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Tunisie : rassemblement de soutien aux manifestants interpellés à Sidi Bouzid

Des dizaines de personnes se sont rassemblées samedi devant le tribunal de première instance de Sidi Bouzid, au centre ouest de la Tunisie, pour réclamer la libération des manifestants interpellés lors des violences qui ont eu lieu jeudi dans cette ville.

"Nous exigeons la libération des détenus", "ministère de l’Intérieur, ministère de la terreur" ont notamment crié les manifestants.

Des syndicalistes, des membres de groupuscules politiques, ainsi que des représentants de l’organisation mondiale Amnesty international (section Tunisie) ont participé à ce rassemblement.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Tarouch a affirmé à l’AFP que huit personnes se trouvaient samedi en détention préventive après avoir cherché à entrer de force au siège du gouvernorat (préfecture) de Sidi Bouzid, lors d’une manifestation de l’opposition jeudi.

Le Parti des travailleurs (communistes) avait fait état de cinq personnes arrêtées parmi ses militants ayant participé aux manifestations de jeudi à Sidi Bouzid.

Vendredi, le calme était revenu dans cette ville après que la police a dispersé jeudi matin puis dans la nuit deux manifestations de l’opposition à l’aide de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène. Au moins cinq personnes avaient été légèrement blessées.

Sidi Bouzid, ville très pauvre, est le berceau de la révolte qui a abouti le 14 janvier 2011 à la fuite du président Zine El Abidine Ben Ali en Arabie saoudite après un soulèvement populaire sans précédent.

Les slogans antigouvernementaux de Sidi Bouzid ont trouvé de l’écho dans une autre ville martyre de la révolution tunisienne : Kasserine (Centre-Ouest). Plusieurs dizaines de personnes y ont manifesté devant le siège du gouvernorat, pour réclamer que les victimes du soulèvement contre le régime de ben Ali soient indemnisées décemment.

Les manifestants ont baptisé leur action de « vendredi de l’invasion » car ils ont réussi à pénétrer dans la cour du bâtiment pour y crier leur mécontentement envers la politique du gouvernement dirigé par le parti Ennahdha.

Contrairement à ce qui s’est produit dans la ville voisine de Sidi-Bouzid, berceau de la révolution, les policiers ont agi avec calme et discernement, sans faire usage de gaz lacrymogènes ni de tirs de balles en caoutchouc. Et ils ont obtenu que la manifestation se disperse sans heurts.

Les habitants en colère, pour la plupart des proches des victimes de la révolution, se sont ensuite regroupés dans le centre-ville, certains mettant le feu à des pneus de voiture. Une marche pacifique était prévue dans l’après-midi après la prière pour protester contre Ennahdha, qui a pris la décision d’indemniser aussi les prisonniers politiques de l’ancien régime, pour la plupart islamistes, alors que beaucoup de victimes de 2011 sont mécontentes des réparations qui leur ont été accordées par le gouvernement. Quand ils en ont eu une.