C’est tout l’intérêt des discours des grands hommes que de confirmer les justes intuitions que l’on peut parfois avoir sans être certains de leur pertinence . J’ai personnellement toujours pensé qu’il était absurde d’allouer à la politique, c’est-à-dire à l’action collective et à la morale publique, de permettre à chacun de pouvoir acheter chaque année qui passe un peu plus de tranches de jambon que l’année précédente, même si la faible baisse du pouvoir d’achat lorsqu’il est continue, finit par déclasser au bout de quelques années des millions de gens .
Il est un fait aussi que l’obsession de ses intérêts individuels immédiats ne permet pas d’œuvrer aux mesures nécessaires au bien collectif .
Des citoyens heureux comme des consommateurs heureux dans un supermarché, voilà ce que l’on promeut comme le meilleur des mondes, comme idéal que l’on promet à portée de main . Et comme les dirigeants ne tiennent pas cette promesse, ils ne sont plus crédibles .
Enfin, puisque l’avenir est d’abord individuel, l’avenir c’est d’abord sa propre disparition . On peut en déduire que l’idéal que l’on propose aux gens est nihiliste, et rien de plus .