Egalité et Réconciliation
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Tony Blair a voulu le renversement de Saddam

Aveux devant la commission d’enquête londonienne sur l’Irak

Tandis que plus personne ne parle du Premier ministre Brown destitué de son poste par vote, son prédécesseur Blair continue de fasciner le public britannique. Le vendredi 21 janvier, Blair a dû affronter pour la deuxième fois une commission d’experts indépendants sur la guerre d’Irak. Pendant plus de quatre heures il fut interrogé par cette commission très bien informée et plus tenace cette fois-ci. Au centre de l’interrogation, il y avait de nouveau la question à savoir pourquoi en mars 2003, Blair, aux côtés du président américain Bush, est entré en guerre, une guerre ressentie comme débâcle humiliante par beaucoup de Britanniques.

Prématurément et volontairement

Certes le politicien a fait de sorte qu’aucune des questions juridiquement dangereuses n’ait eu prise sur lui, grâce à son expérience, à son talent rhétorique et à ses préparations pré­cises. Mais l’interrogation a confirmé l’impression que Blair, sous l’influence de Bush, avait décidé l’entrée en guerre prématurément et de son plein gré.

Il fallait plus tard communiquer cette entrée en guerre au cabinet, au parlement et aux média. On n’a pourtant pas toujours joué ­cartes sur table. Entre autres deux nouvelles connaissances l’indiquent. D’abord un mémoire interne de Blair adressés à son état-major de l’époque, Jonathan Powell, émergea, daté d’avril 2002, lorsque Blair, lors de sa rencontre avec Bush dans sa ferme du Texas, avait probablement donné l’accord inconditionnel à la participation à la guerre, ce qu’il a toujours nié. Blair a déclaré que, dans le sens d’une continuation d’une philosophie poli­tique qui s’occupe des autres nations – ­telles que le Kosovo, l’Afgha­nistan, la Sierra Leone – le Labour devrait saluer avec verve le renversement de Saddam. En outre, Blair a concédé que Bush avait envisagé un changement de régime en Irak depuis l’attaque du 11 septembre 2001. Il a confirmé aussi qu’il avait assuré à Bush que la Grande-Bretagne serait aux côtés des Etats-Unis, et que lui, Blair, ne s’en laisserait pas empêcher par des ­doutes politiques internes. Mais Blair a également souligné qu’il avait insisté pour qu’on demande une résolution respective du Conseil de Sécurité de l’ONU avant l’entrée en guerre.

La deuxième révélation concerne les propos du procureur général de l’époque, Goldsmith, qui a déclaré qu’il avait prévenu Blair, en janvier 2003 encore, qu’une entrée en guerre sans nouveau mandat onusien serait illégale. Blair a gardé cette estimation pour lui. Alors que les préparatifs étaient en plein développement, il a déclaré au cabinet et au parlement qu’il n’y avait pas de doutes. C’était juste avant l’entrée en guerre que Blair et le gouvernement américain ont réussi à faire changer d’avis Goldsmith. Vendredi, Blair a esquivé cette tare en déclarant qu’il avait été convaincu que Goldsmith se trompait et qu’il se corrigerait encore.

Véto contre la publication

Ce que Blair a promis réellement à Bush restera caché au public. La commission d’experts a voulu publier la correspondance privée entre les deux chefs d’Etat dont elle avait connaissance et qu’elle jugeait importante. Mais Blair et l’administration ont mis leur véto. Le rôle de Blair avant la guerre d’Irak devrait par conséquent rester contesté. Cependant, une dernière preuve que Blair a agi de son plein gré reste manquante.

Pour mémoire :

Selon les « Principes de Nuremberg » formulés à la suite de la Seconde Guerre mondiale et adoptés par les Nations Unies, les respon­sables de la guerre offensive contre l’Irak en 2003 sont coupables de graves crimes de guerre. L’ancien ­Premier ­ministre britannique Tony Blair compte parmi les respon­sables. Lors des interrogatoires faits il y a ­quelques semaines devant une commission du Parlement britannique, il a avoué avoir voulu la guerre ­contre l’Irak. Les deux textes qui ­suivent rap­pellent cela et l’arrogance qui consiste à nier le crime commis avec cette guerre. Pour mémoire, jusqu’ici les responsables n’ont pas eu à ­rendre compte – ni Blair en Grande-­Bretagne ni George W. Bush aux USA – ni d’autres responsables dans les Etats qui ont ­directement ou indirectement soutenu cette guerre contraire à la loi internationale.