Isaac Asimov, Elie Wiesel et l’antisémitisme
17 mai 2013 14:28, par TremahJ’ai adoré les romans d’Asimov quand j’étais plus jeune, aujourd’hui je suis plus réservé sur leur contenu idéologique.
Asimov décrit une société impérialiste "post-mondialisation" dans laquelle toutes les nations ont été remplacées par un gouvernement planétaire ; la plupart des différences culturelles et ethniques ont été abolies ; les pouvoirs régionaux sont autant de résidus archaïques et décomposés de l’ordre ancien ; les petites planètes ou systèmes cherchant à échapper à l’autorité du gouvernement central sont systématiquement dirigées par des seigneurs de guerre abrutis et des histrions barbares contrôlant leur peuple grâce à la religion et la superstition ; l’humanité grouille sous des dômes de fers surpeuplés, consommant des produits de synthèse strictement rationnés ; la structure sociale est hautement hiérarchisée et soumise au contrôle scientifique (classement rationnel des individus en fonction de leur utilité sociale, contrôle des naissances, eugénisme...)
Même l’Empereur reste un personnage fantoche, le pouvoir politique réel étant assumé dans l’ombre par une poignée de conspirateurs (la "Fondation") qui utilisent une science statistique (la "psycho-histoire", soit la synthèse de la psychanalyse et du marxisme) pour anticiper l’avenir et diriger les masses aveugles et inconscientes.
La société "idéale" asimovienne est étroitement déterministe, scientiste, mondialiste, écologique : l’individu, source d’aléatoire et de trouble, y est réduit à sa signification objective... c.a.d pas grand-chose.
De manière assez intéressante, Asimov oppose deux types de sociétés mondiales : la première, terrienne, repose sur une structure collectiviste évoquant le communisme stalinien, tandis que la seconde, spacienne, cultive un individualisme farouche qui symbolise l’Amérique, en montrant comment ces deux types d’organisation sociale conduisent irrémédiablement à la sclérose (par surpopulation sur Terre) ou à la stagnation (les spaciens, assujettis à leurs robots, mènent des existences longues et passives).
Asimov à la fin de son œuvre résout la contradiction en confiant le sort de l’humanité à un robot prométhéen qui prend - littéralement - la place de Dieu ; celui-ci, incapable d’entrevoir une issue satisfaisante pour l’humanité, décide finalement d’abolir la distinction entre conscience individuelle et collective en fusionnant tout l’ordre du vivant à l’intérieur d’une conscience universelle et transcendante ("Gaïa").
Bref, il faut lire Asimov...