J’ai ces contes dans une édition brochée bleu argent achetée il y a plus de 40 ans. Un investissement à l’époque. La Princesse au petit poids est l’un de mes préféré, le plus doux, le plus joliment illustré de coussins à pompons. Puis sont venues les illustrations plus sévères de Gustave Doré éditées pour son centenaire. Mes nuits d’insomnie sont bien occupées. La moisissure du papier ajoute à la poésie de l’artiste. Juste une phrase choppée au hasard si vous permettez "Et puis c’est une louve affamée et qui semble porter sous sa maigreur tous les désirs ensemble". Faut des oreilles pour entendre. J’ai l’angoisse du lendemain. Force et honneur !

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Ces contes pour enfants ne sont pas réservés aux marmots... Ils révèlent une complexité et une finesse qui échappent à nos jeunes années et qui méritent d’être redécouvertes l’âge venant. Ils étaient appréciés dans les salons à l’époque . C’est pourquoi d’ailleurs que la fin de ces histoires ( parfois cruelle ) est plus une morale pour adultes ...comme l’est aussi la morale des fables de La Fontaine qui sont une satyre de la société même si aujourd’hui on les fait répéter comme des tables de multiplication aux enfants....

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 Youssef Hindi est un être pudique et plein de charme. En l’écoutant, je découvre, amusé, que la petite chaperon rouge s’est fait dévorer par le loup : cette cruauté m’a aussi été cachée toute mon enfance.

 Le mensonge recèle paradoxalement des vertus pédagogiques : il est fondateur et indispensable à la construction de l’équilibre psycho-émotionnel et à la structuration de la clarté mentale des enfants. En confrontant les tout-petits aux vérités du monde et à sa hideur (drag queens, perversité, massacres), nous tuons l’illusion qui engendre la pulsion de vie : nous faisons effraction dans le havre onirique qui donne aux enfants l’envie de rêver notre monde comme objet de désir.

 Dès lors, introduire dans l’école un discours sur la sexualité et le plaisir adultes ou mettre l’enfant en présence de créatures hybrides, consiste à devancer inutilement leurs interrogations, à donner préséance à l’idéologie sur l’expérience : ce déni, par le politique, de l’immaturité du processus de cognition, de l’absence d’immunité émotionnelle et de l’illusion comme nutriment de la pulsion vitale, sont les marqueurs d’un négationnisme bien occidental de la vulnérabilité de l’enfant, voire d’une volonté de normaliser, sous couvert d’enseignement de la tolérance et de l’égalité, un rituel initiatique violateur.

 La constitutionnalisation de l’avortement (alors que les femmes y avaient déjà accès sans limitation de nombre ni de prise en charge) et l’agression des paravents protecteurs de l’innocence par la sexualisation outrancière du discours éducatif, signalent une volonté d’entrer par effraction dans la zone protégée de l’enfance : la civilisation occidentale du XXIème siècle est en train d’ériger l’effraction dans les représentations du monde de l’enfance, donc un paradigme de viol, comme norme anthropologique.

 La féérie, le merveilleux et le didactisme moral des contes des siècles passés devraient attirer notre vigilance sur l’inanité et l’immoralité de ce basculement de la transmission, qui substitue l’initiation, avec tout ce qu’elle charrie d’intrusif et de profanation des fragiles représentations du monde qui sont celles de l’enfance, à la formation des esprits. Les contes de Charles Perrault, libres de droits, nous rappellent à ce devoir.

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La littérature française, ce n’est quand même pas rien, il est vrai qu’en tant que français, il y a chez moi un "petit" biais préférentiel.
NB : la littérature russe m’impressionne beaucoup également, ainsi que la musique russe, il faut croire qu’il y a un lien fraternel entre nos deux cultures, reste à savoir depuis quand..

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Charles Perrault étaient le plus jeune de quatre frères, tous très excrêment talentueux :

 Pierre Perrault (1611-1680), l’aîné fonctionnaires des impôts, a fait des découvertes importantes en hydrologie ;
 Claude Perrault (1613-1688), médecin, naturaliste, puis architecte, traducteur de Vitruve, auteur de la superbe façade orientale du Louvre, de l’Observatoire de Paris, mort d’une infection contractée en disséquant un chameau au Jardin des Plantes ;
 Nicolas Perrault (1624-1662), docteur an Sorbonne, théologie et mathématicien, ami d’Antoine Arnauld, exclu en même temps que lui de la Sorbonne ;
 Charles Perrault (1628-1703), ministre de la culture officieux de Colbert, chef du parti des modernes dans la Querelle des anciens et des modernes, auteur des Contes de ma mère l’Oie.

Charles Perrault appartient à l’école littéraire janséniste avec Pascal, Racine, La Rochefoucault, La Bruyère, La Fontaine, Arnauld, Lancelot et Nicole (auteurs de la Logique et de la Grammaire de Port Royal), Françis Chauveau (auteur du Jardin des racines grecques, et du Jardin des racines latines), Pierre Domat (auteur des Lois dans leur ordre naturel), Le Maistre de Sacy (traducteur de la Bible de Port Royal), ils ont fait atteindre la perfection à la langue française.

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