Egalité et Réconciliation
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Woerth aurait déclaré à sa banque vivre avec 112 euros par mois

Eric Woerth est de nouveau la cible de révélations troublantes du site d’information Mediapart (lien payant). Celui-ci reproduit, lundi 16 août, un document signé par le ministre en 2008, durant la campagne municipale, pour obtenir un prêt bancaire : http://www.mediapart.fr/files/Micha...

Comme nombre de candidats, le ministre, maire sortant de Chantilly (Oise), a contracté un prêt bancaire pour couvrir ses frais de campagne, avec l’assurance d’un remboursement par l’Etat s’il dépassait les 5 % de suffrages. Eric Woerth a sollicité un emprunt de 6 500 euros.

Pour ce faire, il a rempli un document indiquant son identité, ses emprunts en cours, ses revenus et le montant de ses impôts. Or, selon le document reproduit par Mediapart, le ministre aurait déclaré un revenu de 3 000 euros mensuels. Pire : il déclare n’avoir que 112 euros par mois de revenu disponible une fois remboursés ses différents emprunts, soit un endettement de 89 %. Il omet par ailleurs de déclarer combien il paye d’impôts sur le revenu.

Au moins 16 000 euros mensuels :

Des déclarations qui paraissent très improbables : en tant que ministre du budget, Eric Woerth gagnait à l’époque environ 14 000 euros par mois, auxquels il faut aujouter 2 000 euros en tant que maire de Chantilly. Et même avant 2007, Eric Woerth, député et maire, gagnait environ 8 500 euros par mois. Il paraît d’ailleurs étrange que le Crédit agricole, auprès duquel Eric Woerth a souscrit cet emprunt, ait pu ignorer sa fonction.

Mediapart s’interroge également sur l’accord par l’établissement bancaire de l’emprunt compte tenu des déclarations du ministre. La banque n’a pas souhaité commenter l’information, pas plus qu’Eric Woerth. Quel intérêt avait le ministre à minimiser ses revenus ? Pourquoi faire une fausse déclaration ? D’autant que sur le document remis à la banque, Eric Woerth se déclare "ingénieur cadre technicien" et pas député.

Cette nouvelle affaire intervient trois jours après une autre révélation de Mediapart. Le site affirme que le ministre a remis, en 2008, la Légion d’honneur à Bernard Godet, le comptable qui a certifié ses comptes de campagne pour les municipales ainsi que ceux de son micro-parti, l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth. L’entourage d’Eric Woerth avait alors dénoncé une "énième provocation sans fondement […] utilisant toujours les ressorts de la calomnie".

Démenti de la banque et de l’entourage d’Eric Woerth :

Lundi, le cabinet d’Eric Woerth dénonce un "acharnement", expliquant que "ce prêt est adossé à la garantie de remboursement de l’Etat après validation des comptes de campagnes (...) et non aux revenus du candidat". Par ailleurs, ajoute l’entourage du ministre, "le Crédit Agricole connaît parfaitement la réalité des revenus d’Eric Woerth, celui-ci étant client de longue date de cette banque".

Enfin, il demande : "Sauf erreur, depuis quand quelqu’un qui cherche un prêt bancaire minore-t-il ses revenus ?". Des affirmations qui ne répondent cependant pas à l’interrogation sur les motifs qu’avait le ministre à minorer son statut et ses revenus dans sa demande de prêt.

Le Crédit Agricole a également réagi en démentant les informations de Mediapart. L’agence bancaire évoque un "document de travail purement provisoire et ne représentant aucun caractère contractuel". Pour la banque, qui se réserve le droit de porter plainte pour "violation du secret bancaire", "l’opération dont il est fait mention est tout à fait banale, réalisée d’ailleurs avec des candidats de toutes tendances et s’analyse en fait comme une simple avance de trésorerie en anticipation du remboursement par l’Etat des dépenses de campagne dans les conditions fixées par la loi".