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Tunisie : les heurts s’aggravent à Ben Guerdane, un poste de police incendié

Des manifestants ont incendié un poste de police jeudi soir à Ben Guerdane, ville du sud de la Tunisie à la frontière libyenne en ébullition depuis dimanche, alors que les mouvements sociaux dégénèrent régulièrement en violences deux ans après la révolution.

De premiers heurts avaient éclaté dans l’après-midi lorsque des manifestants, des jeunes pour la plupart, ont lancé des pierres sur les policiers qui ont répliqué par des gaz lacrymogènes, selon un journaliste de l’AFP.

Peu avant 18H00 (17H00 GMT), ces heurts ont pris de l’ampleur et les protestataires ont attaqué un poste de police et l’ont incendié, forçant les agents à la fuite.

Ben Guerdane, située à une trentaine de kilomètres du poste frontière de Ras Jdir, est en ébullition depuis bientôt une semaine en raison de la fermeture début décembre par les Libyens de ce point de passage frontalier névralgique pour le commerce.

Des affrontements avaient ainsi eu lieu dimanche et lundi faisant plusieurs blessés et amenant le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali à se rendre à Tripoli pour négocier la réouverture de Ras Jdir.

Si la circulation entre les deux pays a bien repris jeudi matin, l’antenne locale du syndicat tunisien UGTT a maintenu sa grève générale dans la ville pour réclamer des investissements et des mesures de lutte contre le chômage par le gouvernement tunisien.

Les mouvements sociaux se sont multipliés ces derniers mois en Tunisie, compte tenu des espoirs socio-économiques déçus deux ans après la révolution qui a poussé le président déchu Zine El Abidine Ben Ali à la fuite le 14 janvier 2011.

Certains d’entre eux ont dégénéré en graves violences, comme dans la ville de Siliana (au sud-ouest de Tunis) fin novembre-début décembre, lorsque plus de 300 personnes ont été blessées à l’issue de cinq jours d’affrontements entre manifestants et policiers.

A Ben Guerdane les tensions ont éclaté après que Tripoli a fermé le poste frontière le 4 décembre, suite à des plaintes de citoyens libyens indiquant avoir été agressés sur le sol tunisien, une décision qui est venue déstabiliser l’économie locale.

Par ailleurs, cette zone est aussi considérée comme un lieu important pour les trafics régionaux, en particulier pour les armes récupérées dans l’arsenal du régime de Mouammar Kadhafi.

Les Premiers ministres algérien, libyen et tunisien se réuniront d’ailleurs samedi en Libye pour discuter de la sécurité des frontières.

Le chef du gouvernement libyen Ali Zeidan a déclaré cette semaine que cette réunion serait consacrée aux mesures pour sécuriser les frontières en luttant contre la circulation des armes et des munitions ainsi que les autres trafics.