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Artur Baptista da Silva, âgé de 61 ans, est apparu pendant plusieurs mois dans les médias portugais en tant qu’expert-économiste, ancien conseiller présidentiel, consultant pour l’ONU et spécialiste financier de la Banque mondiale. Il a même participé à de prestigieuses conférences à Lisbonne, à de nombreux débats télévisés où il dénonçait la politique d’austérité du Portugal : « L’austérité étouffe le Portugal qu’elle mène au désastre. »
Mais il s’est révélé qu’il ne s’agissait que d’un montage et que l’homme n’est en fait qu’un imposteur, explique The Independent. Le 15 décembre dernier, le célèbre hebdomadaire portugais Expresso lui avait consacré une interview de deux pages. Cette entrevue, qui portait sur la dette du Portugal devant être négociée au plus vite si le pays ne voulait pas terminer sur les genoux au bout de six mois, a eu une telle répercussion qu’elle fut publiée dans le quotidien Chicago Tribune et par l’agence Reuters. Aucun média ne s’est rendu compte que Baptista était en fait un ancien détenu, condamné pour falsification de documents et de chèques (ainsi que pour avoir renversé une personne) et que ce dernier n’avait strictement rien à voir avec l’Organisation des Nations unies.
Selon les médias locaux, Baptista a débarqué pour la première fois à l’Academia do Bacalhau de Lisbonne. Il maniait un lexique économique digne des plus grands spécialistes, possédait un lot de cartes de présentations impressionnant et un texte reconnu. L’homme affirmait avoir gagné un prix international grâce à ce travail. Sur son CV, également falsifié, il figurait comme Docteur en économie sociale de la Milton Wisconsin University. Si l’on recherchait cette institution sur Wikipedia, Baptista da Silva apparaissait dans la liste des élèves notables (le nom ne figure plus dans ce classement), au milieu de sportifs de la NFL, de sénateurs et de membres des Forces armées des États-Unis mais son nom ne redirigeait vers aucune page existante.
Au fur et à mesure des conférences, Artur Baptista da Silva a commencé à gagner de la notoriété et est devenu un des spécialistes préférés du circuit des médias portugais. Mais récemment, l’affaire a éclaté et il s’avère qu’Artur Baptista da Silva n’est qu’un escroc qui s’est littéralement payé la tête de la plupart des salles de presse du Portugal. Tous ses titres ont été inventés et le Milton College a fermé ses portes en 1982. L’étude dont il se prétendait l’auteur, intitulée « Croissance, inégalité et pauvreté », a été dérobée à un employé de la Banque mondiale sur Internet. C’est une chaîne de télévision portugaise qui a révélé l’escroquerie en expliquant qu’il n’avait jamais travaillé pour l’ONU, pas même en tant que bénévole. Depuis lors, Baptista, qui s’est dit victime d’une « chasse aux sorcières » dans un communiqué de presse, a complètement disparu de la vie publique. Une enquête a été ouverte à son sujet pour fraude.
