Jacques Sapir sur la situation à Chypre et en Italie
26 mars 2013 18:34, par Erdoval
Si j’ai bien compris les banques chypriotes doivent être recapitalisées pour éponger les pertes qu’elles subissent en raison de la dépréciation de certaines de leurs créances, notamment sur l’Etat grec. Le mécanisme envisagé est que l’Etat chypriote obtienne (emprunt) de la Troïka les moyens financiers de cette recapitalisation à hauteur des deux tiers et que pour l’autre tiers ce soient les déposants qui contribuent à cette recapitalisation par ponction obligatoire sur leurs dépôts. J’observe d’abord que pour sauver des banques on demande à un Etat de s’endetter à un niveau très important, même déraisonnable par rapport au PIB du pays. Question : ne serait-il pas moins coûteux pour cet Etat de se contenter de garantir les dépôts des petits épargnants et des comptes courants des entreprises locales ? J’observe ensuite que la ponction autoritaire des dépôts est une véritable spoliation puisqu’elle est sans contrepartie. Question : ne pourrait-on pas envisager que les gros comptes qui seraient amenés à participer à la recapitalisation de leur banque ne deviennent alors, à concurrence de leurs contributions, actionnaires de la banque ? Et l’Etat chypriote (c-à-d la population) dans tout cela que devient-il par rapport à la banque qu’il renfloue, un simple créancier ou un actionnaire ? Il m’apparaît assez évident que la troïka cherche essentiellement à spolier l’Etat et le peuple chypriote ainsi que les intérêts russes au profit des grandes banques européennes, anglaises, allemandes et françaises qui laisseraient des plumes en cas de faillite des banques chypriotes. Autre question finalement : pourquoi ne demande-t-on pas à ces banques de participer au renflouement de leurs partenaires chypriotes en difficulté ?