@ Un Turc
Il ne s’agit pas pour moi de supporter sans nuance l’AKP, qui est effectivement un parti libéral économiquement et assez autoritaire politiquement. Vous avez raison, il ne représente pas un islam traditionnel, puisqu’il est, de fait, proche des Frères musulmans, et se pose donc comme réformiste du point de vue de l’histoire islamique. Ce sont les tenants d’un "islam politique" pour lequel je n’ai pas beaucoup de sympathie et qui me paraît superficiel et bigot.
Cela étant dit, il faut replacer ces éléments dans le contexte turc des années de kemalisme subies par la population. Je ne vais pas développer sur le laïcisme outrancier qui a régné alors, je l’ai déjà fait.
La question israélo-palestinienne (comme souvent) constitue un bon révélateur. Pendant des années, la Turquie, sous l’influence américaine, s’est bien gardée de se fâcher avec Israël, jusqu’à devenir un allié objectif de l’Etat sioniste. Alors même que la population était dans son immense majorité très sensible à la souffrance des Palestiniens et faisait régulièrement pression dans la rue pour une politique turque plus dure vis-à-vis d’Israël. L’arrivée de l’AKP au pouvoir, si elle n’a pas révolutionné les choses, a tout de même infléchi cette politique, subtilement, habilement, tout simplement parce que l’électorat de l’AKP est sensible à la question israélo-paletinienne. Et en effet, on observe depuis quelques temps un rapport de forces qui se rééquilibre en faveur de la Turquie. Erdogan a souvent été en butte aux critiques et aux mises en garde des Américains sur ce durcissement, notamment à l’époque de l’affaire des frégates attaquées par Tsahal.
Cette nouvelle politique reflète mieux les aspirations du peuple turc, me semble-t-il. On peut donc dire que la démocratie turque fonctionne bien, malgré une liberté de la presse toute relative.