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Une insulte à Dati qui coûte cher

Un homme ayant injurié par mail la ministre perd son emploi et risque la prison.

Au départ, ça ressemble à un mail lourdingue, envoyé par un post-ado en pleine rébellion politique. Le genre de message qu’on imagine finir dans une poubelle, plutôt que devant un juge. Le 31 juillet, Damien, technicien informatique de 24 ans habitant la banlieue parisienne, profite de sa pause de midi, au boulot, pour créer une adresse mail bidon : « rachida-la-grosse-pute(@)wanadoo.com ». Puis il rédige le message suivant : « Naze, naze, naze, le peuple aura votre peau »qu’il envoie sur la page web en accès libre de la mairie du VIIe arrondissement de Paris, dont la garde des Sceaux est la maire. Le destinataire du mail est le directeur de cabinet de Rachida Dati. Quand on l’interroge sur le contenu plus qu’hasardeux du mail, Damien reconnaît qu’il ne cherchait pas à argumenter. « J’ai fait ça avant de partir déjeuner, après avoir vu un journal d’info qui m’avait fait enrager, sans trop réfléchir. »

Perquisitions

L’anecdote aurait pu s’arrêter là. Mais une semaine plus tard, un chargé de mission de la maire du VIIe juge utile de contacter les services de police. Une enquête est ouverte. « Je n’avais même pas cherché à dissimuler mon adresse IP car je me fichais qu’ils sachent que cela venait de moi », explique l’outrageur en herbe. Ni une ni deux, les enquêteurs débarquent sur les lieux du forfait, l’entreprise à Suresnes (Hauts-de-Seine) où Damien est employé. Quelques auditions du personnel plus tard, son ordinateur est fouillé, la trace de son envoi retrouvée. Le jeune homme avoue et est placé en garde à vue. Sur ce coup-là, Damien affirme avoir été bluffé : « Ils étaient sept ou huit, arrivés dans l’entreprise comme une force de frappe. Je ne pensais pas qu’autant de moyens pouvaient être déployés pour ce simple mail. » D’autant que la police poursuit ses investigations. Quelques heures plus tard, nouvelle perquisition au domicile du jeune homme. Une mobilisation hors pair qui permettra de retrouver un autre message d’insulte, à base de « j’encule l’UMP Sarko Devedjian Dati et tous les PD d’extrême droite que vous êtes ». Une littérature pas franchement ragoûtante, contenue en un paragraphe, bourré de fautes d’orthographe, où l’auteur donne même sa localisation et son âge. Cette fois encore, Damien avoue être l’auteur du message, ajoutant qu’il ne l’a jamais diffusé. Pour cela, il ne sera donc pas poursuivi.

« J’assume »

Damien, qui n’a aucun antécédent judiciaire, a perdu son emploi pour « faute lourde ». Et le 15 août, à peine quinze jours après les faits, il a reçu une convocation devant le tribunal de grande instance de Paris. Jeudi, le jeune insolent comparaîtra en correctionnelle pour outrage à Rachida Dati personne dépositaire de l’autorité publique. Un délit passible de six mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.

Ce qui a poussé Damien à écrire ce mail ? Quand on lui pose la question, le jeune homme a la voix posée, le verbe déterminé. « Je savais bien que ça allait finir comme ça. J’assume. Depuis quelque temps déjà, j’envoyais des commentaires sur les sites des différents organes du pouvoir, comme l’UMP. Pour tester la limite de la liberté d’expression à l’ère du sarkozysme. C’est Dati qui a craqué. »

Quant aux raisons qui ont poussé le cabinet de la maire du VIIe arrondissement de Paris à se mettre en branle pour cette affaire de message électronique, leur réponse est claire : « Ce mail est une insulte à l’égard de Mme Dati et de toutes les femmes. En tant qu’élue, elle ne voulait pas laisser passer cela et a donc tenu à ce que l’on dépose plainte. »

Source : http://www.liberation.fr (avant disparition mystérieuse de l’article)


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