afin de se débarrasser de l’hégémonie US. Ces positions visent aussi à détourner l’attention des agissements de l’ennemi contre le peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Les positions de Hariri sont totalement étrangères au rôle et au positionnement du Liban. Elles sont conformes aux objectifs du plan états-unien visant à provoquer des dissensions et susciter la discorde parmi les États et les peuples de la région. Elles ont en outre pour but de dévier le conflit avec l’ennemi israélien de son cours normal pour servir le projet américain qui a commencé à s’effondrer depuis la défaite de l’armée ennemie en juillet 2006 (…) Elles sont une copie conforme du dernier communiqué du Conseil de coopération du Golfe et des déclarations du secrétaire états-unien à la Défense, Robert Gates, à Riyad. »

Nabih Berry, président du Parlement, allié du Hezbollah « Ce qui se passe est plus que regrettable. C’est douloureux. On traite avec le dossier gouvernemental comme s’il y avait des fronts dressés les uns contre les autres, 8-Mars d’un côté, centristes d’un autre, Front de lutte nationale (le bloc de Walid Joumblatt) d’un troisième. En réalité, le Bloc du développement et de la réforme (que M. Berry préside) ne fait plus partie du 8-Mars, car à mes yeux, il n’y a plus de 8-Mars depuis que Walid Joumblatt nous a rejoints. Nous sommes à présent tous réunis au sein d’une coalition de front national regroupant des blocs parlementaires et des courants extraparlementaires, des personnalités de la Chambre et d’au-delà qui croient toutes en l’unité du Liban, son arabité, son développement et sa libération. »

Presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 08 avril 2011) Les déclarations du Premier ministre sortant Saad Hariri contre l’Iran marquent le passage de Hariri à l’attaque directe contre l’Iran. Cette démarche est suspecte dans sa teneur et dans son timing, à la lumière des nombreuses crises que traverse le Liban actuellement. Des sources de la nouvelle majorité considèrent que Hariri cherche à créer un climat de tension politique pour compliquer la tâche du Premier ministre désigné Najib Mikati dans la formation du gouvernement.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, 08 avril 2011) Des sources politiques pensent que l’offensive verbale de Hariri contre l’Iran est le volet externe de sa campagne interne contre les armes du Hezbollah. Cette prise de position pourrait être exploitée par des parties de la majorité pour faire pression sur Najib Mikati, estiment les sources. Le Premier ministre désigné serait ainsi appelé à assouplir sa position au niveau de la formation du gouvernement, sous prétexte de couper court aux tentatives de Hariri de reprendre l’initiative politique.

An Nahar (08 avril 2011) Abdel Karim Abou Nasr Des sources diplomatiques européennes à Paris font état de concertations entre les responsables états-uniens, français, arabes et turcs, au sujet de la situation en Syrie. La conclusion aurait été la suivante : la Syrie est bel et bien confrontée à de sérieux problèmes et défis, et la situation pourrait évoluer en fonction de plusieurs facteurs. Le régime du président Bachar el-Assad est disposé à engager des réformes politiques et économiques de façade, plutôt que d’initier un véritable changement. D’autre part, les informations sur des divergences entre Assad et certains de ses proches au sujet des revendications du peuple manquent de fondement : il n’y a pas deux courants, l’un modéré, l’autre radical, au sein du commandement syrien, qui est unanimement convaincu de la nécessité de préserver le régime actuel en l’état. Par ailleurs, les responsables arabes, turcs, états-uniens et européens en contact avec le président syrien ont refusé d’adopter son point de vue sur une « grande conspiration » dont la Syrie serait victime à l’heure actuelle. Les manifestants ont des revendications légitimes et le régime d’Assad est appelé à régler les problèmes en question.

As Safir (08 avril 2011) Sateh Noureddine Saad Hariri a déclaré la guerre à l’Iran. Il élargit ainsi sa campagne contre les armes du Hezbollah et l’hégémonie du parti sur la vie politique libanaise. Il marque sa solidarité avec les pays arabes et notamment les pays du Golfe qui ont décidé de faire face à « l’ingérence iranienne flagrante » dans leurs affaires internes. Ces pays craignent que l’Iran ne profite de leur faiblesse actuelle pour exécuter ses plans expansionnistes. La décision libano-arabe vise aussi à tester les intentions de Damas. Ces dernières semaines, la Syrie a donné des signaux qui montrent qu’elle serait prête à se distancier de la politique iranienne. Irait-elle jusqu’à soutenir la campagne arabe contre l’Iran ? L’alliance syro-iranienne est aujourd’hui confrontée à son plus grand défi depuis trente ans.

