La question qui se pose est de savoir si Baudelaire aurait été Baudelaire sans l’opium, qui fut une source d’inspiration comme il ne reconnaît lui-même au demeurant,
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes
approfondit le temps, creuse la volupté,
et de plaisirs noirs et mornes
remplit l’âme au-delà de sa capacité.
Personnellement, je crois qu’un grand poète ne peut être toxicomane, et avoir de telles béquilles à sa disposition : son spleen et son paradis artificiel en ont fait une référence de la poésie mais à quel prix ? Je crois pour ma part, que cela retire tout mérite à ce Baudelaire, car sans cette drogue, qu’en aurait-il été ? Sans aucun doute, un résultat aux antipodes, et un Baudelaire qui ne serait pas ce Baudelaire là. Evidemment, il faut également se plaire à lire une poésie morbide, macabre qui prend son sens que si on la relit à sa vie d’homme tourmenté par la drogue et ses effets, et se procurant par là-même une source d’enrichissement tronquée et donc, non naturelle : il avait certes des prédispositions, mais ses recueils ne traduisent pas ce qu’un Baudelaire aurait naturellement été capable de produire sans nul refuge et remède de ce calibre.