As Safir (04 avril 2011) Nabil Haitham L’entente interne est le seul moyen pour neutraliser les armes du Hezbollah et les éliminer définitivement de la scène intérieure libanaise. Toute autre approche aura pour résultat de les légitimer. C’est l’esprit des réunions tenues entre le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, peu de temps avant son assassinat. Saad Hariri pourrait demander la publication de ces comptes-rendus, avant qu’une maison d’édition ne les achète du Tribunal spécial pour le Liban (TSL).

Al Hayat (Quotidien saoudien édité à Londres, 08 avril 2011) Walid Choucair Le Liban se débat entre deux agendas : l’un intérieur et l’autre extérieur, dans le dossier du gouvernement. Il ne faut pas attribuer le retard dans la formation du nouveau gouvernement libanais à des raisons purement locales relatives aux portefeuilles, aux quotes-parts et aux ambitions irréalistes des uns et des autres. Il faut rechercher d’autres facteurs, liés plutôt à l’actualité régionale et à son évolution depuis début janvier dernier, lorsque Najib Mikati a été chargé de mettre en place le nouveau gouvernement. Il convient de prendre en compte les calculs syriens, qui poussent la Syrie à ralentir la cadence de sa politique régionale après les derniers bouleversements sur la scène arabe. C’est ce qui aurait conduit à la suspension du dossier de la formation du gouvernemental au Liban.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, 06 avril 2011)Scarlett Haddad Selon ses proches, Najib Mikati considère que la nouvelle majorité doit avoir en tête qu’elle ne gagne pas contre les sunnites, mais avec eux. Par conséquent, elle doit l’aider à renforcer son assise populaire au sein de sa propre communauté. Les proches de Mikati rapportent ainsi que le Premier ministre désigné estime que le temps joue en sa faveur. Considérant qu’il a un rival féroce et puissant en la personne du Premier ministre sortant Saad Hariri, Mikati a concentré ses efforts sur cet aspect du problème. Il a ainsi, toujours selon ses proches, réussi à déjouer le plan de Hariri qui visait à frapper des coups successifs forts pour le pousser à renoncer à former le gouvernement. Hariri a joué toutes ses cartes en un très court laps de temps (…) Le Premier ministre désigné considère aussi avoir réussi à désamorcer deux bombes qui étaient prêtes à exploser après sa désignation : la discorde entre sunnites et chiites, et la lutte inter-sunnite, qu’il cherche à absorber en avançant lentement mais sûrement ses pions.

Michel Aoun pense, au contraire, que ce gouvernement est l’occasion ou jamais pour lui de montrer de quoi il est capable et de faire la différence pour les Libanais. Cette occasion pourrait d’ailleurs ne pas se reproduire et il faut donc la saisir à tout prix. Selon des sources du CPL, le général Michel Aoun pense aussi que ce gouvernement devrait rester en place jusqu’aux élections législatives de 2013. Par conséquent, il ne peut pas accepter que ce gouvernement formé essentiellement de la nouvelle majorité travaille contre lui lors de ces élections. Or le président de la République ne cache pas son intention de vouloir former une force politique « dite du centre », en rognant sur la base populaire du général Aoun. D’où, par exemple, son insistance à avoir au ministère de l’Intérieur une personnalité qui ne travaillerait pas contre lui, directement ou non. Face à ces deux logiques, le Hezbollah se retrouve dans une position difficile : comment parvenir à rapprocher ces deux points de vue pour que le gouvernement puisse voir le jour ? Au cours de leur dernière entrevue, il y a moins d’une semaine, Hassan Nasrallah avait d’ailleurs suggéré au Premier ministre désigné de préparer une formule selon le partage suivant : 18 ministres pour la majorité, 10 pour lui, Sleiman et Joumblatt et les deux ministres restants seraient un membre de l’opposition sunnite et le ministre de l’Intérieur qui serait une personnalité ayant l’aval de Sleiman, Aoun et Mikati. Nasrallah aurait même proposé à Mikati de choisir lui-même les noms puis de revenir le voir s’il y a un problème, assurant qu’il se chargerait de le régler. Mais Mikati n’aurait pas donné de réponse et les tractations seraient au point mort.

Wall Street Journal (Quotidien États-unien, 03 avril 2011) Les États-Unis ont discrètement cessé leurs livraisons d’armes à l’armée libanaise, après la chute du gouvernement pro-occidental de ce pays en janvier. Cette décision a été prise dans le cadre d’un réexamen plus large de l’aide américaine au Liban engagé depuis que le Hezbollah a été accusé d’avoir fait tomber le gouvernement de Saad Hariri. Les États-Unis apportent une aide économique et militaire au Liban. Ils s’inquiètent surtout de savoir si l’armée pourra contrôler le Hezbollah. Le gel des livraisons d’armes a été récemment approuvé par le secrétaire à la Défense Robert Gates, mais il n’a pas été rendu public de crainte que cela n’interfère dans les délicates négociations internes au Liban. Une première source indique que le Pentagone est en train de revoir l’assistance des États-Unis aux Forces armées, au moins pendant cette période de formation du gouvernement. Une seconde source officielle affirme que l’administration américaine fondera ses décisions futures sur cette aide, plus précisément la livraison d’armes létales, sur une évaluation de la composition du prochain gouvernement libanais. Des attachés au Congrès ont également expliqué que le décret qui mettra fin à l’aide des États-Unis à l’armée libanaise est susceptible d’être introduit au cours des prochaines semaines si l’aide si le prochain gouvernement libanais était contrôlé par le Hezbollah. En revanche, les États-Unis continuent à fournir une assistance technique et en matière de formation à l’Armée libanaise, qui se chiffre à quelque 700 millions de dollars depuis 2006.

Jerusalem Post (Quotidien israélien, 03 avril 2011) L’armée israélienne a mené ces derniers jours un « jeu de guerre » grandeur nature. Aucun soldat n’a pas participé à ces simulations ; aucun coup de feu n’aura été tiré. Tsahal a choisi le Hezbollah, l’armée syrienne et le Hamas comme forces hostiles, dans le cadre d’une guerre à grande échelle sur tous les fronts. L’exercice est le premier à être supervisé par le nouveau chef d’état-major, Benny Gantz. La simulation est dirigée par le général Gershon Hacohen. L’armée israélienne a souligné que l’exercice faisait partie du programme de routine d’exercice militaire. L’exercice avait lieu sur tous les terrains — terre, air et mer — pour tester l’interopérabilité et la continuité opérationnelle. Le scénario met en scène une guerre avec le Hezbollah au Liban à laquelle sont impliquées la Syrie et l’Iran, déclenchée par une attaque terroriste à l’étranger. « Cet exercice montre notre besoin de conserver un certain niveau de préparation », a déclaré Gantz. Le ministre de la Défense Ehud Barak et les membres des commissions des Affaires étrangères et de la Défense à la Knesset se sont rendus à la base où l’exercice avait lieu. Hacohen explique que l’exercice était destiné à préparer l’armée israélienne à une guerre future, et à la lumière des changements récents dans la région. La semaine dernière, Barak a visité le site du système de défense anti-roquettes le dôme d’acier en dehors de Beersheba, promettant qu’Israël déploierait des batteries supplémentaires dans les prochaines années.

Debka Files (Site israélien, 02 avril 2011) Des intégristes parmi les rebelles libyens auraient récemment vendu au Hezbollah et au Hamas des milliers d’obus provenant de stocks de gaz moutarde et de gaz neurotoxiques du leader libyen Mouammar Kadhafi, tombés entre leurs mains à Benghazi, selon un rapport de services secrets. Les rebelles auraient touché des millions de dollars en espèces pour au moins 2 000 obus de gaz moutarde et 1 500 de gaz neurotoxiques. Les services secrets américains et israéliens ont suivi les convois qui sont passés par l’Est de la Libye et jusque par le Soudan, sous la supervision d’agents iraniens et de membres du Hezbollah et du Hamas. Ces convois n’auraient apparemment pas atteint leur destination au Liban et dans la bande de Gaza, puisqu’ils attendraient une chance de circuler sans courir le risque d’être détruits par les États-Unis ou Israël. Le rapport précise que Téhéran aurait accordé son soutien aux intégristes parmi les rebelles anti-Kadhafi dans l’unique but de s’emparer du stock de gaz toxiques du leader libyen, afin d’armer le Hezbollah et Hamas d’armes non conventionnelles, et sans que l’Iran ne soit directement impliquée dans la transaction. »

La tendance dans le monde arabe

Les Frères musulmans tentent de déstabiliser la Syrie

Il est désormais clair que les Frères musulmans jouent un rôle primordial dans les événements qui secouent la Syrie depuis trois semaines. Cette confrérie est la plus organisée et la plus étendue parmi les mouvements de l’opposition, qui comprend aussi des groupes liés aux anciens vice-présidents Abdel Halim Khaddam et Rifaat el-Assad, quelques groupuscules de gauche et des personnalités présentes en Syrie qui, tout en réclamant une accélération des réformes, n’en n’affichent pas moins leur soutien à la politique étrangère du président Bachar el-Assad.

De l’importance des appels à manifester et du ton sévère des déclarations et des communiqués publiés la semaine dernière, il apparait que le slogan appelant à l’accélération des réformes n’était qu’un moyen détourné pour mobiliser contre la direction syrienne. Car lorsque le président Assad a effectivement accéléré les réformes et mis sur les rails le processus, les agitateurs sont passés à un palier supérieur dans la mobilisation. Les intentions cachées des événements qui secouent la Syrie sont donc dévoilées. L’appel du président Assad à faire la distinction entre ceux qui militent sincèrement pour des réformes et ceux qui mettent en œuvre un agenda étranger, a prouvé sa pertinence. Ainsi, au lendemain de la publication du décret accordant la nationalité à des dizaines de milliers de Kurdes, les partis kurdes liés à l’étranger se sont mobilisés, alors qu’ils étaient restés inactifs jusque-là.

Le rôle déterminant joué par les Frères musulmans apparait dans le fait que les appels à manifester par Internet et Facebook tous les jours de la semaine restent sans écho, même si les blogueurs espéraient réunir des « millions » de personnes contre le régime à l’occasion du congrès du parti Baas. Pas un Syrien n’a répondu à ces appels. Mais les vendredis, après la prière, quelques centaines ou quelques milliers de personnes se rassemblent devant certaines mosquées pour scander des slogans contre le régime. Ensuite, des petits groupes tentent de prendre d’assaut des établissements publics, des postes de police ou des permanences du Baas, dans le but de provoquer des affrontements qui feront des morts et des blessés. Le lendemain, à l’occasion des funérailles, le même scénario se reproduit. De la sorte, la flamme des manifestations est entretenue d’une semaine à l’autre, bien que le mouvement n’ait pas réussi à gagner les grandes villes et à se transformer en mouvement populaire, et reste marginal. Il est intéressant de s’arrêter sur les choix politiques des Frères musulmans de Syrie. La confrérie a rejoint, en 2005, l’alliance conduite par Abdel Halim Khaddam et soutenue par les États-uniens et les Israéliens, pour remplacer le régime par un gouvernement fantoche inféodé à l’Occident. Ainsi, elle n’a pas hésité à adopter l’agenda des troubles sécuritaires et de la déstabilisation pour ouvrir la voie à l’hégémonie US en Syrie. D’ailleurs, l’agitation initiée par les Frères musulmans coïncide toujours avec des offensives impérialistes contre la Syrie, comme cela avait été le cas en 1979, au lendemain de la signature de l’accord de Camp David entre Anouar el-Sadate et Israël. Les chefs des Frères musulmans de Syrie ont de tout temps trouvé refuge en Allemagne, en Jordanie et en Arabie saoudite. Ils ont reçu un financement et un entrainement militaire dans ces trois pays. Ils ont aussi été couvés par les services de renseignement égyptiens pour exporter vers leur pays la culture de la discorde confessionnelle et sectaire, des assassinats et des attentats aux voitures piégées.

À partir du Liban, la confrérie a menée ces dernières années une action politique et médiatique, avec l’appui de l’Arabie saoudite et des États-Unis, dans le but de briser la volonté de la Syrie de soutenir les mouvements de résistance. Le projet sectaire des Frères musulmans constitue un grave danger pour l’unité nationale de la Syrie et un fardeau pour les intérêts nationaux de ce pays dans son combat national contre Israël pour la récupération de ses terres occupés. La Syrie est en effet une mosaïque de communautés musulmanes et chrétiennes et la confrérie n’a jamais accepté de réviser son projet et son discours. Ses relations avec le Hamas palestinien et le Parti de la Justice et du développement en Turquie ont constitué un fardeau pour Khaled Machaal et Recep Tayyep Erdogan, qui n’ont pas réussi, malgré toutes leurs tentatives de dialogue, à les éloigner de Bandar Ben Sultan Ben Abdel Aziz, qui gère la plupart des mouvements islamistes fondamentalistes sunnites dans le monde. Il apparait aujourd’hui que les Frères musulmans de Syrie sont au cœur des troubles qui secouent la Syrie et qui ont fait des dizaines de victimes parmi les manifestants mais aussi parmi les forces de l’ordre, qui déplorent 250 morts et blessés. Les experts doivent prendre en compte ce facteur dans leur analyse de ce qui se passe en Syrie. Et les Arabes doivent comprendre que le fait de fomenter des troubles confessionnels et sectaires dans ce pays sert directement les intérêts d’Israël et modifie les rapports de force en faveur de l’État hébreu.

Evénements

Syrie Des tirs nourris ont été entendus dimanche dans la ville côtière de Banias, où le gouvernement syrien a dépêché des renforts pour rétablir l’ordre. Des sources officielles ont annoncé qu’une unité de l’armée était tombée dans une embuscade entre les villes de Lattaquié et de Banias. Un officier a été tué et un autre blessé, ainsi que plusieurs autres soldats. À Banias, quatre personnes ont été tuées dans des affrontements, selon un témoin cité part les agences de presse internationales. Ammar Qurabi, président de l’Organisation syrienne des droits de l’Homme, a pour sa part rapporté le témoignage d’un habitant affirmant que des personnes avaient été tuées et blessées, sans qu’on sache s’il s’agissait de civils ou de membres des forces de l’ordre. Les forces de sécurité ont déployé au moins quatre blindés dans la ville, sans doute pour protéger la raffinerie locale. Les troubles de ce week-end interviennent alors que Damas venait d’annoncer la naturalisation de dizaines de milliers de Kurdes dans le gouvernorat de Hassaké, dont le président Bachar el-Assad avait reçu des représentants Cette mesure met fin à un contentieux d’un demi-siècle. En 1962, 20 % des Kurdes de Syrie avaient été privés de leur citoyenneté après un recensement controversé. Par ailleurs, une nouvelle loi sur la sécurité devrait remplacer la loi d’urgence début mai.

Gaza Cent vingt roquettes et obus de mortier ont été tirés depuis jeudi de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, dont au moins cinquante pour la seule journée de samedi, a déclaré l’armée israélienne. Seulement huit ont été interceptés par le nouveau système antiaérien israélien « Iron Dome ». Le mouvement Hamas a déclaré de son côté avoir à lui seul tiré 60 projectiles sur Israël. D’autres groupes palestiniens ont également participé à cette offensive en représailles aux raids aériens israéliens contre Gaza. Au total, 18 Palestiniens ont été tués et près de 70 blessés, des civils pour la plupart, selon des sources médicales palestiniennes, depuis le début de cette nouvelle flambée de violence, jeudi. Des combattants palestiniens ont lancé dimanche matin trois obus de mortier et une roquette sur le sud d’Israël sans faire de blessé. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a menacé le Hamas de frappes encore « plus dures » si les groupes armés palestiniens continuent leurs attaques contre Israël. Cette escalade de la violence à la frontière de la bande de Gaza a fait craindre une incursion de l’armée israélienne dans l’enclave côtière deux ans après l’offensive « Plomb durci » de l’hiver 2008-2009 qui avait fait 1 440 morts côté palestinien, des civils en majorité, et 13 côté israélien. Le Hamas a pour sa part fait savoir qu’il ne souhaitait pas une escalade de la violence. « Les factions palestiniennes ne veulent pas d’une escalade », a déclaré à Reuters le porte-parole du mouvement palestinien, Sami Abou Zouhri. « Si l’agression israélienne cessait, il serait naturel que le calme revienne », a-t-il ajouté.